L’écoféminisme : quand les combats écologiques et féministes se rejoignent
On entend de plus en plus parler d’« écoféminisme » dans les médias ou encore dans le débat public. L’idéologie, qui mêle plusieurs courants de pensée, est pourtant encore méconnue de beaucoup alors qu’elle pourrait représenter une véritable solution aux problèmes de violences sexistes mais aussi de destruction de l’environnement.
L’écoféminisme est un courant philosophique basé sur le principe que le patriarcat a constamment cherché à dominer les femmes de la même manière qu’il s’est approprié et a surexploité l’environnement et ses ressources. Le concept allie alors les deux combats : la lutte pour un monde plus durable et respectueux de la nature et les revendications propres au mouvement féministe. Bien qu’on aurait tendance à penser que ces deux notions ne sont absolument pas liées, elles partagent beaucoup plus de points communs qu’elles ne le laissent croire.
« Ni les femmes, ni la Terre ne sont des territoires de conquêtes »
slogan du groupe féministe bolivien mujeres creando
Quelques chiffres
Selon l’Organisation des Nations unies, 1,3 milliard de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et 70% d’entre eux sont des femmes. Elles sont également beaucoup plus touchées par les catastrophes naturelles. Pour exemple, 80% des victimes du tsunami de 2004 en Indonésie, étaient des femmes. Différentes raisons peuvent expliquer ces chiffres : elles gagnent moins d’argent que les hommes, elles dépendent davantage des ressources naturelles locales pour subvenir à leurs besoins, elles prennent peu part aux décisions (famille, gouvernement…), elles sont plus limitées en termes de mobilité... De nombreuses autres statistiques vont dans ce même sens : les femmes sont dès lors les premières victimes des changements climatiques causés par l’être humain.
Origines…
La femme a souvent été associée dans l’inconscient collectif à la nature. On connaît d’ailleurs tous le terme féminin « mère-nature ». L’homme à l’inverse, est généralement lié à la force et l’action, il est un conquérant qui domine, notamment la femme et la nature qui sont à dominer. De ce constat émerge en 1974 la contraction des mots « écologie » et « féminisme » inventée par Françoise d’Eaubonne, une philosophe et militante féministe convaincue que ces deux notions se complètent . Le courant écoféministe se répand depuis dans le monde entier et inspire des milliers de femmes venues d’horizons différents.
L’écoféminisme à travers le monde et l’histoire
En 1986, 36 femmes se sont révoltées contre le projet de l’OTAN consistant à installer des missiles nucléaires sur la base Royal Air Force de Greenham en Angleterre. Ces véritables héroïnes ont créé un campement de manière pacifique aux abords de la base et se sont vues rejoint par des milliers d’autres femmes. Elles y resteront pendant dix-neuf ans !
Les femmes des peuples indigènes des Waorani et A’i Cofán se sont opposées avec courage à l’extraction d’or, à la déforestation de l’Amazonie et au forage pétrolier dans leurs régions d’Equateur. Pour ce faire, elles ont participé à la Marche des femmes autochtones au Brésil en 2019, qui visait à dénoncer les actions du président Jaïr Bolsonaro. Grâce à leurs protestations, ces Équatoriennes ont obtenu la protection de 2000km² de forêts.
Au Kenya, en Indonésie, au Maroc, en Inde, en France et même partout dans le monde, des femmes ont manifesté et mené des actions écoféministes courageuses et émancipatrices. Cette idéologie amène à repenser sa place dans la société et à lier les combats qui animent chacun·e d’entre nous pour tendre vers un monde respectueux autant des hommes, que des femmes et surtout de la Terre, qu’il n’est plus question de dominer mais plutôt d’aimer.
Comment l’écoféminisme peut faire évoluer la société
Dans un monde où chacun·e est poussé·e à la surconsommation, l’idéologie écoféministe aspire justement à mettre fin au patriarcat mais aussi au capitalisme en repensant de différentes manières le système actuel fait d’inégalités et d’irrespect pour l’environnement. Elle vise aussi à modifier l’éducation qu’on donne aux enfants. Par exemple, éduquer les garçons à eux aussi prendre soin des autres car jusqu’ici, ce sont le filles à qui l’on inculque le plus fréquemment de s’occuper de son prochain et d’être empathique. L’écoféminisme pousse donc à remettre en question nos paroles, notre mode de pensée, nos actions, le système mis en place et l’histoire qui en découle.
Pour en savoir plus sur le sujet, voici une sélection de livres :
- “Le féminisme ou la mort” de Françoise d’Eaubonne. Disponible ici.
- “Vandana Shiva. Pour une désobéissance créatrice” de Lionel Astruc. Disponible ici.
- “L’Écoféminisme en questions” de Pascale d’Erm. Disponible ici.
Lire aussi:
- Pour 62% des Belges, leur comportement individuel peut changer la donne face à l’urgence climatique.
- Les hommes seraient plus responsables du dérèglement climatique que les femmes.
- Deux dauphins roses d’Amazonie secourus et sauvés en Colombie.
- 6 marques qui proposent des alternatives originales au cuir.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici