La République Tchèque va indemniser les femmes victimes de stérilisation forcée
Quand elle s’appelait encore Tchécoslovaquie, au temps du rideau de fer, la République Tchèque a été le théâtre d’une campagne de stérilisation forcée des femmes pour tenter de contrôler la natalité.
Un contrôle qui a pris pour cible les femmes issues de la communauté rom, qui seraient des milliers à avoir été victimes de cette pratique qui aurait eu lieu entre 1970 et 2009, date de la dernière stérilisation recensée en République Tchèque, alors même que la politique de stérilisation avait été abolie dès 1990.
Des milliers de victimes en République Tchèque
Ainsi que le dénonce l’Association Européenne pour la Défense des Droits de l’Homme (AEDH), “toute la difficulté du processus d’incrimination réside dans le fait que les médecins aient réussi à extorquer des signatures de contrats aux femmes sur le point d’accoucher en leur expliquant que la stérilisation était nécessaire à leur survie présente ou future. Étant donné que ces femmes ne comprenaient pas toujours le tchèque, elles ont signé le papier qu’on leur tendait dans l’épuisement et la douleur, sans avoir compris ce qui en dépendait. Des filles aussi jeunes que 19 ans ont été stérilisées sans leur consentement éclairé suite à la naissance de leur premier enfant”.
Les conséquences négatives sur ces femmes sont multiples : peur, honte et perte du sentiment de féminité. S’en suivent des discriminations au sein même de leur communauté car dès leur secret dévoilé, celles-ci ont été souvent abandonnées par leurs époux et marginalisées” – AEDH.
En 2009, le premier ministre de l’époque avait présenté des excuses au nom de la République Tchèque aux femmes victimes de ce que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a qualifié de violation claire de l’article de la convention européenne des Droits de l’Homme interdisant la torture et les traitements inhumains. Après qu’une proposition de dédommagement gouvernementale ait été rejetée en 2015, les parlementaires tchèques ont aujourd’hui adopté un projet de loi prévoyant une compensation financière de 12 000€ à toute femme ayant été victime de stérilisation forcée. Soit environ l’équivalent du salaire moyen annuel dans le pays. Le prix d’une vie?
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