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© Getty Images/iStockphoto

L’exposition des enfants aux écrans n’est pas si néfaste, selon une étude

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

Une exposition excessive aux écrans, dès le plus jeune âge, est-il délétère pour le développement cognitif des enfants? Outre le temps d’exposition, d’autres facteurs entrent en jeu, selon une récente étude de l’Inserm.

“Regarder trop souvent les écrans abrutit les enfants”, cette phrase, et ses variantes, nous l’avons déjà lue et entendue des dizaines de fois. Mais dans quelle mesure l’exposition précoce aux écrans influence-t-elle le développement cognitif des enfants? La question divise, même au sein du milieu scientifique. Une équipe de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale, en France) s’est penchée sur le sujet de l’exposition des plus jeunes aux écrans. Ces travaux ont été publiés dans The Journal of Child Psychology and Psychiatry.

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Jonathan Bernard, du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques, et son équipe ont travaillé sur les données de près de 14.000 enfants de leurs 2 ans à leurs 5,5 ans (entre 2013 et 2017), en prenant non seulement en compte l’exposition aux écrans, mais aussi des facteurs tels que le contexte social, périnatal, familial et les habitudes de vie de ces enfants. Il a été demandé aux parents de rapporter le temps d’écran quotidien de leur progéniture à deux ans, trois ans et demi et cinq ans et demi. Une attention particulière a été portée au fait d’allumer la télévision durant les repas en famille.

Moins bon développement, mais...

Les chercheurs ont ensuite évalué plusieurs domaines cognitifs, comme le développement du langage à 2 ans, le raisonnement non verbal à 3,5 ans et le développement cognitif global à 3,5 et 5,5 ans. L’équipe de l’Inserm a ainsi observé qu’aux âges de 3,5 et 5,5 ans, le temps d’exposition aux écrans était associé à de moins bons scores de développement cognitif global, en particulier dans les domaines de la motricité fine, du langage et de l’autonomie. Cependant, lorsque les facteurs relatifs au mode de vie et susceptibles d’influencer le développement cognitif étaient pris en compte, les chercheurs ont noté une influence négative moindre des écrans.

Les écrans à table

Les résultats de l’étude montrent aussi que, indépendamment du temps d’exposition, avoir la télévision allumée pendant les repas en famille à l’âge de 2 ans (ce qui concernait 41% des enfants) était associé à de moins bons scores de développement du langage. Ces enfants présentaient également un moins bon développement cognitif global à 3,5 ans.

Cela pourrait s’expliquer par le fait que la télévision, en captant l’attention des membres de la famille, interfère avec la qualité et la quantité des interactions entre les parents et l’enfant. Or, celle-ci est cruciale à cet âge pour l’acquisition du langage.

, explique Shuai Yang, doctorant et premier auteur de l’étude. “De plus, la télévision ajoute un fond sonore qui, lorsqu’il se superpose aux discussions familiales, va rendre difficile le déchiffrage des sons pour l’enfant et limiter la compréhension et l’expression verbale.”

Contexte d’exposition

Ces résultats suggèrent ainsi que le temps d’écran n’est pas le seul facteur à prendre en compte. Le contexte dans lequel a lieu l’utilisation de l’écran pourrait également représenter un facteur important. En outre, tous les domaines de cognition ne seraient pas touchés de façon similaire.

“Les premières années de vie sont décisives pour le développement cognitif, mais aussi dans la mise en place des habitudes de vie”, commente Jonathan Bernard.

Lorsqu’un enfant utilise un écran excessivement, il le fait au détriment d’autres activités ou d’interactions sociales essentielles pour son développement.

Le chercheur de l’Inserm précise toutefois que des études de long terme sont nécessaires pour évaluer l’impact cumulatif de ces effets de la petite enfance à l’adolescence.

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