#JeSuisCute, le hashtag positif qui dérive en campagne de slut shaming
En période estivale, les complexes se font aussi omniprésents que le soleil, entre cette peau qu’on trouve trop pâle et ce bikini body qui ne nous plait jamais. Pour endiguer la tendance, le hashtag d’acceptation de soi #JeSuisCute a été lancé. Mais le mouvement a rapidement dégénéré.
C’est qu’à l’origine du mouvement, on trouve non pas une activiste établie mais bien Manny Koshka, une mannequin qui a bâti sa carrière sur des photos dénudées voire même parfois carrément érotiques. Et qui considère qu’il n’y a pas meilleur moyen de se sentir bien dans sa peau que de la montrer fièrement justement. En effet, selon Manny,
La photo de nu est un moyen comme un autre de prendre confiance en soi.
Et pour faire passer le message, la brune piquante n’a pas hésité à appeler la Twittosphère à poster elle aussi des photos dénudées rassemblées sous le hashtag #JeSuisCute.
Si toi aussi tu t’en bats littéralement la race de la Police des Moeurs Twitter qui pense que les nanas qui choisissent de montrer leur corps sont des putes, tu peux balancer tes selfies préférés en lingerie sous le #JeSuisCute ? Votre corps ? Vos choix ! pic.twitter.com/92dTCnNIn1
— ? Mарина [Gally] Kошка (@MannyKoshka) July 28, 2018
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Osé. D’autant que comme de bien entendu, la “police des moeurs” s’est évidemment empressée de réagir. “Rhabille toi vieille crasseuse”, “t’es une pute quand même”: très vite, les insultes se multiplient en commentaire du post de Manny, avec, en prime, certaines femmes qui critiquent l’initiative au motif que se déshabiller enverrait un message tout sauf positif.
Askip les meufs pour être cute il faut retirer ses fringues, vous ne jouez pas les féministes là, vous accentuez juste encore plus l’idée qu’une femme est un objet sexuel.
Manny Koshka voulait briser le carcan des complexes? Elle aura plutôt contribué à libérer la parole, et à déchaîner une vague de slut shaming à mille lieues du message originel qu’elle voulait transmettre. Parce qu’en 2018, dans nos sociétés prétendument évoluées, la femme est systématiquement réduite à trois rôles: la mère, la vierge, et la putain. Et malgré la déferlante lancée par le mouvement #MeToo cet hiver, il semble encore inconcevable qu’une femme puisse vouloir montrer son corps non pas pour séduire ou parce qu’elle est “une pute” mais simplement pour se l’approprier et prendre le contrôle de leur image. Et ça, pour le coup, c’est tout sauf #cute.
Lire aussi:
Ariana Grande se fait traiter de pute et se défend
Pourquoi la Journée des Droits des Femmes ne sert à rien
Emily Ratajkowski défend Melania Trump sur Twitter... On lui dit merci!
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici