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jasmin © Capture Youtube BBC/Getty Images

SCANDALE: plusieurs grandes marques fabriqueraient du parfum avec du jasmin cueilli par des enfants en Égypte

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Un reportage tourné par la BBC à l’été 2023 vient de sortir. On y découvre le travail forcé des enfants dans les champs de jasmin en Égypte. Des champs dans lesquels se fournissent de grandes marques internationales pour leurs parfums. 

Le parfum est un élixir qui se vend à des prix parfois exorbitants pour seulement quelques millilitres. Derrière ces produits aux senteurs exceptionnelles, se cache une réalité bien plus sombre comme le dévoile le documentaire « Perfume’s Dark Secret » réalisé par la BBC. Le média britannique a filmé clandestinement la cueillette des fleurs de jasmin lors de l’été 2023 en Egypte, pays qui représente « la moitié de la production mondiale de fleurs de jasmin ». Or, selon le documentaire, les prix fixés par les marques pour les fournisseurs sont très bas. Si bas que beaucoup d’employés emmènent leurs enfants travailler avec eux dans les champs, afin d’amasser assez d’argent pour vivre. 

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Des enfants récoltent les ingrédients des fournisseurs de deux grandes entreprises de beauté.

Affirme le documentaire. Les marques concernées sont Lancôme qui appartient au groupe L’Oréal et Aerin Beauté possédé par Estée Lauder. Plus précisément, ce sont les parfums « Idole Intense » de Lancôme, « Limone di Sicilia » et « Ikat Jasmine » d’Aerin Beauté qui contiennent ce jasmin. 

« Je déteste le jasmin car je dois me lever très tôt pour le ramasser » 

Dès les premières secondes du documentaire, on voit une mère réveiller ses enfants au milieu de la nuit. Puis une petite fille qui semble avoir 6 ou 7 ans explique face caméra : « Je déteste le jasmin, car je dois me lever très tôt pour le ramasser. Parfois, je dors sous les arbres. » Quand on lui demande si elle sait à quoi sert ce jasmin, elle répond : « Il est transformé en parfum et vendu partout dans le monde. » Ces images ont été tournées dans la région de Gharbeya en Égypte. On découvre des mineurs qui n’ont parfois que 5 ans, réveillés par leurs parents pour aller aux champs. Heba, mère de famille filmée par la BBC, a quatre enfants âgés de 5 à 15 ans. Elle “réveille sa famille à 3 heures du matin pour commencer à récolter les fleurs avant que la chaleur du soleil ne les abîme ». Un choix qu’elle justifie par « le besoin », ses enfants doivent l’aider à travailler. Un travail qui a de lourdes conséquences sur la santé. En effet, après de longues expositions au pollen, des allergies, mais aussi d’autres pathologies peuvent se développer. Une enfant du documentaire a justement une allergie oculaire sévère due aux six heures de cueillette qu’elle effectue chaque nuit.

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1,5 kilo de fleurs pour 1,40 euro 

Tous les témoignages recueillis par la BBC se rejoignent sur un constat : « Le prix si bas du jasmin les oblige à faire travailler leurs enfants. » Plus concrètement, en une nuit Heba et sa famille ont récolté 1,5kg de fleurs de jasmin. Une cueillette dont le tiers a été donné au propriétaire du terrain et pour laquelle ils ont empoché 1,50 dollar soit 1,40 euro. Un prix ahurissant quand on pense aux prix auxquels le parfum est vendu. Toujours selon le média britannique, 30 000 personnes travaillent dans l’industrie du jasmin en Egypte, mais il est « difficile » de dire combien d’enfants en font partie. 

La réponse des marques face au documentaire 

Contactés par la BBC, les fournisseurs des maisons de Parfum de Lancôme et Estée Lauder ont réagi. Firmenich qui fabrique des parfums pour Estée Lauder, affirme avoir changé de fournisseur en Egypte, tandis que la maison Givaudan qui travaille pour Lancôme a déclaré : « Il nous incombe à tous de continuer à prendre des mesures pour éliminer le risque du travail des enfants. » Quant aux marques elles-mêmes, Estée Lauder a assuré qu’elle comptait « améliorer la transparence et les conditions de vie des communautés qui nous fournissent ». Le groupe L’Oréal, lui, s’engage à tout faire pour « identifier les violations potentielles des droits de l’homme et trouver des moyens de les prévenir et de les atténuer, en mettant l’accent sur les risques liés au travail des enfants ». 

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