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Le menu riche en viande de la COP24 est difficile à avaler

Kathleen Wuyard

La COP24 n’en finit décidément pas de faire parler d’elle. Après la marche à Bruxelles ayant rassemblé les foules en amont de la conférence sur le climat, et alors que l’Europe se déchire sur les mesures à adopter, aujourd’hui, c’est le menu servi aux dignitaires qui est sur la table. Et il est plutôt indigeste.


Choucroute accompagnée de boeuf au bacon fumé. Raviolis porc et boeuf. Cheeseburger. Pris ensemble, comme ça, le menu semble déjà indigeste. Mais là où il devient encore plus difficile à avaler, c’est quand on sait qu’il s’agit de ce qui a été servi aux dirigeants présents à la COP24. Et ce, alors même que l’impact néfaste sur le climat de la surconsommation de viande n’est plus à prouver. Mais tout de même, rappelons-le pour ceux qui l’auraient oublié: la production de viande et de produits laitiers représente 14.5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En outre, selon une étude menée par l’institut royal de relations internationales Chatham House, si on ne réduit pas notre surconsommation de viande, il sera impossible de réduire le réchauffement climatique et d’empêcher que les températures globales n’augmentent de 2 degrés Celsius. On parle bien ici d’une réduction, pas d’une abstention, en instaurant chacun chez soi un “jour sans viande” par exemple. Et il aurait été bon que les organisateurs de la COP24 montrent l’exemple.

Forcément, le sujet de la consommation de viande entraînant des débats saignants entre ceux qui ont dit adieu à toute protéine animale et ceux qui défendent le point de vue des carnivores et/ou des éleveurs, il est tentant de répondre que quand même, ils mangent ce qu’ils veulent, ce n’est pas ça l’important. Peut-être. Mais peut-être aussi que s’il s’ébruitait que des diabétologues et nutritionnistes réunis pour parler de l’épidémie d’obésité s’enfilaient junk food et gougouilles à leur conférence, on trouverait ça un peu ironique tout de même. Là, c’est pareil. Et pour Stephanie Feldstein, directrice du programme de développement durable du Centre de Diversité Biologique et interviewée par le Huffington Post au sujet de ce menu carnivore, c’est même carrément insultant.

Le menu viandeux de la COP24 est une insulte au travail réalisé lors de la conférence sur le climat. On ne peut pas se permettre de servir des cheeseburgers à ce type d’événements si on veut avoir une conversation honnête sur l’impact de l’industrie alimentaire sur le réchauffement climatique.


Un impact qui ne montre pas de risques d’affaiblissement: selon les données du World Resources Institute, d’ici à 2050, la consommation mondiale de viande et de produits laitiers aura augmenté de 75%. Un appétit tout sauf sain, aussi bien pour les humains que pour la planète.

La consommation mondiale de viande a déjà atteint un niveau dangereux, et elle continue d’augmenter. Dans les pays industrialisés, les personnes mangent en moyenne deux fois plus de viande que les portions recommandées par les experts de la santé. Une consommation qui donne lieu à une augmentation du taux d’obésité, mais aussi de diabète de type 2 et de cancers. Sans oublier que les gaz à effet de serre produits par l’industrie de la viande et des produits laitiers représentent un volume équivalent à ceux de tous les véhicules de la planète


, explique le rapport de Chatham House sur le sujet. Autant dire que le menu de la COP24 envoie décidément un très mauvais message, et qu’ils auraient mérité d’être privés de dessert. Mais parce que ce qui est fait est fait, et qu’on ne peut finalement contrôler ce que nous on mange, pour contribuer au changement, on fait comment?

Selon les experts de Chatham House, le grand public a une compréhension très faible du rapport entre l’alimentation et le changement climatique, et les individus peuvent agir à leur échelle en répandant le message. Mais aussi, en changeant le contenu de leurs assiettes. Pour rappel, selon les experts de la santé, il est recommandé de ne pas dépasser une portion de viande (100 à 120 grammes maximum) par jour, avec de la viande rouge maximum 2 fois par semaine, et 1 à 3 portions hebdomadaires maximum de viande blanche. De son côté, l’organisation internationale Meatless Monday rappelle que la production d’un burger de 200 grammes nécessite l’équivalent de 10 baignoires (ou 6 800 verres) d’eau et rejette près de 3 kilos de CO2 dans l’atmosphère, autant que 10 kilomètres en voiture. Alors qu’il s’agisse d’un “meatless monday”, d’un vendredi veggie ou encore d’un mercrediète, on suit le mouvement, et on adopte un jour sans par semaine. Bon pour la ligne et excellent pour la planète, il y a de quoi saliver.

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