IRAN: une étudiante arrêtée après avoir protesté en se déshabillant, devient un symbole de la lutte pour la liberté
Ce samedi 2 novembre, le courage d’une étudiante est devenu le cri des femmes de tout un pays pour la liberté. En Iran, une étudiante de 30 ans a été arrêtée après s’être dévêtue publiquement en signe de protestation contre l’oppression du régime.
En Iran, chaque jour, les femmes voient leur tenue et la façon dont elles portent leur foulard être scrutées. Laisser apparaître quelques centimètres de cheveux de son hijab peut valoir une arrestation dans ce régime où le code vestimentaire est extrêmement strict. Des règles intransigeantes qui avaient valu à Mahsa Amini d’être arrêtée en septembre 2022, avant de décéder à l’hôpital. Ce samedi 2 novembre, une étudiante de l’université Azad à Téhéran a été la cible de la milice Basidi, dépendante des Gardiens de la révolution islamique chargés de faire respecter les lois en vigueur.
Selon Libération, cette femme nommée Ahoo Daryaei, était « harcelée par ces agents » en raison du port de son foulard. Pendant la confrontation, l’étudiante en littérature française a vu ses vêtements être déchirés. Suite à cette altercation, la jeune femme de 30 ans a décidé de se déshabiller et de rester en sous-vêtements, les cheveux découverts devant l’université en signe de protestation contre le régime.
Un acte de courage qui reflète le désir de liberté de tout un peuple
Dans une vidéo tournée depuis un immeuble proche et diffusée par Amnesty Iran et le groupe de défense des droits humains Hengaw, on voit la jeune femme assise sur un muret puis faire des allers-retours en marchant devant l’établissement.
Dans une autre vidéo, les forces de sécurité en civil l’emmènent violemment dans une voiture. Selon le média Fars News, affilié aux Gardiens de la révolution, Ahoo Daryaei a été transférée dans une unité de santé comportementale, soit l’équivalent d’un hôpital psychiatrique. Une façon pour le régime de discréditer son action. Le même média d’Etat a publié une photo floue de l’étudiante en assurant que celle-ci portait des vêtements « inappropriés » en classe et que les agents lui auraient parlé calmement. De son côté, le site Amir Kabir opposé à la République Islamique affirme que la jeune femme a été battue pendant son arrestation. Face à la nouvelle, Amnesty Iran a déclaré : “Les autorités iraniennes doivent relâcher immédiatement et sans condition la jeune femme.” Avant de conclure :
Les allégations de coups et de violence sexuelle à son encontre pendant son arrestation doivent faire l’objet d’une enquête indépendante et impartiale.
L’action pleine de courage d’Ahoo Darayei fait évidemment écho au mouvement Femmes Vie Liberté, né après la mort de Mahsa Amini dans le pays. Une révolte inédite qui avait été violemment réprimée par les autorités avec plus de 500 morts et des milliers d’arrestations selon les ONG présentes sur le terrain. Comme l’étudiante, de nombreuses personnes osent se dresser face au régime pour la liberté des femmes dans le pays à l’instar de Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix toujours retenue en prison en Iran. Ou encore le réalisateur Mohammad Razoulof qui a récemment sorti un film sur la révolte iranienne, « Les graines du figuier sauvage », malgré les risques de représailles du régime. Sur X, les images de Ahoo Daryaei ont fait le tour du monde et forcent l’admiration. Le politologue Farid Vahid a lui aussi salué son action en écrivant : « Des images qui laissent sans voix ! » ou encore « Quel courage ! »
Sa décision de se dévêtir en signe de protestation pacifique dans un pays qui défend aux femmes de montrer un seul de leurs cheveux, est devenu un symbole de la résistance.
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