Pourquoi c’est inutile de demander de l’iode à la pharmacie
Face à la mobilisation sans précédent en réponse à son invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine a annoncé avoir “activé sa force de dissuasion nucléaire”. De quoi faire souffler un vent de panique en Occident.
Et en pousser plus d’un·e à se précipiter en pharmacie pour aller y demander des comprimés d’iode. En effet, ainsi que l’explique la plateforme Risque Nucléaire, “lors d’un accident nucléaire, de l’iode radioactif peut être libéré. Il peut se retrouver dans le corps via les voies respiratoires ou la contamination d’aliments. La glande thyroïde stocke l’iode jusqu’à ce qu’elle soit saturée et cause de cette manière une irradiation de l’intérieur. Après une longue irradiation, les risques de cancer augmentent de manière considérable”.
En prenant au bon moment de l’iode stable, ou non radioactif vous faites en sorte que votre glande thyroïde soit saturée en iode et ne puis plus absorber d’iode radioactif instable” explique encore la plateforme, qui rappelle toutefois que “les comprimés d’iode n’offrent cependant aucune protection contre les autres substances radioactives. Il est dès lors toujours très important de vous mettre rapidement à l’abri”.
De quoi en pousser plus d’un·e à passer demander leurs comprimés à la pharmacie du coin après que le locataire du Kremlin ait cru bon de brandir la menace nucléaire. Sauf que si vous comptez rejoindre leurs rangs et aller vous aussi demander de l’iode, la lecture de cet article devrait vous épargner un voyage inutile à la pharmacie.
L’iode sur autorisation du gouvernement uniquement
En effet, ainsi que l’a confié l’équipe de la pharmacie Multipharma sise place Saint-Lambert, à Liège, ils ne sont pas autorisés à délivrer des pastilles d’iode sur demande. La délivrance de celle-ci est en effet conditionnée à celle d’une autorisation spécifique du gouvernement, laquelle n’est pas encore d’actualité à l’heure d’écrire ces lignes.
Pas de panique, toutefois: le pharmacien liégeois nous assure que les officines belges sont en possession de stocks suffisants. Si vous habitez dans une zone de 20km autour des sites nucléaires belges ou frontaliers et que vous êtes donc potentiellement à disposition des comprimés d’iodes mis à disposition préventivement aux riverains, sachez encore que ces comprimés ont une date de conservation d’au moins dix ans. Envie de savoir si ceux qui sont en votre possession sont encore bons?
Risque Nucléaire assure qu’il “n’est pas nécessaire d’aller chercher de nouvelles tablettes si celles que vous avez à la maison présente une des dates de production suivantes : Oct 2010 – Juin 2011 (numéros de lot : 0L078A – 0L079A – 0L080A – 0L081A – 0L082A – 0L083A – 0L084A – 0L085A – 0L086A – 0L087A – 0L148A – 0L149A – 0L150A – 0L151A).En 2021, Sciensano a effectué une analyse approfondie de ces tablettes et les tests ont démontré que les comprimés de ces tablettes peuvent être conservés au minimum jusqu’au 28 mai 2022. Cette durée de conservation est de nouveau testée chaque année”.
Vers une guerre nucléaire?
Quant à savoir si la menace nucléaire brandie par Vladimir Poutine présente un danger réel ou est le bluff d’un leader autoritaire pris de court par le formidable élan de solidarité international autour de l’Ukraine, personne ne peut s’avancer à l’heure actuelle.
“De l’avis de tous ceux qui ont rencontré Poutine, il s’est isolé, enfermé dans une logique paranoïaque. C’est un peu inquiétant, il est impossible de lire sa stratégie” a confié David Khalfa, chercheur à la Fondation Jean Jaurès à Paris. Pour leur part, les Etats-Unis, par le biais de leur ambassadrice à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, ont dénoncé une “escalade inacceptable” et accusé Vladimir Poutine de “fabriquer des menaces qui n’existent pas”, tandis que notre Premier ministre, Alexander De Croo, a appelé tout le monde à “garder son sang froid”. Plus simple à dire qu’à faire...
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