Quand une femme menace l’IVG pour gagner des votes, ça fait mal aux ovaires
Entre hygge et (quasi) égalité des sexes, les pays nordiques sont souvent pris en exemple. Sauf que ces dernières semaines, la première ministre de Norvège donne un exemple très dangereux en se servant de l’IVG pour faire avancer ses intérêts politiques.
Membre du Parti Conservateur eu première ministre norvégienne depuis octobre 2013, Erna Solberg est actuellement dans la tourmente. C’est qu’il y a quelques semaines, Knut Arild Hareide, le leader des chrétiens-démocrates, a annoncé vouloir retirer son parti de la majorité de droite, afin de former avec les travaillistes un gouvernement ayant le plus de poids possible au centre. Or sans les voix des huit députés chrétiens-démocrates au Parlement, le gouvernement d’Erna Solberg est condamné. Une situation que l’ancienne ministre en charge du développement local est prête à tout pour éviter. Quitte à durcir au passage le droit à l’IVG.
“Outil de sélection”
Pour s’assurer le soutien des chrétiens-démocrates, Erna Solberg propose ainsi de revoir deux dispositions dans la loi norvégienne relative à l’IVG. Premièrement, supprimer la possibilité d’avoir recours à la réduction embryonnaire jusqu’à la 12e semaine de grossesse en cas de grossesse gémellaire. Et deuxièmement, revoir l’autorisation d’avortement tardif au-delà de 18 semaines en cas de danger de maladie grave pour l’enfant. Une mesure qu’Erna Solberg n’hésite pas à qualifier de discriminatoire dans la foulée, mettant en garde contre l’avortement comme “outil de sélection” et exigeant que l’IVG soit limitée aux cas où l’enfant ne serait pas viable à la naissance. Un revirement rétrograde et blessant, qu’on a d’autant plus de mal à comprendre venant d’une femme.
Manoeuvre stérile
Bien sûr, les convictions de certaines femmes font que la perspective d’avorter est tout simplement inimaginable pour elles. Mais comparer l’avortement à une solution de confort mise en place par notre “société de triage” est le genre de remarque ignorante qui est d’ordinaire l’apanage des hommes. Parce qu’il n’y a pas besoin d’être maman soi-même pour comprendre qu’une femme qui porte la vie en elle ne choisira jamais l’IVG de gaieté de coeur ou sur un coup de tête. Et au-delà de la réputation exemplaire des pays scandinaves en matière de tolérance, on en attend bien mieux de la part d’Erna Solberg et des femmes en général. Qui plus est, quand il s’agit de menacer les droits d’autres femmes pour se maintenir au pouvoir: une manoeuvre aussi stérile que dangereuse qu’on espère pour le coup voir tuée dans l’oeuf.
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