ELLE NOUS INSPIRE: Margot Friedländer, la survivante de l’holocauste qui pose en une de Vogue Allemagne à 102 ans
Après avoir survécu à l’horreur des camps, Margot Friedländer a décidé de dédier sa vie à la lutte contre les discriminations. Un message de paix et de vivre-ensemble qu’elle porte encore activement aujourd’hui à 102 ans, qui lui vaut de faire la une de Vogue Allemagne dans un numéro dédié à l’amour.
Margot Friedländer est la « cover girl » du numéro de Juillet/Août du magazine Vogue Allemagne, mais derrière son sourire se cache un destin tragique. À 102 ans, elle est une des survivantes de l’Holocauste et a perdu une grande partie de sa famille dans les camps. Aujourd’hui, elle continue de sensibiliser sur cette période sombre de l’Histoire et de militer pour la tolérance et le vivre-ensemble. « Ne regardez pas ce qui vous divise, regardez ce qui vous unit. Soyez humain, soyez raisonnable », déclare-t-elle auprès du magazine. Des valeurs qu’elle continue de défendre sans relâche en participant à de nombreuses conférences et débats auprès des plus jeunes, mais aussi auprès de dirigeants.
« Essaie de réussir ta vie »
Lorsque Margot Friedländer intervient dans les classes, elle raconte sa vie de petite fille juive dans une Allemagne dirigée par Hitler. Elle explique l’exclusion progressive des commerces, des restaurants, des lieux de vie, puis les arrestations. En 1943, son frère et sa mère sont arrêtés et déportés à Auschwitz, ils n’en reviendront jamais. Le seul message que sa mère lui laisse, est transmis par un voisin et il se résume en cinq mots: « Essaie de réussir ta vie. » Suite à cet horrible événement, Margot Friedländer se cache et change d’endroit chaque jour. Malheureusement, elle est surprise en train de quitter un abri en 1944 et ne pouvant montrer ses papiers, elle est arrêtée. Déportée au camp de concentration de Theresienstadt, elle vit « une situation intermédiaire entre la vie et la mort » comme elle le confie à Forbes. Elle survit jusqu’à la libération du camp, mais une fois libre, la jeune femme ne sait pas où aller. Elle vit dans un camp de personnes déplacées à Deggendorf. Là-bas, elle commence à travailler pour l’Administration des Nations Unies pour les secours et la reconstruction (UNRRA), avant de partir s’installer aux États-Unis en 1946 avec son mari.
Nous étions en route vers l’Amérique, laissant derrière nous le pays où ceux que nous aimions avaient été assassinés… Nous n’étions rien. Nous étions apatrides. Nous étions comme notre navire entre deux mondes, voguant entre deux continents. L’un nous avait rejetés ; l’autre ne nous avait pas voulu quand nous avions tant besoin de son aide.
Raconte-elle à Forbes. Une histoire qui a donné lieu à un documentaire sur sa vie disponible en accès libre sur Youtube ci-dessous.
Margot Friedländer, une combattante pour un monde en paix
Cette situation de réfugiée, Margot Friedländer ne l’oubliera jamais. Aujourd’hui, elle met un point d’honneur à combattre la xénophobie et le rejet auquel font face les millions de personnes dans le monde contraintes de quitter leur pays. Après avoir écrit ses mémoires, Margot Friedländer témoigne auprès de tous les publics pour montrer à quel point l’acceptation de l’autre, la tolérance, l’empathie et l’inclusivité sont des notions incontournables pour une société saine. À la sortie du numéro de Vogue Allemagne, Anna Wintour, rédactrice en cheffe de Vogue, a commenté: « Margot Friedländer est un sujet aussi merveilleux que significatif pour ce numéro, étant donné les courants politiques à travers l’Europe ». Récemment, Margot Friedländer a également participé à plusieurs débats sur les initiatives à mettre en place pour lutter contre l’antisémitisme et l’islamophobie dans le contexte du conflit israélo-palestinien afin de prôner le vivre-ensemble au sein du peuple allemand. À 102 ans, elle continue de lutter contre l’oubli pour que jamais la haine ne reprenne le pouvoir.
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