5 manières dont les talibans ont déjà bafoué les droits des Afghanes
Lors de la chute de Kaboul, le 15 août dernier, la panique s’est emparée d’un pays qui ne se rappelle que trop les exactions commises par les talibans lorsqu’ils étaient au pouvoir. Et si ces derniers ont juré que cette fois, ce serait différent, ils n’ont pas perdu de temps pour bafouer les droits des Afghanes.
Ils avaient pourtant promis que ces dernières, qui avaient pu bénéficier d’une liberté retrouvée lors de l’occupation étrangère ces vingt dernières années, verraient leurs droits “respectés” et qu’elles auraient “un rôle à jouer” dans “le respect de la loi islamique” au sein de ce nouveau régime mis en place de force mais dont le représentant des talibans, Suhail Shaheen, avait assuré au micro de la journaliste britannique Yalda Hakim que l’objectif était “la paix”.
Des promesses que des dizaines de milliers d’Afghans, traumatisés par le règne de fer des talibans durant les années 90 et/ou craignant des représailles pour leur implication auprès des troupes étrangères en Afghanistan, ont choisi de ne pas croire, s’empressant de fuir le pays dès la chute de la capitale. Et si de nombreux autres sont restés sur place, par choix ou par manque de possibilités de s’enfuir, il semblerait qu’en ce qui concerne les droits des femmes dans le pays, les talibans se soient empressés de revenir sur leurs promesses.
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Restriction de la liberté des étudiantes
Officiellement, les Afghanes auront toujours le droit d’aller à l’école (et même à l’université) sous le nouveau régime taliban. Un développement surprenant, sachant que lors de leur dernier passage au pouvoir, l’enseignement était interdit aux filles dès le secondaire. Attention, toutefois, ces dernières n’auront pas le droit de suivre les cours à n’importe quelles conditions: elles devront porter une abaya noire ainsi qu’un niqab couvrant leur visage, et elles suivront des cours dans des classes non-mixtes, avec l’obligation de patienter dans des salles d’attentes le temps que les étudiants masculins quittent les salles de cours. En outre, seules des femmes ou des “enseignants âgés” qui auront passé un test de moralité pourront donner cours aux jeunes afghanes.
First day of Ibn-e- Sina University in Kabul (Afganistan) under the Tal!ban. Hijab and Separation of Boys and Girls.#taliban pic.twitter.com/umtNVE1dJV
— 𝓡𝓪𝓯𝓲𝓾𝓭𝓭𝓲𝓷 𝓚𝓱𝓪𝓷 (@Rafiuddink_MIM) September 6, 2021
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Disparition des femmes des médias et des cercles du pouvoir
Véritables stars de Radio Television Afghanistan, les présentatrices Khadija Amin et Shabnam Dawran ont été contraintes de rendre l’antenne par les talibans. Ainsi que cette dernière l’a confié au Comité pour la Protection des Journalistes, elle s’est vue refuser l’entrée dans les locaux de la station au prétexte que “le régime a changé” et qu’elle devait par conséquent “rentrer chez elle”. Khadija Amin, quant à elle, a tout bonnement été remplacée à l’écran par un taliban.
Et il n’y a pas que le quatrième pouvoir qui est désormais hors de portée des Afghanes: alors que ces dernières avaient pu exercer des positions politiques ces dernières années, une délégation de femmes ayant même été envoyée lors des récents pourparlers avec les talibans à Doha (avant que ceux-ci ne prennent de force le contrôle de l’Afghanistan), le représentant taliban à Doha, Mohammad Abbas Stanikzai, a déclaré qu’il ne pourrait pas y avoir de femmes ministres dans le pays. Et ce alors même que les talibans avaient promis un nouveau gouvernement “inclusif”.
https://twitter.com/NasimiShabnam/status/1434835840472076289
Interdiction d’exercer certains métiers publics
Début juillet déjà, alors que les talibans avaient entamé leur marche vers Kaboul, ils avaient profité de la prise de Kandahar pour escorter neuf employées de la banque Azizi. Ramenées manu militari chez elles, ces dernières avaient vu leurs proches de sexe masculin se voir attribuer leurs emplois. Une scène qui s’était répétée quelques jours plus tard à Herat, au sein de la banque Milli. Lorsque les talibans contrôlaient le pays, de 1996 à 2001, les femmes n’avaient tout simplement pas le droit de travailler.
Au sujet de l’emploi des Afghanes, Zabihullah Mujahid, porte-parole du nouveau régime, a déclaré il y a quelques semaines que la question était “encore à l’étude, en accordance avec la loi islamique, et que grâce à Dieu, cela ne poserait pas de problèmes”. Ces derniers mois, plusieurs femmes travaillant dans les secteurs de la santé et de la protection civile ont été assassinées, des décès attribués par les activistes locaux aux talibans, qui nient les faits.
Women's rights are human rights.
Afghan women made great progress. They vow not to give up! #Afghanistan🇦🇫 pic.twitter.com/aPv1nfnBec— Zionwarrior6 – Israel with Iran! (@ZionWarrior6) September 5, 2021
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Répression violente des manifestations
Malgré les dangers encourus, quelques dizaines d’Afghanes ont osé descendre dans les rues de Kaboul pour protester contre les restrictions mises en place par le nouveau régime au pouvoir et réclamer entre autres le droit d’avoir une représentation au gouvernement. Des manifestations pacifiques qui ont été réprimées violemment par les talibans: non contents d’utiliser des gaz lacrymogènes envers les manifestantes, ces derniers ont également tiré en l’air, créant la panique et une dispersion immédiate des femmes venues défendre leurs droits.
In Mazar-e-Sharif, two small groups of women protested today, one in support of the “islamic emirate” & “islamic hijab” but the other against the Taliban in which women held signs & chanted for more social& political rights. “women don’t(wont) go back,” one sign read.#Afghanistan pic.twitter.com/820OMhusqt
— Sharif Hassan (@MSharif1990) September 6, 2021
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Limitation du droit de mouvement des femmes
Des droits qui semblent aujourd’hui plus compromis que jamais, les promesses faites par les talibans il y a quelques semaines seulement sonnant bien creux au regard des échos glaçants qui nous parviennent d’Afghanistan. Ainsi, comme à la fin des 90s, avant l’arrivée de la coalition étrangère dans le pays, les femmes sont à nouveau contraintes de porter la burqa lorsqu’elles sortent en rue, sorties qui ne sont autorisées qu’en présence d’un gardien du sexe masculin, ce qui revient virtuellement à une assignation à résidence pour les Afghanes divorcées, par exemple.
'I hope they just shoot me but don't take me alive': A pop star's desperate escape from Kabul. #4corners #Afghanistan
https://t.co/H8je3Ziw3i— Four Corners (@4corners) September 5, 2021
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Des femmes particulièrement précarisées par le changement de régime, d’autant plus si elles ont eu le courage de fuir un mariage abusif: comme le dénonce le réseau de protection Women for Afghan Women, lors de leur avancée, les talibans ont ouvert les prisons, rendant leur liberté à de nombreux hommes qui avaient été condamnés pour abus sur leur femme, leur fille ou leur soeur, et sont désormais assoiffés d’une revanche pour laquelle ils savent qu’une punition ne viendra pas. Pas plus que le respect des femmes promis lors de la prise de Kaboul.
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