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Comment les mécanismes de défense en cas d’agression sexuelle handicapent les victimes

Kathleen Wuyard

Chaque année, selon les chiffres recueillis par Amnesty, plus de 45 000 dossiers pour violences physiques et/ou  agressions sexuelles sont recueillis par les différents parquets de Belgique. Des statistiques glaçantes, surtout quand on sait que toutes les agressions ne sont pas dénoncées. Et que souvent, les mécanismes de défense psychologiques font que les victimes souffrent doublement. 

En effet, dans une certaine partie de l’imaginaire collectif, la victime d’une agression est toujours un peu coupable. Qu’elle se fasse tabasser par son compagnon et on s’empressera de dire que personne ne l’oblige à rester avec lui. Un viol? Les mêmes demanderont ce que la victime portait, quelle heure il était, où elle se trouvait. Comme si être en jupe passé minuit dans le Carré, c’était “bien le chercher”. Et gare à celles qui portent plainte et qui ne semblent pas suffisamment effondrées. Problème: quand une femme dénonce une agression sexuelle, sa crédibilité est mise en cause par les mécanismes psychologiques de défense qui lui ont permis de survivre à l’attaque.

Paralysées par la peur


En cas de dénonciation d’une agression sexuelle, policiers et juges cherchent en effet à affirmer qu’il y a bien eu agression, autrement dit, que la victime n’était pas consentante. Sauf que si une femme n’aura jamais aucun problème à manifester son intérêt, quand il s’agit de repousser des avances parfois violentes, la peur peut faire en sorte que la victime se ferme complètement, incapable de bouger ou de crier. Autrement dit, aux yeux du système: incapable d’affirmer clairement qu’elle n’est pas consentante.

Mécanismes de défense


Parmi les réponses programmées par notre corps pour réagir aux événements traumatiques, on retrouve en effet le “gel”. Ainsi que l’explique le psychologue James W. Hopper, spécialisé dans la neurobiologie du trauma, “l’amygdale est la zone du cerveau responsable d’évaluer le danger. Si elle estime que la résistance est futile, la peur peut causer une immobilité tonique, où la personne est incapable de crier, parler, ou bouger, même si elle essaie”. Autre possibilité: “quand l’agresseur domine, le corps se relâche et la pression sanguine et la fréquence cardiaque descendent. Dans cet état, la victime peut se sentir endormie et s’évanouir”. Autant de réponses qui sont “ancrées dans notre système pour nous protéger des attaques de prédateurs”. Et pourtant, en cas d’agression, la société s’acharne à affirmer que “non c’est non” et qu’il s’agit de montrer clairement l’absence de consentement.

Faire évoluer les mentalités


La solution trouvée par les activistes? S’il semble compliqué voire impossible de reprogrammer les mécanismes de défense psychologiques, il est possible de changer les mentalités de la société. Par exemple, en passant de la rhétorique du “non c’est non” à celle du “oui, c’est oui”. Soit: si la femme n’a pas clairement manifesté son désir et son consentement, c’est qu’elle n’était pas consentante. Et en attendant que les mentalités évoluent enfin, on rappelle à qui veut l’entendre, particulièrement aux crétins qui disent que “bon, quand même, quand on se balade habillée comme ça à cette heure là...” qu’il ne faut jamais blâmer les victimes.

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