Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
Une Bangladaise de 14 ans photographiée avant son mariage forcé. © SOPA Images/LightRocket via Gett

Les mariages forcés sont en augmentation à mesure que le climat se dégrade

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

Une récente étude montre les liens entre le réchauffement climatique et l’augmentation des mariages forcés dans les pays les plus défavorisés.

Le réchauffement climatique a indubitablement des impacts négatifs sur notre planète et sur la vie humaine. Certains sont plus surprenants que d’autre, à l’instar de celui qui a récemment fait l’objet d’une étude menée par des chercheuses de l’Université d’Ohio, aux États-Unis, publiée dans la revue International Social Work. Celle-ci suggère qu’il existe un lien entre le changement climatique et l’augmentation des cas de mariages forcés chez les enfants dans les pays les plus pauvres.

Lire aussi : À VOIR : “Mazal Tefla”: le documentaire bouleversant sur les mariages forcés de mineures

Mécanisme de survie

Les scientifiques ont, pour cela, analysé vingt études (datées entre 1990 et 2022) portant sur les liens entre les événements climatiques extrêmes et l’augmentation des mariages forcés. “Dans l’ensemble, ces études fournissent des preuves irréfutables du problème”, souligne Fiona Doherty, auteure principale de l’étude. “Le climat extrême n’a pas d’effet direct sur le mariage forcé des enfants.”

En revanche, ces désastres [écologiques], exacerbent les problèmes déjà existant d’inégalité des genres et de pauvreté qui poussent les familles à recourir au mariage forcé comme mécanisme de survie.

Il ressort qu’une fille sur cinq est mariée avant l’âge de 18 ans. Un chiffre qui augmente de 40% dans les pays aux revenus bas ou intermédiaires, tels que le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan, le Kenya, le Népal ou encore le Vietnam. Et cela pourrait encore s’accentuer à mesure que les conditions météorologiques extrêmes s’aggraveront, indique Smitha Rao, co-auteure de l’étude.

Les chercheuses prennent l’exemple du cyclone Aila, qui a touché le Bangladesh en 2009. À la suite de cet événement climatique grave, les jeunes filles ont été mariées tôt afin de réduire la charge économique et alimentaire pesant sur les ménages. Dans certains autres pays comme le Kenya, le mariage des jeunes est encouragé pour fournir les familles en main d’œuvre.

Autonomiser femmes et filles

Autre constat, lorsque des familles entières sont contraintes de se déplacer dans des camps à la suite de catastrophes naturelles, les jeunes filles sont souvent victimes de harcèlement et de violences sexuelles. Smitha Rao explique:

Les familles font alors parfois le choix de marier leurs jeunes filles pour les protéger.

Enfin, l’étude montre que les jeunes filles éduquées sont moins enclines à être mariées. De même qu’à mesure que le niveau d’éducation des parents augmente, moins ils sont susceptibles de marier leur fille. Pour les deux chercheuses américaines, la lutte contre le mariage forcé passe forcément par l’éducation, mais pas seulement.

“Nous avons découvert que le principal moteur des mariages forcés est l’inégalité des genres. Nous devons trouver un moyen d’autonomiser les femmes et les jeunes filles en leur offrant une éducation et un contrôle financier qui leur permettront de prendre leurs propres décisions”, conclut Fiona Doherty.

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires