Les femmes victimes d’agressions homophobes auraient plus de mal à les dénoncer
D’après les chiffres recueillis en France par SOS Homophobie, seuls 21% des témoignages récoltés d’agressions homophobes recueillis en 2019 provenaient de femmes. Parce qu’elles sont épargnées? Non, simplement parce qu’elles ont plus de mal à les dénoncer, ce que l’association espère changer.
Selon une étude réalisée au printemps dernier par l’IFOP pour le compte de la Fondation Jean Jaurès et la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), 22% des femmes ont été victimes d’au moins une forme d’agression LGBTphobe au cours des 12 derniers mois. Pour les hommes, le pourcentage s’élevait à 14%, ce qui veut dire qu’ils seraient relativement épargnés. Et pourtant, ils constituent la majorité des témoignages, avec 79%. Mais pourquoi ce silence?
Insultée, agressée, harcelée et/ou rejetée ?
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Les bénévoles de SOS homophobie sont là pour t'écouter, t'aider et recueillir ton témoignage.#lesbophobie pic.twitter.com/c22GRzdCKk— SOS homophobie (@SOShomophobie) October 7, 2019
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Selon SOS Homophobie, il s’agirait notamment d’une conséquence de l’invisibilisation des lesbiennes. Ainsi que l’explique le sociologue français Daniel Welzer-Lang, les lesbiennes ont tendance à ne pas correspondre à la notion traditionnelle de féminité, ce qui implique une invisibilisation, parce que “la femme est sexe pour l’homme ou n’existe pas”. Un processus ancré, ainsi que l’a encore démontré récemment le débat sur la PMA pour toutes en France, où peu de lesbiennes ont finalement eu la parole dans les médias, alors qu’elles font partie des principales intéressées. Autre explication avancée par SOS Homophobie?
Les femmes ont depuis longtemps appris à intérioriser tous les actes discriminants et les insultes subis dans la rue (notamment sexistes) et n’ont donc pas pris le réflexe de les dénoncer”
En réponse à cette disparité, l’association a lancé une campagne visant à encourager les femmes victimes d’agressions LGBTphobes à témoigner. Et en Belgique? Si notre petit royaume se hisse à la deuxième place du “Rainbow Index“, un classement annuel publié par l’IGLA Europe (International Lesbian and Gay Association) pour déterminer l’état des droits LGBTI en Europe, cela ne veut pas dire pour autant que les agressions homophobes n’y ont pas malheureusement lieu aussi. Au contraire: selon les données rassemblées par Unia, une institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination, il n’y a jamais eu autant de cas connus d’agression et de discrimination fondées sur l’orientation sexuelle qu’en 2018 en Belgique. À quand une campagne semblable à celle de SOS Homophobie?
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