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© French actress Marie Trintignant in her Uzes home. (Photo by frederic meylan/Sygma via Getty Images)

Pourquoi il faut arrêter de commémorer le décès de Marie Trintignant

Kathleen Wuyard

Il y a 16 ans jour pour jour aujourd’hui que Marie Trintignant mourait sous les coups de Bertrand Cantat. Une mort atroce, odieuse, inutile, injuste. D’autant plus que depuis, cette actrice vibrante, tellement vivante, a été réduite à ce drame, qui s’étale chaque premier août dans les médias. Et pourtant, elle était tellement plus que ça.


Marie Trintignant, c’était une voix d’abord, reconnaissable entre mille, séductrice, sauvage, un peu brute de décoffrage. L’écho de ce qu’elle était au plus profond d’elle-même. C’était une actrice née, fille de deux monstres du cinéma français, qui a fait ses premiers pas devant la caméra à l’âge de quatre ans seulement, pour ne plus jamais s’arrêter de tourner. Une battante, une rêveuse, une amoureuse, une femme fantasque, libre. Tellement plus que le rôle auquel elle est réduite aujourd’hui, un rôle de victime qu’elle n’a pas choisi. Alors qu’elle a près d’une centaine de films, pièces de théâtres, téléfilms et courts-métrages à son actif, et que son talent lui a valu cinq nominations aux Césars, la postérité l’a immortalisée de manière bien cruelle: “née le  à Boulogne-Billancourt et morte le  à Neuilly-sur-Seine, tuée par son compagnon Bertrand Cantat, est une actrice française” indique la 1e ligne de sa biographie Wikipédia. Tuée, d’abord, et puis seulement actrice. Un scénario inconcevable pour une comédienne débordante de vie, qui a marqué le cinéma français de sa gouaille et de sa séduction incandescente.

 

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Bien sûr, que face à l’énormité de l’injustice, face à l’ampleur du drame, il est impossible de ne pas dénoncer, chaque été, la tragédie dont Marie Trintignant a été victime. Evidemment, que comme le soulignent nos consoeurs de Marie-Claire, son beau visage est devenu celui de toutes les femmes, anonymes, mortes sous les coups de leurs compagnons. Qui a le droit d’empêcher ceux qui l’ont tant aimée de lui rendre hommage ce 1er août, à l’image de Carla Bruni-Sarkozy, Béatrice Dalle et tant d’autres encore pour qui le chagrin de son départ ne sera jamais vraiment consolé. Mais honorer sa mémoire, c’est aussi parler d’elle autrement, parce que bien plus qu’une femme battue, c’était une battante, parce qu’avant de mourir trop tôt, elle crevait l’écran.

 

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Il y a exactement 16 ans et 1 jour mourait sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat, la belle et talentueuse actrice Marie Trintignant , mère de 4 enfants. ??? Une femme meurt tous les 3 jours de violences conjugales. 16 years ago on the 1st of August, died the beautiful and talented French actress Marie Trintignant, mother of 4 , under the blows of her companion Bertrand Cantat. Every 3 days one woman dies of domestic violence in France . ???. Esattamente16 anni fa il 1 Agosto , è morta la bellissima e bravissima attrice Francese Marie Trintignan, mamma di 4 bambini, picchiata a morte dal suo compagno Bertrand Cantat . Ogni 3 giorni in Francia, una donna muore di violenza coniugale . ? #nepasoublier #violencesfaitesauxfemmes

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“Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la mort de Marie Trintignant. Elle a été tuée par l’homme qui disait l’aimer. Et c’est important, chaque année, de se rappeler, que des centaines de femmes sont tuées par les hommes qui devraient les protéger, qui disaient les aimer, ou qui n’ont pas supporté qu’elles désirent les quitter” rappelle Florence Montreynaud, responsable du collectif Encore Féministes!. Et elle a raison. Mais le véritable anniversaire de Marie Trintignant, celui que ni les médias ni le grand public ne pensent jamais à célébrer, c’est le 21 janvier. Grâce à son rôle époustouflant dans “Victoria ou La Douleur des femmes”, Marie Trintignant est aussi le visage de la lutte contre le droit à l’avortement, l’incarnation de la fantaisie dans “Janis et John”. C’était une comédienne, une fille, une femme, une mère. Aucune dénonciation de sa mort ne sera jamais à la hauteur de son injustice, mais il ne faudrait pas accroître celle-ci en oubliant au passage de célébrer sa vie.

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