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La campagne de Gillette pour la ““Journée de l’homme”” passe mal
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Si le bénéfice inhérent à la Journée internationale des droits des femmes pose déjà question, celui de la “Journée de l’homme” laisse carrément perplexe. Et quand Gillette en fait sa promotion, ça passe mal.
D’autant plus que ces dernières années, la marque de rasoirs s’est surtout illustrée pour ses campagnes percutantes et engagées, entre dénonciation de la masculinité toxique et célébration de l’homosexualité au masculin. Un panel remarqué auquel il faut donc désormais ajouter une campagne Gillette à l’occasion de la “Journée de l’homme”, laquelle n’est pas reconnue par l’ONU et a été créé en 1999 pour “revaloriser le rôle des hommes au sein de la société” et “mettre en lumière les domaines dans lesquels les différences hommes-femmes les désavantagent”. Vaste programme. D’autant que la journée en question est un peu la Noël des rassemblements masculinistes et anti-droits des femmes, à commencer par l’organisation Men Going Their Own Way, un espace “où l’homme moderne préserve et protège sa propre souveraineté par-dessus tout”.
Parlons de santé au masculin avec notre partenaire @MovemberFRA à l'occasion de la #JourneeInternationaleDelHomme ! Aujourd'hui admettre avoir besoin d'aide est un sujet tabou pour les hommes français. Pourquoi selon vous ? pic.twitter.com/wYuMsWIaTR
— Gillette France (@Gillette_France) November 16, 2021
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Gillette sur le fil du rasoir
Pour “célébrer” cette journée comme il se doit, Gillette a commandité une étude à l’institut de sondage Harris Interactive, laquelle a notamment révélé que “46% des hommes disent avoir été victimes de discriminations dans leur vie”, un chiffre relayé par le géant des produits d’hygiène sur les réseaux sociaux, et épinglé par l’équipe rédactionnelle du magazine “Au Féminin”. Qui a eu l’excellente idée de faire des captures d’écrans des partages de Gillette sur les réseaux sociaux, la marque en ayant retirés certains de son compte français après que les journalistes d'”Au Féminin” l’aient contactée.
Et si Coline Clavaud-Megevan concède pour le magazine qu’il est “sain de parler des injonctions toxiques qui pèsent” sur les hommes, elle rappelle toutefois qu’il aurait “été bienvenu de souligner qu’elles sont mortelles pour les femmes, à raison d’une tuée tous les trois jours par son conjoint ” en marge de la campagne.
En s’intéressant aux “sentiments” des hommes, Gillette contribue donc à occulter la réalité, elle, documentée et factuelle, que vivent les femmes. Pire : elle renforce les discours misogynes” -Coline Clavaud-Megevan, Au Féminin.
A la suite de messages montrant que notre précédent tweet a été mal interprété, nous avons préféré le supprimer. pic.twitter.com/UYEULyKpDT
— Gillette France (@Gillette_France) November 19, 2021
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Pour sa part, la marque regrette que son tweet ait été “mal interprété” et explique avoir donc choisi de le supprimer, rappelant toutefois que “générer de l’échange sur ces sujets (la discrimination, NDLR) reste essentiel pour Gillette”. Et d’en profiter pour renouveler son “soutien aux victimes de discrimination sous toutes ses formes”. De quoi apaiser le débat? Pas certain: en commentaire du justificatif, le Collectif de lutte contre les violences économiques souligne ainsi l’importance de “générer l’échange oui, mais sur des faits réels et non fondés sur des fantasmes tout droit sortis des délires masculinistes”. Et un autre commentateur de dénoncer le fait que le tweet “n’a pas “mal été interprété” il était mauvais car vehiculait une rhétorique masculiniste qui invente de supposées “discrimination à l’égard des hommes”. Marre que vous renvoyiez systématiquement la responsabilité sur les recepteur-rices du message et non l’émetteur”.
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