Mortellement sexiste: ces pays où les femmes sont discriminées au moment de l’héritage
Elles sont des milliers à être descendues dans la rue en Tunisie la semaine passée pour réclamer l’égalité des sexes au moment d’hériter, l’homme héritant le double de la femme à l’heure actuelle. Et si le président tunisien a affirmé ce mercredi vouloir changer la loi pour rétablir la parité, dans certains pays, l’égalité de la succession est encore loin.
En Belgique, il n’existe pas de discrimination entre hommes et femmes au moment de l’héritage, qu’il s’agisse des héritiers directs ou indirects de la personne décédée. Ainsi, si cette dernière n’a pas eu de descendance, ses biens reviennent à part égales à sa famille paternelle et maternelle, afin que la parité de l’héritage soit respectée. Un système qui est l’exception plutôt que la norme. Il y a quatre ans de cela, l’Index sur les Institutions Sociales et l’égalité Homme-Femme avait analysé les systèmes d’héritage de 160 pays provenant des quatre coins de la planète. Avec un résultat tout sauf égalitaire: sur les 160 pays étudiés, seuls 55 soit à peine plus d’un quart octroient les mêmes droits de succession aux hommes et aux femmes.
Injustice légale
Parmi les mauvais élèves, bon nombre se trouvent au Magreb et au Moyen-Orient, avec la Tunisie, donc, mais aussi l’Algérie, l’Irak, le Qatar, les Emirats ou encore le Liban et l’Iran. Dans ces pays, la femme est soit tout simplement privée de l’héritage soit elle hérite d’une part inférieure à celle des héritiers mâles. Des dispositions sexistes et archaïques qu’on retrouve également dans certains pays d’Afrique subsaharienne comme le Nigeria ou le Tchad, ainsi qu’en Asie du Sud-Est, au Pakistan et au Bangladesh. Et puis il y a ces pays où la loi est techniquement égalitaire, mais où dans la pratique, les femmes se retrouvent souvent lésées au moment d’hériter.
Une victoire en demi-teinte
Et il n’y a pas besoin d’aller chercher bien loin pour trouver ce genre de cas, ainsi que les observateurs de l’OCDE l’ont constaté. En Suisse, par exemple, les femmes bénéficient des mêmes droits que les hommes pour l’héritage, mais dans les faits, les veuves vont avoir tendance à être lésées. En Espagne, ce sont les orphelines qui vont fréquemment ne pas toucher leur part d’héritage, alors même que la loi les protège. En Grèce, en Chine ou au Brésil, pas des discrimination entre femmes et filles: tant les veuves que les orphelines vont être mises de côté, même si la loi exige qu’elles soient inclues dans l’héritage. Et si dans ces pays, la révolte est silencieuse, en Tunisie, les femmes ont décidé de faire du bruit et de s’opposer à une société patriarcale qui les prive de certains droits fondamentaux. Un message que le président, Caïd Essebsi, semble avoir compris.
C’est mon devoir en tant que président de tous les Tunisiens, de rassembler et non de diviser.
Mais gare à crier trop vite victoire: la nouvelle loi prévoirait en effet que les familles pourraient soit choisir d’appliquer la Constitution, et donc la parité des sexes au moment de l’héritage, soit de répartir librement leur argent. Une victoire en demi-teinte, donc, mais une belle avancée quand même.
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