““Sephora Kids”” la tendance qui envahit les réseaux et inquiète les dermatologues
Si vous traînez souvent sur TikTok, vous êtes sûrement tombé sur des vidéos de petites filles montrant en vidéo leur routine de soins pour la peau ou leurs nouveaux produits make-up. Elles n’ont parfois que 9 ou 10 ans et sont surnommées les « Sephora Kids » car on les voit bien souvent se ruer dans les rayons de l’enseigne de cosmétiques, partout dans le monde.
Le phénomène “Sephora Kids” surprend autant qu’il inquiète, comment des petites filles peuvent-elles se soucier de leur skincare à 9 ans ? Pourtant, il est de plus en plus répandu sur les réseaux sociaux. L’une des premières enfants à avoir lancé la « trend » est North West, la fille de Kim Kardashian et Kanye West, âgée de 10 ans. Elle se filme régulièrement en train de se maquiller sur son compte TikTok et montre également les produits de beauté qu’elle utilise.
Une mode que beaucoup de petites filles ont suivie aux Etats-Unis comme en Europe et qui fait désormais polémique. Faut-il laisser des enfants appliquer des crèmes et soins de la peau destinés aux visages d’adultes ?
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Les dermatologues alertent sur la dangerosité de cette tendance
Leurs produits favoris sont les crèmes, les sérums, mais aussi les Beauty blender, les produits pour sourcils, en bref des cosmétiques généralement utilisées par des femmes adultes. Certains parents défendent cette pratique en arguant que leurs enfants ne se maquillent qu’à la maison pour s’amuser, mais pas à l’école. Ou bien qu’elles appliquent des crèmes de jour qui ne font qu’hydrater la peau. Mais en grande majorité, ces produits ne sont pas adaptés à la peau des enfants. « Une peau d’enfant, c’est différent d’une peau d’adulte », insiste la dermatologue Marie Jourdan auprès de France Info. En effet, la peau d’un enfant est bien plus fragile qu’une peau adulte et ces produits peuvent lui causer des irritations. Une théorie confirmée par la chimiste spécialiste des produits pour la peau Michelle Wong interviewée par ABC News. Elle explique:
Notre peau atteint son apogée en terme de collagène, qui est l’une des protéines de la peau qui la maintient lisse et rebondie, en milieu de vingtaine. Si vous êtes beaucoup plus jeune que cela, par exemple 10 ans, vous n’avez pas vraiment besoin de ce genre de produits et ils peuvent même endommager votre peau.
Certaines crèmes ou sérums contiennent des ingrédients très agressifs, comme le rétinol, ou qui visent à ralentir le vieillissement, comme les acides exfoliants. Le problème : ces composants rendent la peau plus sensible au soleil. « Et si vous attrapez un coup de soleil avant l’âge de 18 ans, votre risque de mélanome augmente considérablement », rappelle la spécialiste. Le dermatologue américain Danilo Del Campo assure à l’AFP que les parents seraient mal informés sur les conséquences que ces produits peuvent avoir : “De plus en plus d’enfants utilisent des cosmétiques pour adultes. Beaucoup des parents que je reçois n’ont même pas idée qu’il y a un risque et font plus confiance aux ‘influenceurs beauté’ qu’à leur médecin. Il ajoute avoir constaté « une hausse des consultations pour des réactions cutanées et des soucis résultant d’un mésusage de ces produits”.
Une problématique de société
Le phénomène des « Sephora Kids » qui dévalisent les rayons de l’enseigne Sephora dans plusieurs vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, représentent un budget considérable pour les marques.
Ces dernières s’engouffrent donc dans la brèche en précisant que certains de leurs produits peuvent être utilisés par les enfants. Selon des données de Statista rapportées par la BBC, le marché des soins de la peau destinés aux bébés et aux enfants devraient augmenter de 7,71% par année jusqu’à 2028.
Mais cette tendance pose également question sur cette génération qui veut imiter les adultes de plus en plus tôt. Selon Michaël Story, psychanalyste interrogé par France Info, ce serait la faute à la quête de perfection renforcée par les réseaux sociaux. Il affirme : « C’est ce qu’on appelle la quête de l’image de soi (...) l’enfant se retrouve au quotidien à jouer un rôle ». L’usage des réseaux sociaux et l’omniprésence des écrans seraient le déclencheur de ces comportements qui ont aussi un impact psychologique. Danilo Del Campo témoigne de “problèmes d’estime de soi chez des jeunes enfants qui ressentent le besoin de corriger des défauts qui n’existent même pas”.
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