Le dernier numéro de “Complément d’enquête” s’est intéressé à Cyril Hanouna. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’image de l’animateur star de C8 a été entachée. Débats orchestrés, fake news, insultes, menaces, arrangements financiers, résumés de cette enquête.
Jeudi soir, France 2 diffusait son émission “Complément d’enquête” entièrement dédiée à Cyril Hanouna. Si on l’entrevoit à un moment, lors d’une interview au forcing, l’animateur phare de C8 et de “Touche pas à mon poste” n’a pas souhaité participer à cette enquête. Du moins, il serait revenu sur sa décision, puisque, selon les journalistes de France 2, Hanouna avait, dans un premier temps, donné son aval pour que leurs équipes filment les coulisses de l’émission.
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Et on comprend pourquoi celui qui s’autoproclame “l’animateur le plus puissant du PAF (paysage audiovisuel français, ndlr)” a refusé les demandes d’interviews de “Complément d’enquête”. Dans l’émission, Cyril Hanouna est dépeint comme un tyran par quinze des 32 employés·es ou ex-employés·es qui ont été contactés·es. “Il y avait une ambiance de terreur, il ne fallait pas contrarier le prince”, “J’avais peur”, “Personne ne peut imaginer ce que l’on vit. (...) Il nous dit qu’on est des merdes, il nous menace”, voilà quelques-uns des témoignages diffusés anonymement lors de l’émission.
Parmi les chroniqueurs, seules deux personnes parlent à visage découvert, il s’agit de Valérie Benaïm et de Thierry Moreau. La première travaille encore aux côtés de Cyril Hanouna, quant au second, il a quitté TPMP en 2017. On aperçoit également Arnaud Lagardère, ancien patron de C8 remplacé par Vincent Bolloré, et l’ami d’enfance de Cyril Hanouna, Medhi Harbaoui, qui ne tarissent pas d’éloge à propos de l’animateur. À vrai dire, face à la caméra, personne n’égratigne vraiment l’image du “patron”, si ce n’est un ancien policier invité sur le plateau au moment des émeutes contre les retraites. Nous reviendrons là-dessus.
Tout est écrit, depuis les places jusqu’aux avis des chroniqueurs
L’autre gros témoignage de l’émission, est celui d’un anonyme, dont les paroles ont été rejouées par un comédien, et que France 2 présente comme un ancien chroniqueur de l’émission de C8. D’après lui, chaque chroniqueur a une place bien définie sur le plateau, et un rôle aussi. Matthieu Delormeau est “l’homosexuel humilié”, tandis que Valérie Benaïm serait surnommée “la rieuse” et servirait à valoriser Cyril Hanouna en riant à ses blagues. Et puis, il y a le rôle de la “potiche”, installée à la droite de l’animateur vedette, mais en bout de banc. Jessie Claire a campé ce rôle durant trois mois, mais elle en garde un mauvais souvenir: “J’ai été humiliée, j’étais un nouveau bout de viande, mais je n’avais pas signé pour ça.”
Outre les places attribuées à chacun, tout ce qu’il se passe sur le plateau de TPMP serait absolument millimétré. D’après l’ex-chroniqueur, ses confrères et consœurs ne diraient pas réellement ce qu’ils pensent, Cyril Hanouna leur soufflant parfois ce qu’iels doivent dire, notamment lors des débats. Il donne l’exemple du sujet sur la peine de mort pour lequel l’animateur aurait demandé à deux de ses chroniqueurs de se positionner en faveur. Et “Complément d’enquête” d’appuyer les dires du témoin anonyme avec des messages provenant de H2O, la société de production dont Cyril Hanouna est le fondateur avec Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré, envoyés aux chroniqueurs, et correspondant aux paroles échangées en plateau. En résumé, les interventions dans “Touche pas à mon poste” seraient toutes, ou presque, dictées. Des accusations que l’avocat de l’animateur de C8 conteste fermement.
Fake news, insultes, … et 7,5 millions d’euros de sanctions
Mais plus grave encore, l’émission reine de Canal, laquelle représente la moitié des revenus publicitaires de C8, est pointée du doigt pour avoir diffusé des fake news. Ce fut notamment le cas durant les manifestations contre la réforme des retraites. Les actions de la BRAV-M, la brigade de répression de l’action violente motorisée, étaient vivement critiquées, en raison, notamment, de la violence employée. Du pain béni pour Cyril Hanouna qui, en avril dernier, a annoncé, en début d’émission, qu’il recevrait des policiers de la BRAV-M, venus témoigner à visage masqué. Or, aucun des intervenants ne faisait partie de la brigade de répression, comme la police française l’a souligné après la diffusion de l’émission. Ce que confirmera d’ailleurs l’enquête de la police des polices.
L’un des ex-policiers invités dans TPMP a répondu à la demande d’interview de “Complément d’enquête”. Message à l’appui, il explique que tous avaient prévenu qu’ils ne faisaient pas partie de la BRAV-M. Ce que la production de “Touche pas à mon poste” n’aurait pas pris en compte. Celle-ci estime avoir été trompée, indiquant que l’ex-policier en question aurait eu des discours contradictoires. Toujours est-il, ces quatre policiers masqués ont bien été annoncés comme faisant partie de la brigade de répression de l’action violente motorisée, alors que ce n’était pas le cas.
“Acharnement”
Ces informations mensongères avaient valu à C8 une mise en garde de l’Arcom. Ainsi que le rappellent les journalistes de France 2, “Touche pas à mon poste” a eu droit, en treize ans, à 29 rappels à l’ordre de la part de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, notamment pour des propos injurieux, et a écopé de sanctions pour 7,5 millions d’euros. Cyril Hanouna, lui, parle d’acharnement.
Notons, par ailleurs, que H2O avait garanti aux quatre intervenants, dont certains étaient encore policiers, la protection des sources. Or, selon les e-mails consultés par les journalistes de France 2, Lionel Stan, bras droit de Cyril Hanouna, a communiqué les identités des faux membres de ma BRAV-M. Joint par téléphone, il a indiqué ne pas représenter un “organe de presse” et ne pas pouvoir, dès lors, assurer la protection des sources. Le policier qui témoigne à visage découvert se sent floué.
Insultes, menaces, harcèlement téléphonique
Un autre point qui entache l’image déjà pas très glorieuse de Cyril Hanouna: ses propos tenus dans la sphère privée. L’animateur de C8 aurait envoyé des messages injurieux à Arthur, passé d’ami à ennemi, et à ses équipes. “Je te mets un morceau de mortadelle au fond de ton cul de charcutier”,”je leur mets un tigre du Bengale dans le cul, ou encore “je lui mets ma teub sur la tête”, peut-on lire.
Julien Cazarre, un humoriste ayant travaillé pour Canal+, explique avoir été approché par Cyril Hanouna pour intégrer l’équipe de TPMP. Face à son refus, ce dernier l’aurait insulté et menacé. Après un second appel du même acabit, l’humoriste a porté plainte en 2016. Et ce n’est pas le seul.
Michael Zazoun travaillait pour une émission de Virgin Radio produite par H2O. À son propos, Cyril Hanouna aurait tenu des propos homophobes (“Michael Zazoun, c’est un pédé, et les pédés, ça finit toujours par t’enculer.”), ce qui a décidé l’ancien homme de radio à quitter l’émission pour revenir à son premier métier de pharmacien. Plus tard, il postera un texte sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce qu’il s’était passé. Mal lui en a pris. Durant plusieurs jours, il a reçu des appels anonymes et des menaces téléphoniques. Il a donc, lui aussi, déposé une plainte. L’enquête finira par révéler que l’auteure de ces coups de fils malveillants n’était autre qu’Esther Hanouna, la mère de Cyril Hanouna. Elle a été condamnée à une amende de 440 euros. Et Michael Zazoun en a encore pris pour son grade.
Yacht et magouilles financières
Enfin, dernier point abordé lors de ce “Complément d’enquête” inédit, le premier yacht de l’animateur, acheté 1,5 million d’euros, qu’il louait entre 50 et 60.000 euros la semaine. Outre une immatriculation au Royaume-Uni qui lui a permis de réaliser des économies, le fait qu’il s’est loué son bateau à lui-même pour faire des économies sur la TVA sur l’essence, Cyril Hanouna employait les membres de son équipage via une société basée à Guernesey. Sur les fiches de salaires, pas de brut, que du net, les employés n’ont ni cotisé au chômage ni à la retraite en France. Des économies estimées à 30% pour Hanouna, et rien d’illégal là-dedans, mais une situation préjudiciable pour l’équipage.
Pour conclure l’enquête, France 2 a interrogé Booba. Le rappeur français installé à Miami, qui était pourtant proche de Cyril Hanouna à une époque, n’est pas tendre avec “Baba”, qu’il qualifie de “lâche mégalomane à qui on a donné trop de pouvoir, qui est devenu agressif et arrogant, qui pète plus haut que son cul”. Il ajoute qu’il est devenu un homme politique et un gourou.
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