LIBYE: les femmes bientôt forcées à porter le voile et surveillées par une ““police féminine””
2024 est une bien triste année pour les droits des femmes dans le monde ou devrait-on écrire un véritable retour en arrière ? Les femmes libyennes s’apprêtent à subir le même sort que les Afghanes et les Iraniennes. Le ministre de l’Intérieur libyen a annoncé un projet de loi rendant le port du voile obligatoire et prévoyant la mise en place d’une police des mœurs.
Le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’unité nationale en Libye a fait une annonce qui inquiète les défenseurs des droits humains. Lors d’une prise de parole sur la crise du carburant, l’homme politique a soudainement abordé un tout autre sujet. Il a affirmé la volonté du pouvoir en place de faire respecter les traditions du pays notamment le port du voile. Il a déclaré comme le rapporte TV5 Monde : « Le voile islamique doit être imposé par la force de la loi pour les femmes libyennes. » Avant de préciser que celles et ceux qui souhaitent vivre librement « n’avaient qu’à partir en Europe ».
Selon France Info, son discours est allé encore plus loin assurant que les libertés individuelles sont « des concepts européens qui n’existent pas en Libye ». Une mesure obligatoire dès 9 ans, qui s’accompagnerait de plusieurs autres interdictions comme la fin de la mixité « dans les cafés, les écoles et les universités » et l’interdiction pour les femmes de voyager sans être accompagnée d’un homme ou d’une autorisation d’un homme de sa famille. Le but de cette mesure ? Lutter contre le port de vêtements « indécents » et contre « les actes contraires à la morale ».
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Une police féminine chargée de faire respecter ces nouvelles restrictions
Afin de faire respecter ces lois, le ministre de l’Intérieur a expliqué qu’une police des mœurs serait mise en place avec une unité féminine spécialement dédiée à ces interdictions. Les tenues ainsi que les coiffures seront surveillées si elles ne respectent pas la “spécificité de la société libyenne”, a affirmé le ministre de l’Intérieur. Une situation qui n’est pas sans rappeler celles des femmes en Iran qui se battent depuis la mort de Mahsa Amini à travers le mouvement Femme, Vie, Liberté pour faire cesser ces lois liberticides. Ou encore aux femmes afghanes qui voient leurs droits s’envoler un à un sous les interdictions talibanes.
Face à ces déclarations inquiétantes pour les Libyennes, les organisations de lutte pour les droits humains comme Amnesty International alertent la communauté internationale. Le chercheur sur la Libye à Amnesty International, Bassam Al Kantar, a déclaré : « Les menaces du ministre de l’Intérieur visant à réprimer les libertés fondamentales au nom de la ” moralité ” constituent une dangereuse escalade dans les niveaux de répression déjà étouffants que subissent ceux qui, en Libye, n’adhèrent pas aux normes sociales dominantes. Les propositions visant à imposer le port du voile aux femmes et aux filles dès l’âge de neuf ans, à restreindre les interactions entre hommes et femmes, et à contrôler les choix personnels des jeunes en matière de coiffure et d’habillement sont non seulement alarmantes, mais violent également les obligations qui incombent à la Libye en vertu du droit international. »
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