Au Canada, le pape s’excuse auprès des peuples autochtones après le drame des pensionnats
Ce lundi, le pape François est arrivé au Canada où il effectue un « pèlerinage pénitentiel » au nom de l’Église, auprès des peuples autochtones. En cause : le drame des pensionnats religieux où de nombreux enfants autochtones auraient subi de multiples violences.
Ce geste était attendu depuis des décennies au Canada : une visite du pape afin de s’excuser publiquement des horreurs commises par des membres de l’Église sur des enfants autochtones. Le drame des pensionnats chrétiens s’est déroulé entre la fin du XIXème siècle et les années 1990. Des petites filles et petits garçons de communautés autochtones ont été placés de force dans des pensionnats pour autochtones censés leur offrir une éducation religieuse. Le chef Sydney Halcrow avait déclaré lors d’une conférence de presse :
« Nous nous souvenons de la dévastation ressentie par notre peuple lorsque nos enfants ont été retirés de force de leur famille et de leur communauté pour être placés dans des pensionnats pour autochtones »
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Des milliers de tombes anonymes découvertes
Au total près de 150 000 enfants auraient été coupés de leur famille, leur langue et leur culture, et envoyés de force dans les 139 pensionnats du pays. « Ils avaient interdiction de parler leur langue et on leur apprenait une version de l’histoire dans laquelle les autochtones étaient des méchants, des ignorants et des “sauvages” que les missionnaires venaient “sauver”. Les survivants disent tous à quel point ce racisme et ce mépris étaient rampants », raconte l’anthropologue Marie-Pierre Bousquet à « FranceInfo ». Beaucoup ont affirmé y avoir été violentés. Natacha, membre de la nation des Anichinabés, témoigne auprès du média : « Ma mère a vu ses frères et sœurs être maltraités et a tenté à plusieurs reprises d’avertir mes grands-parents. Ça lui a valu d’être battue et de passer des journées entières enfermée seule dans une pièce, sans nourriture. » Parmi eux, 4 000 à 6 000 enfants ont disparu. Depuis 2021, les autorités ont retrouvé plus d’un millier de tombes d’enfants anonymes près de différents anciens pensionnats pour autochtones. Une découverte qui a provoqué une onde de choc dans le pays, ravivant de douloureux souvenirs pour les communautés autochtones qui ont subi une assimilation forcée pendant plusieurs années. « Il s’agit peut-être d’enfants assassinés et cachés. Nous n’avons pas les réponses », avait expliqué Lee Kitchemonia, le chef de la communauté Keeseekoose. L’institut autochtone de l’université de l’Alberta qui a pris en charge les recherches, a quant à lui affirmé :
« Cette découverte est le début du long voyage pour trouver des réponses à ce qui est arrivé aux enfants qui ne sont jamais rentrés à la maison. »
Un pas vers la réconciliation
Face à cette découverte dramatique, l’Église avait déjà prononcé ses excuses auprès des communautés concernées, tout comme le gouvernement canadien. Cette fois, le pape François a tenu à se déplacer en personne au Canada, afin de rencontrer les peuples natifs et de renouveler ses excuses. À son arrivée ce lundi, le pape a été accueilli par le Premier ministre canadien Justin Trudeau et l’Inuite Mary Simon, représentante de la Reine Elizabeth II au Canada. Des dirigeants autochtones étaient également présents. Une cérémonie a eu lieu à l’aéroport, au rythme des tambours et des chants amérindiens. Le pape François aurait alors prononcé quelques mots, également partagés sur son compte Twitter : « Je viens parmi vous pour rencontrer les peuples autochtones. J’espère que, avec la grâce de Dieu, mon pèlerinage pénitentiel pourra contribuer au chemin de réconciliation déjà entrepris. S’il vous plaît, accompagnez-moi par la prière. » De son côté, le grand chef de la Confédération des Premières Nations du Traité n.6., George Arcand Jr, a déclaré : « Ce voyage historique est une part importante du parcours de guérison, mais beaucoup reste à faire. »
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