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© URUMQI, CHINA - JUNE 25, 2020. People are walking on the street of Xinjiang International Grand Bazaar on June 25, 2020 in Urumqi, China. (Photo by David Liu/Getty Images)

Ces étiquettes dénoncent l’exploitation des Ouïghoures par l’industrie de la mode

Kathleen Wuyard

Depuis l’effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh, il était devenu difficile d’ignorer les conditions parfois inacceptables dans lesquelles l’industrie de la mode faisait produire ses vêtements à bas prix. Grâce à l’antenne parisienne de Youth For Climate, on apprend désormais que certaines marques n’hésiteraient pas à exploiter des Ouïghoures.


Particulièrement engagée sur les réseaux sociaux, la députée bruxelloise Margaux de Ré partageait ce dimanche une publication qui interpelle: la photo d’un pull avec, en gros plan, une étiquette glaçante: “ce produit a été conçu par des esclaves ouïghoures. Acheter, c’est être complice du génocide”. Sur une autre photo, l’étiquette fait référence aux soldes et annonce “-50% sur une vie”, soulignant à nouveau que le produit a été conçu par des esclaves ouïghoures. Une exploitation que la jeune politicienne d’origine liégeoise tenait elle aussi à dénoncer, rappelant que “les marques ont besoin d’acheteurs, et non l’inverse”.

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Dans le viseur de Youth For Climate Paris, des vêtements GAP, H&M, Zara ou Monki, mais aussi des téléphones Samsung, que des militants de l’association ont recouverts de leurs étiquettes militantes ce dimanche dans la capitale française. Non sans heurts: ainsi qu’ils l’expliquent sur leur compte Instagram, “cinq de nos militant.es ont été contrôlé.es et fouillé.es par la police après que le directeur du C&A rue de Rivoli nous ait menacés de porter plainte”. C’est qu’être associé au génocide des Ouïghours fait drôlement mauvais genre, et cimente encore un peu plus la mauvaise réputation de la fast fashion, dont les effets néfastes pour la planète ne cessent d’être soulignés ces dernières années.

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Punitions à la chaîne


Pour rappel, les Ouïghours sont une minorité ethnique musulmane habitant la région autonome ouïghoure du Xinjiang, et dont de nombreuses organisations internationales, Amnesty International en tête, ont dénoncé la persécution en hausse ces dernières années. En septembre 2018 déjà, Amnesty dénonçait le fait que “depuis un an, les autorités chinoises mènent une campagne de plus en plus intense d’internements en masse, de surveillance intrusive, d’endoctrinement politique et d’assimilation culturelle forcée à l’encontre des Ouïghours, des Kazakhs et des autres groupes ethniques majoritairement musulmans”.

Les détenus qui résistent ou ne montrent pas suffisamment de « progrès » subiraient des punitions : insultes verbales, privation de nourriture, détention à l’isolement, coups, recours à des entraves et maintien dans des positions douloureuses. Des cas de mort en détention dans ces centres ont été signalés, notamment des suicides de personnes ne supportant plus les mauvais traitements” – Amnesty International.


Selon la campagne de Youth For Climate, près de 80.000 jeunes ouïghoures seraient exploitées par des multinationales allant de Zara et Monki à Calvin Klein en passant par Nike, Nintendo, Abercrombie&Fitch, Apple, Tommy Hilfiger, Ralph Lauren ou encore Adidas. Toujours selon l’organisation parisienne, les esclaves ouïghoures seraient particulièrement prisées par ces multinationales en tant que main d’oeuvre bon marché et efficace.

Les agences d’intérim vantent aux employeurs leur “disponibilité immédiate”, leur “docilité” et un management “quasi-militaire” – Youth For Climate Paris.


Ou comment remettre en perspective certaines “bonnes affaires”, drôlement chères payées si on prend le coût humain en compte.

Plusieurs secteurs concernés


Et si, à l’heure d’écrire ces lignes, aucune des multinationales épinglées n’a encore réagi à la campagne de Youth For Climate, leurs accusations ne datent pas d’hier et proviennent d’un rapport diffusé en mars 2020 par l’ONG australienne ASPI, qui faisait état du travail forcé imposé aux Ouïghours et dénonçait notamment le fait qu’entre 2017 et 2019, plus de 80.000 Ouïghours aient été transférés de camps d’internement vers des usines « appartenant aux chaînes d’approvisionnement de 83 marques connues mondialement dans la technologie, le textile et l’automobile ». Une forme d’esclavage moderne à laquelle ASPI confrontait les entreprises participantes, leur rappelant au passage l’illégalité de la démarche.

Les entreprises bénéficiant du travail forcé des Ouïghours dans leur chaîne de production enfreignent les lois qui interdisent l’importation de biens produits en ayant recours au travail forcé” – ASPI.


https://www.instagram.com/p/CDY0qmfqPyO/

De son côté, le gouvernement chinois avait nié en bloc les accusations, affirmant que le rapport ne s’appuyait sur “aucune base factuelle” et avait pour simple objectif de “dénigrer les efforts de la Chine pour combattre le terrorisme et l’extrémisme au Xinjiang”. C’est en effet au nom de la lutte contre le terrorisme que la Chine traque les Ouïghours, et selon Pékin, c’est toujours au nom de cette même lutte que des “forces de travail excédentaires” auraient été transférées. Des explications qui peinent à convaincre, tandis que la polémique ravivée ce week-end par Youth For Climate Paris rappelle le coût véritable de certains vêtements moins chers qu’un sandwich.

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