Pourquoi l’arrivée de KFC en Belgique est tout sauf appétissante
Sur les réseaux, l’arrivée de KFC en Belgique a été saluée par des hordes de gourmands friands de fast friture made in USA. Sauf qu’entre déforestation, additifs chimiques et controverses racistes, cette nouvelle implantation est tout sauf appétissante.
Commençons par le commencement: KFC vous ment, tout le temps. Ou plutôt, c’est son fondateur qui avait une conception biaisée de la vérité, le fameux “Colonel Sanders”. Soit Harland David Sanders, qui n’a pas obtenu son grade dans l’armée mais bien au fond de son imagination, le natif de l’Indiana ayant eu l’idée de se déguiser en colonel de la guerre de Sécession pour attirer le chaland dans son restaurant. En 1935, face au succès de ce dernier, le gouverneur du Kentucky Ruby Laffoon décide de lui accorder le titre honorifique de Colonel du Kentucky en remerciement de ses efforts pour promouvoir la gastronomie locale. Disons un demi mensonge, donc, comme il en existe finalement tant dans l’univers de paraître du marketing. Sauf que les controverses qui entourent la chaîne de restauration rapide sont, elles, bien réelles.
Ingrédients indésirables
Premier mauvais point? La liste des ingrédients utilisés, et plus précisément, une série d’additifs chimiques peu digestes. D’après une enquête effectuée par l’équipe américaine du Huffington Post, les blancs de poulet panés de KFC contiendraient ainsi notamment du glutamate monosodique, un exhausteur de goût que le Center for Science in the Public Interest recommande à certains consommateurs, particulièrement ceux prompts aux migraines, d’éviter. Le site d’information alimentaire Open Food Fact recense quant à lui 9 additifs supplémentaires présents dans les préparations de la chaîne de poulet frit. Une nouvelle peu ragoûtante, qui plus est quand on se penche sur les conditions dans lesquelles sont élevés les poulets utilisés par KFC.
Poulettes en détresse
De robustes volatiles, élevés en plein air avec amour dans les plaines du Kentucky? Faux. Dans un épisode de son magazine d’investigation Focus, le journaliste Guy Lagache a révélé que KFC “fabrique” des poulets sur mesure dans des élevages industriels, pesant en moyenne 2.5 kilos pour avoir des “tenders” bien moelleux. Une volaille de compétition, élevée jusqu’à 30 000 poulets dans des hangars de 1000 mètres carrés, avec des volatiles qui atteignent leur poids en seulement 6 semaines, soit près 3 fois plus vite que les poulets fermiers. Des révélations choc que la chaîne de restauration dément, affirmant sur son site internet que “les poulets circulent dans des bâtiments de grande taille afin de leur permettre de grandir dans des conditions optimales. Tous nos fournisseurs sont régulièrement audités sur les critères de sécurité alimentaire par un organisme indépendant. Le respect de la réglementation européenne relative au bien-être animal et des normes de sécurité alimentaire est ainsi garanti”.
Pas de quoi se couper l’appétit, donc... Sauf que niveau tolérance, l’attitude de la chaîne est plus difficile à avaler.
Relents racistes
Slate attaque la problématique de front dans un excellent article intitulé “Pourquoi les noirs vont chez KFC (mais ne sont pas dans ses pubs)”. Oui, tiens, pourquoi? Patrick Lozès, fondateur et premier président du Conseil représentatif des associations noires de France, souligne pourtant que “si vous êtes déjà rentrés dans un restaurant KFC de Paris, vous savez que les Noirs y sont très nombreux”. Les pubs de la chaîne, elles, montre par contre une clientèle majoritairement blanche. Voire même, selon le magazine Stratégies, une clientèle “jeune, blanche, et BCBG”. Un camouflet, pour Patrick Lozès, qui avait appelé il y a quelques années au boycott de la chaîne. Son argument? “Personne ne demande à KFC de faire une pub communautaire, et je trouverais tout aussi scandaleux qu’il n’y ait que des noirs dans ses publicités. On lui demande juste de ne pas gommer une partie de sa clientèle. Apparemment ils n’ont pas honte de l’argent des minorités, mais de leur présence“. Intolérante, KFC? Son impact sur l’environnement est lui, en tout cas, intolérable.
Impact environnemental
Il y a a 7 ans, Greenpeace avait en effet dénoncé avec fracas la contribution de KFC à la déforestation en Indonésie. Le géant du fast-food s’approvisionnait alors auprès de l’Asia Pulp and Paper pour réaliser ses emballages, alors même que l’entreprise est un des acteurs principaux de la déforestation indonésienne. Si la recette du poulet frit du Colonel Sanders est notorieusement secrète, Shane Moffat, responsable Forêt de la campagne Greenpeace, avait toutefois affirmé avoir découvert la vérité: “nous connaissons le secret du colonel: KFC enveloppe sa nourriture dans la destruction de la forêt tropicale et encourage l’extinction d’espèces comme le tigre de Sumatra. La clientèle de KFC sera horrifiée d’apprendre que le colonel cache une tronçonneuse dans son garde-manger”. Même si depuis, la chaîne s’est engagée à lutter contre la déforestation, en disant notamment adieu à l’huile de palme, toutes les controverses qui l’entourent laissent néanmoins un goût amer. Peut-être que c’est ça, aussi, qui contribue à son assaisonnement de poulet inimité?
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