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© MIKHAIL METZEL/SPUTNIK/AFP via Getty Images

Maria Lvova-Belova, figure de proue de la déportation d’enfants ukrainiens en Russie

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Maria Lvova-Belova est la commissaire aux droits de l’Enfant de la Russie et se présente comme la « sauveuse » de milliers d’enfants ukrainiens dont elle organise le transfert en Russie afin qu’ils soient adoptés. Un processus qui serait en réalité une déportation d’enfants vers des camps de rééducation comme le dénonce un récent rapport.

« Les Russes ont déjà adopté 350 orphelins des régions de Donetsk et Louhansk, et plus de 1000 enfants attendent leur adoption », énonçait Maria Lvova-Belova en septembre dernier sur son compte Telegram, comme le rapporte « Libération ». Au total, plus de 6000 enfants ukrainiens auraient été envoyés en Russie. Mais loin du « sauvetage » dont se vante la commissaire aux droits de l’Enfant russe, ces enfants auraient été déportés et envoyés dans des camps de rééducation aux quatre coins de la Russie comme le dénonce un rapport mené par l’Observatoire des conflits et par une équipe de chercheurs de l’université américaine de Yale, sorti le 14 février dernier.

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43 camps de réeducation seraient présents en Russie

Selon le rapport qui s’appuie sur des sources ouvertes, ces camps serait au nombre de 43 sur tout le territoire russe et seraient destinés à la « rééducation » et à des « programmes d’intégration » pour les enfants ukrainiens qui y recevraient des « soins » et « des cours quotidiens de langue et d’histoire russes », selon les déclarations de Maria Lvova-Belova sur son Telegram. Or, le rapport américain affirme qu’en réalité ces camps pratiqueraient « un endoctrinement » sur les enfants avant de les faire adopter par des familles russes, qui perçoivent une aide financière de l’Etat si elles adoptent un de ses enfants.

Un phénomène dont parle ouvertement la commissaire russe également mère de dix enfants, dont cinq adoptés et parmi eux un enfant ukrainien. Selon elle, ce dernier a été « trouvé » avec une trentaine d’autres enfants dans les « sous-sols de Marioupol ». Si elle a récemment remercié le président Vladimir Poutine de lui avoir permis d’adopter cet enfant du Dombass à la télévision russe, elle expliquait en septembre dernier : « Lorsque nous les avons amenés dans la région de Moscou pour qu’ils se remettent un peu, ils ont parlé négativement du président [russe], ont dit toutes sortes de choses désagréables, ont chanté l’hymne ukrainien, gloire à l’Ukraine et tout ça. Mais un peu de temps a passé, ces enfants se sont retrouvés dans des familles d’accueil de la région de Moscou. » Elle poursuivait :

Je peux voir que cette intégration commence à se faire (…) Il y a donc une certaine négativité au début, mais elle se transforme ensuite en amour pour la Russie.

Des propos tenus par celle que le rapport des chercheurs de l’université de Yale décrit comme «l’une des figures les plus impliquées dans la déportation et l’adoption d’enfants ukrainiens par la Russie, ainsi que dans l’utilisation de camps pour « intégrer les enfants ukrainiens dans la société et la culture russes». Or, ces enfants ne sont pas orphelins, mais bien « coupés de leurs parents ».

Un crime de guerre dénoncé par différentes ONG

Comme le rapporte « Moustique », ces agissements avaient déjà été pointés du doigt en novembre dernier par Amnesty International qui dénonçait le «transfert forcé et la déportation de civils des zones occupées de l’Ukraine par les autorités russes, dans ce qui s’apparente à des crimes de guerre et probablement à des crimes contre l’humanité». L’ONG alertait :

Des enfants sont séparés de leur famille après un transfert forcé et éprouvent des difficultés à quitter la Russie.

Tandis que l’UNICEF rappelle que « l’adoption ne devrait jamais avoir lieu pendant ou immédiatement après les situations d’urgence ». Face aux protestations des autorités ukrainiennes qui exigent le retour de ces enfants en Ukraine et aux accusations de déportation, l’ambassade de la Russie à Washington a démenti tout transfert forcé et a déclaré : « La Russie a accepté des enfants qui avaient été obligés de fuir avec leurs familles les bombardements et les atrocités des forces armées ukrainiennes. Nous faisons de notre mieux pour garder les mineurs dans les familles et, en cas d’absence ou de décès des parents et des proches, pour transférer les orphelins sous tutelle.»

De son côté, Maria Lvova-Belova a rétorqué :

Les enfants ne veulent pas retourner chez leurs parents, ils aiment la Russie maintenant.

En 2023, cette dernière aurait pour projet d’ouvrir des « centres pour adolescents » selon « France 24 », afin de pouvoir leur « porter une attention particulière ». Elle a également évoqué le déploiement d’équipes « pour aller à la rencontre des enfants des rues des territoires annexés ».

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