La carte de banque sexiste d’Apple n’offre pas les mêmes limites de crédit aux hommes et aux femmes
Après le Mac, l’iPod ou encore l’iPhone, Apple a décidé il y a quelques mois de sortir sa propre carte de crédit avec Goldman Sachs. Avancée technologique? Recul sexiste, plutôt: selon qu’on soit un homme ou une femme, on n’obtient en effet pas la même limite de crédit. Bad buzz, vous avez dit “bad buzz”?
L’annonce de la sortie de cette nouvelle carte avait pourtant suscité l’excitation au printemps dernier, Le Soir allant jusqu’à expliquer comment Apple allait réinventer la carte de crédit. Il faut dire que sur le principe, ce système de carte reliée à Apple Pay et permettant donc de payer soit par le biais d’une application, soit avec une carte traditionnelle où Apple Pay n’était pas accepté, avait tout bon. Mais c’était jusqu’à ce que plusieurs clients se rendent compte qu’il y avait discrimination au crédit. Et le pire, c’est qu’il ne s’agit même pas des préjugés rétrogrades de l’un ou l’autre employé mais bien d’un algorithme aux commandes. Outre-Atlantique, c’est l’entrepreneur à succès et pilote de rallye amateur David Heinemeier Hansson qui a mis le feu aux poudres avec une série de tweets incendiaires.
The @AppleCard is such a fucking sexist program. My wife and I filed joint tax returns, live in a community-property state, and have been married for a long time. Yet Apple’s black box algorithm thinks I deserve 20x the credit limit she does. No appeals work.
— DHH (@dhh) November 7, 2019
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Dénonçant un “putain de programme sexiste” lui ayant accordé 20 fois la limite de crédit de sa femme, alors même qu’ils sont mariés de longue date, habitent ensemble et payent leurs impôts conjointement, il a ajouté non sans ironie qu’il était même étonné qu’Apple ait permis à sa tendre moitié de disposer d’une carte de crédit sans qu’il ait donné son autorisation par écrit. Pire? Non seulement la limite de crédit de sa femme est arbitrairement bien plus basse, mais en prime, même quand elle s’acquitte entièrement de sa facture, elle n’est pas autorisée à réutiliser sa carte avant la prochaine période de facturation. La preuve selon David Heinemeier Hansson que les femmes sont discriminées lorsqu’il s’agit d’obtenir du crédit, qui en a également profité pour fustiger le mansplaining, soulignant que toutes les personnes ayant commenté pour s’enquérir de la solvabilité de sa femme ou pour défendre Apple étaient, sans surprise, des hommes.
It gets even worse. Even when she pays off her ridiculously low limit in full, the card won’t approve any spending until the next billing period. Women apparently aren’t good credit risks even when they pay off the fucking balance in advance and in full. pic.twitter.com/9yFtoRj3Xk
— DHH (@dhh) November 7, 2019
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Partagée et commentée des milliers de fois, sa tirade avait d’ores et déjà donné lieu à une enquête interne chez Apple. Circulez, y’a plus rien à voir? C’était sans compter sur l’implication de Steve Wozniak, cofondateur d’Apple avec Steve Jobs (le gentil dodu aux cheveux crépus dans l’adaptation ciné de sa biographie), et lui aussi particulièrement mécontent de sa nouvelle carte de crédit.
Un algorithme sexiste
En réponse à la plainte publique de David Heinemeier Hansson, Steve Wozniak y est aussi allé de son petit tweet de reproche, soulignant que sa femme avait également été victime de discrimination au crédit.
The same thing happened to us. We have no separate bank accounts or credit cards or assets of any kind. We both have the same high limits on our cards, including our AmEx Centurion card. But 10x on the Apple Card.
— Steve Wozniak (@stevewoz) November 10, 2019
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Il nous est arrivé la même chose. Nous n’avons pas de comptes en banque, cartes de crédit ou autres séparés. On a tous les deux les mêmes limites de crédits sur nos cartes, sauf l’Apple Card, où la mienne est dix fois supérieure à la sienne”
Et David Heinemeier Hansson d’accuser Apple Card d’être basée sur un programme sexiste, condamnant l’algorithme dans lequel les programmateurs ont placé toute leur confiance alors même que ce dernier discrimine selon les sexes. Surprenant? Pas tant que ça: en septembre dernier, une étude réalisée par CompareCards révélait ainsi que les femmes ont tendance à laisser s’accumuler leurs factures de cartes de crédit et à ne pas les payer en entier, contrairement aux hommes qui tendent à les payer dans leur intégralité dès la réception. De quoi expliquer pourquoi l’algorithme discrimine? Reste que la discrimination sexiste est interdite, et qu’en marge de l’enquête interne lancée par Apple, le Département des Services Financiers de New-York a annoncé lancer également une enquête afin de déterminer si la loi interdisant la discrimination selon le sexe avait été violée par Apple. Du côté de Goldman Sachs, qui a développé la carte avec le géant de la technologie, on assure qu’il ne s’agit pas du sexe des consommateurs mais bien de leur passif bancaire qui détermine leur découvert autorisé.
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