Le combat des Japonaises pour avoir enfin droit à la pilule du lendemain
Si officiellement, la pilule du lendemain est disponible au Japon depuis 2011, dans les faits, elle n’est accessible aux femmes qu’après délivrance d’une ordonnance, ce qui retarde parfois dangereusement l’obtention du médicament. Sans compter qu’il est aussi extrêmement cher, autant de raisons qui ont poussé les Japonaises à se mobiliser pour faciliter l’accès à ce contraceptif d’urgence.
Pour rappel, ainsi que l’explique la Fédération des Centres de Planning familiaux des FPS, la pilule du lendemain est un comprimé d’urgence, à prendre en une seule prise dans les 72h maximum après un rapport à risque. Elle peut “empêcher une grossesse non-désirée en bloquant ou retardant l’ovulation”, et est efficace à 95% si elle est prise dans les 24h du rapport en question. Concrètement, “connaître la pilule du lendemain, c’est savoir qu’un joker existe en cas d’accident de contraception et vivre une sexualité responsable et autonome”. plus facile à dire en Belgique qu’à faire au Japon, toutefois: faute de centres de planning familiaux dans l’Empire du Soleil levant, la pilule du lendemain est délivrée directement dans le cabinet du gynécologue ou au service d’urgences de l’hôpital, et coûte jusqu’à 160€, soit huit fois son prix belge, aucun cent n’étant remboursé par la sécurité sociale. De quoi dissuader plus d’une Japonaise d’y avoir recours...
La pilule du lendemain, oui, mais sous conditions
Mais ça, c’était avant le confinement et l’augmentation (voulue ou non) des rapports sexuels. Ainsi que l’a confié à France TV Asuka Someya, responsable d’une association d’éducation sexuelle japonaise, “on a observé une augmentation des appels de jeunes filles craignant d’être enceintes, parce qu’elle n’ont pas su repousser les avances d’un petit ami, qu’il n’a pas respecté leur demande de se protéger ou parce qu’elles ont été victimes d’un viol de la part d’un proche”. D’où la nécessité, en 2020 plus que jamais, de faciliter l’accès à la pilule du lendemain pour les Japonaises. Sauf que sur place, le patriarcat a la dent dure, et les gynécologues font bloc, affirmant que cette contraception d’urgence ne peut pas être distribuée sans avis médical. Le compromis trouvé par le gouvernement, qui étudie une solution alternative? Autoriser la vente en pharmacie, à condition que la pilule soit avalée sur place, devant témoins, pour éviter le trafic. Une approche paternaliste et culpabilisante qui ne convainc pas le Dr Sakiko Emmi, gynécologue interviewée par Libération. “Un échec de contraception, ça arrive, rappelle cette dernière. Et ce ne serait pas si traumatisant si la pilule du lendemain était en vente libre dans les pharmacies”.
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Photos d’illustration Getty – Cérémonies du Coming of Age Day à Tokyo en 2019
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