Ça implique quoi que le chef des talibans exige le respect des droits des Afghanes ?
Ce vendredi, le chef suprême des talibans, le mollah Hibatullah Akhundzada, a créé la surprise en ordonnant au gouvernement de prendre des mesures pour faire respecter les droits des Afghanes.
Ordre qui, venant du chef de ceux-là mêmes qui n’ont de cesse de réduire les droits en question depuis leur prise de Kaboul a l’été dernier, a de quoi laisser perplexe. Pour rappel, lors de leur retour au pouvoir en marge du départ des troupes internationales le 15 août 2021, les talibans avaient voulu rassurer la population afghane, qui avait tenté de fuir en masse suite à leur reconquête éclair du pays. Leur promesse: les Afghanes verraient leurs droits « respectés » et qu’elles auraient « un rôle à jouer » dans « le respect de la loi islamique » au sein du nouveau régime.
Promesse qu’il ne leur avait fallu que quelques semaines au pouvoir seulement pour bafouer, ainsi que nous en faisions le décompte lugubre à l’automne.
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Le chef des talibans opposé aux mariages arrangés
La deuxième fois serait-elle la bonne? Dans son décret de ce vendredi 3 décembre, le mollah Hibatullah Akhundzada a exigé du gouvernement afghan qu’il “prenne des mesures sérieuses pour faire respecter les droits des femmes”. Bon, mais quels droits alors?
Celui au travail, dans le viseur de la communauté internationale, qui conditionne le rétablissement l’aide financière au pays au retour des femmes dans la vie active, n’est pas mentionné dans le décret. Depuis le retour au pouvoir des talibans, seules les femmes qui exerçaient des postes de fonctionnaires dans les domaines de l’éducation et de la santé, ont pu reprendre le chemin du travail. Les autres, qu’elles soient journalistes, esthéticiennes ou sportives professionnelles, ont dû fuir le pays ou se résigner à ne plus pouvoir exercer le métier qu’elles avaient choisi.
Bon, le droit à l’éducation alors? Après avoir ordonné la ségrégation des salles de classe à l’université, les talibans ont en effet également sonné le glas des cours pour les jeunes afghanes dans la majorité des collèges et lycées du pays. Une mesure qu’ils assurent être “temporaire”, sans pour autant annoncer quand celle-ci sera levée. Et ici aussi, pas de mention du droit à l’éducation dans le décret de leur chef suprême.
Quel droit reste-t-il alors? Alors que depuis des mois, les mariages forcés connaissent une hausse plus que préoccupante dans le pays, notamment dans le cas de très (très) jeunes filles mariées la mort dans l’âme par leurs parents pour tenter de sauver le reste de la famille de la famine, c’est sur ces derniers que le mollah Hibatullah Akhundzada a choisi de se concentrer.
“Personne ne peut obliger une femme à se marier” a-t-il ainsi rappelé, enjoignant le ministère de la Culture et de l’Information a diffuser des articles relatifs aux droits des femmes pour “empêcher la régression en cours”. Autre idée: rétablir les journalistes afghanes à leurs postes et leur permettre de couvrir les abus dont sont victimes les compatriotes afin de faire d’elles des actrices de la réforme nécessaire du traitement des femmes dans le pays. On pose ça là.
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