Les féministes critiquent la participation de pilotes féminins au rallye Dakar
Cette année, le rallye Paris-Dakar prendra place en Arabie saoudite, pays qui n’en finit pas de faire parler de lui pour ses violations des droits de l’Homme, et des femmes en particulier. Ce qui n’a pas empêché les femmes pilotes prenant part à la course de défendre le choix de destination, une prise de position inacceptable pour des féministes qui crient au scandale.
“On croit rêver” dénonce Terra Femina, magazine “d’actu et réseaux féminins”, dont le journaliste Clément Arbrun est particulièrement remonté par ce qu’il perçoit comme du “feminist washing” de la part des femmes pilotes prenant part au Dakar. Alors que l’Allemande Jutta Kleinschmidt a affirmé à l’AFP qu’une “course comme celle-ci peut apporter du changement”, l’Espagnole Laia Sanz a quant à elle mis en avant le fait que c’était “positif de montrer à tout le monde que les femmes peuvent être compétitives et fortes”. Certes. Sauf que dans un pays où les femmes n’ont eu le droit de conduire une voiture qu’en juin 2018, et où elles n’ont toujours pas le droit de voyager à l’étranger sans l’accord de leur “gardien” (on parle de modifier cette loi, mais elles sont toujours sous la coupe de leur père/mari/fils pour l’instant), pas sûr que le message que les pilotes du Dakar affirment vouloir envoyer s’adresse au public approprié.
Du feminism washing
Et c’est bien ce que dénoncent féministes et militants des droits de l’homme, qui condamnent non seulement le choix de l’Arabie saoudite pour organiser le Dakar, mais aussi le discours des pilotes, qui ajoute selon eux l’insulte à la blessure, ainsi que le souligne Clément Arbrun.
Sous couvert de “feminism washing” (un féminisme opportuniste, en toc) et “d’empowerment” simpliste, les sportives délivrent un discours à la fois propagandiste et néo-colonialiste. Bel exploit !”
De son côté, sur Twitter, Loopsider News rappelle qu’à l’heure actuelle, des femmes telles que Loujain Al-Hathloul ont été torturées et sont emprisonnées en Arabie saoudite pour avoir réclamé le droit de conduire, ce qui “n’empêchera pas le Paris-Dakar d’avoir lieu en Arabie saoudite et la France de diffuser cette course automobile à la télé”.
La marque de fabrique du #Dakar a toujours été l'indécence, mais là je crois qu'on atteint des sommets inégalés !#Dakar2020 https://t.co/Uu9DKqZSnk
— JF Pietri 🔻 (@globhumanitaire) January 8, 2020
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Interviewée par LCI, la spécialiste du monde arabo-musulman Yasmine Laveille rappelle la précarité de la situation sur place dénonçant une “situation des droits humains sur place est catastrophique qui a empiré ces derniers mois. On est passé de 150 exécutions en 2018 à plus de 180 en 2019”. De son côté, Human Rights Watch accuse également les organisateurs du Dakar d’avoir fait fausse route en choisissant de l’organiser en Arabie saoudite, appelant au passage les fans mais aussi les pilotes à ne pas se laisser “aveugler par le spectacle pendant que l’Arabie saoudite passe sous silence l’emprisonnement de critiques pacifiques du régime”. Inès Osman, la directrice de l’association de défense des droits de l’homme MENA, souligne pour sa part que “des activistes saoudiennes moisissent en prison pour avoir réclamé le droit de conduire, et pendant ce temps, des femmes vont prendre part au Dakar. L’Arabie saoudite ne devrait pas être absoute juste parce qu’elle organise un événement sportif d’envergure”. Ce n’est pourtant pas là la première tentative du royaume de redorer son blason: cet automne, de nombreux influenceurs internationaux d’envergure se sont attirés les foudres des commentateurs après avoir accepté de participer à des voyages de presse destinés à changer l’image de marque de l’Arabie saoudite. Qui, si elle se veut un oasis pour les touristes, est encore loin du compte pour ses citoyens qui osent défier le régime, parfois même simplement en prenant le volant.
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