Elnaz Rekabi, la championne iranienne d’escalade qui a concouru sans voile, a-t-elle été menacée ?
La grimpeuse Iranienne Elnaz Rekabi a concouru au Championnat d’Asie d’escalade à Séoul sans voile, un acte considéré comme un geste de soutien envers les manifestants qui souhaitent la fin de la police des moeurs dans le pays. La sportive vient de rentrer dans son pays natal et a finalement déclaré que son geste était involontaire…
L’image a fait le tour du monde, celle de la championne Elnaz Rekabi grimpant sur sa paroi d’escalade les cheveux en queue de cheval avec seulement un fin bandeau noir autour de la tête. Tout de suite, l’absence de hijab sur la tête de l’athlète iranienne est vu comme un symbole de révolte contre le régime islamique, qui serait une manifestation de soutien envers toutes les femmes qui coupent leurs cheveux et brûlent leur voile pour protester contre la police des moeurs après la mort de Mahsa Amini. Après la compétition qui se déroulait à Séoul, l’athlète reste silencieuse et introuvable, l’inquiétude se propage. Certains pensent qu’elle a disparu, mais ce mardi 18 octobre elle est finalement rentrée en Iran. Selon le service persan de la BBC, une source informée leur aurait affirmé que le téléphone portable et le passeport d’Elnaz Rekabi aurait été saisi par les autorités iraniennes à son arrivée, cette même source déclare que son retour en Iran aurait été avancé, étant initialement prévu ce 19 octobre. Le journaliste canadien d’origine iranienne Maziar Bahari qui tient le média en ligne « IranWire » écrit même que l’athlète aurait été transféré à la prison d’Evin à son arrivée à Téhéran.
Lire aussi : Plus de 50 femmes artistes se coupent les cheveux en soutien aux Iraniennes
L’hypothèse d’un transfert en prison dès son arrivée est crédible. Elle pourrait y avoir été conduite au moins pour être interrogée. En général, les autorités confisquent les passeports au retour des célébrités, les arrêtent puis les emmènent pour un interrogatoire. À l’issue de ça, soit on les garde en prison, soit on les libère.
Explique la socilogue Azadeh Kian à « France 24 ». Accueillie en héroïne par le peuple iranien, la sportive a pourtant posté un message sur son compte Instagram expliquant que le fait de se présenter sans hijab lors de la compétition n’était pas volontaire. « “Je suis membre de la Fédération iranienne d’escalade depuis vingt ans. Je m’excuse pour l’inquiétude que j’ai causée par rapport à la situation (en Iran). Durant la finale du championnat asiatique, il y a eu une erreur de programmation : ils m’ont appelée au dernier moment pour escalader le mur. Il y avait une erreur dans ma façon de m’habiller. Je rentre en Iran comme prévu », a-t-elle écrit dans une story postée sur Instagram. Mais a-t-elle écrit ce message délibérément ou a-t-elle été contrainte de le faire ?
Selon la sociologue Azadeh Kian, l’athlète aurait été poussée à écrire ces mots :
Je pense qu’il faut se méfier de ce message. Les confessions forcées sont monnaie courante en Iran.
Un avis partagé par Masih Alinejad, militante qui dénonce le port du voile obligatoire et qui vit en exil depuis 2009. Elle affirme sur Twitter que ce post est « une confession forcée ».
De son côté, la Fédération internationale d’escalade s’est exprimée dans un communiqué, réaffirmant que la priorité était la sécurité de l’athlète : « D’après ce que nous avons compris, elle est retournée en Iran, et nous continuerons à suivre l’évolution de la situation à son arrivée. Il est important de souligner que la sécurité des athlètes est primordiale pour nous et nous soutenons tous les efforts visant à garder un membre précieux de notre communauté en sécurité dans cette situation. »
Lire aussi :
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici
