Pourquoi la réponse du secteur à #BalanceTonBar ne suffit pas
Ce vendredi soir, elles étaient des centaines (voire près de mille selon les organisatrices du rassemblement) à occuper la place de l’Albertine suite au cri de ralliement de #BalanceTonBar. Objectif: dénoncer les abus sexuels qui entachent les nuits belges.
Et en profiter pour tacler au passage la réponse du milieu de la nuit aux accusations qui se multiplient depuis que le hashtag #BalanceTonBar a été lancé. Des accusations gravissimes, entre viols, attouchements et autres violences sexuelles mais aussi utilisation de drogue introduite en douce dans les boissons pour faciliter ces exactions.
En marge de l’organisation du rassemblement, la Brussels By Night Federation avait pour sa part annoncé vendredi que les membres du Conseil bruxellois de la nuit sont en pleine concertation quant aux mesures nécessaires pour rendre les nuits bruxelloises plus sûres. Une initiative qui peine à convaincre l’Union Féministe Inclusive Autogérée (UFIA), à l’origine du rassemblement place de l’Albertine.
Mettre des capuchons sur des verres n’est pas une solution. C’est de nouveau faire porter aux femmes la responsabilité de leur sécurité, alors qu’on veut que le problème soit pris dans l’autre sens et qu’on vise les agresseurs” dénonce Laura, cofondatrice de l’UFIA.
Pour sa part, Ntumba Matunga, fondatrice de Tétons Marrons et membre de l’UFIA, s’est faite écho du mécontentement général en soulignant que suite aux premières révélations d’agressions, “on attendait des mesures fortes du politique et du monde de la nuit mais ça n’a rien donné. Alors on frappe plus fort en s’attaquant à leur portefeuille car les femmes sont utilisées comme des appâts dans les bars”.
#BalanceTonBar (et balance du changement)
Et le collectif Et ta soeur?, qui a relayé le rassemblement de Bruxelles à Liège, de souligner que “dans une société capitaliste où l’argent est le centre des interactions sociales, le meilleur moyen de se faire entendre de manière efficace est alors d’utiliser cet outil”, suite au constat d’échec du dialogue: “les associations féministes le font depuis des dizaines d’années, plusieurs ont même mis en place des formations pour la safe night ou permettent des consultations pour rendre son bar/club plus sécurisante. Force est de constater que très peu de bars/clubs s’y intéressent”. Parce que, ainsi que l’indiquent les premières mesures annoncées par le monde de la nuit, la charge de la responsabilité continue de peser entièrement sur les victimes?
Un commentaire posté sous le relais liégeois de #BalanceTonBar par Boulettes Magazine en dit long: “ce qui fait peur, c’est que certaines personnes semblent refuser de se protéger (en ne surveillant pas leur verre, en ne voulant pas le couvrir...) car cela responsabiliserait les victimes. Il faudrait peut-être que ces personnes comprennent qu’il est utopique de vouloir éduquer des pervers”. On en est donc toujours là, et ça donne envie de tout sauf faire la fête.
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