SHE/HER: pourquoi utiliser des pronoms sur les réseaux sociaux est important
She/her, he/him et they/them, voici quelques-unes des options d’auto-définition de genre que vous voyez s’afficher sur les bio Instagram. Davide Secci, du mouvement à Çavaria vzw, et l’activiste queer Inke Gieghase nous expliquent pourquoi nous devrions tous faire pareil en 2021.
Grand·e ou petit·e, blanc·he ou noir·e, elle, lui ou aucun des deux, bisexuel·le ou pansexuel·le; chacun·ne a droit à l’égalité des chances, à l’égalité de traitement et à prendre sa place dans notre société. Mais bien que nous soyons nombreux·ses à rappeler à quels points le respect des droits fondamentaux est une priorité, et ce même dans une société progressiste comme la nôtre, tout le monde ne semble pas encore le comprendre.
Pour notre rédaction, utiliser le plus souvent possible l’écriture inclusive a été l’une des pierres angulaires de notre changement de cap, afin que la diversité soit représentée et que chacun·e puisse se reconnaître dans la majorité de nos écrits. Sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être aperçu que des utilisateurs·trices mentionnent des pronoms dans leur biographie afin d’être identifié·e comme il se doit. Les grandes entreprises sautent également le pas petit à petit. Asos, par exemple, mentionne sur Instagram en légende de chaque photo comment le modèle s’identifie.
Pourquoi? Davide de Çavaria nous l’explique. Une interview de Jolien Meremans.
Pour aller droit au but: pourquoi devons-nous mettre ces pronoms dans notre biographie et notre signature électronique?
Davide: “Il est utile de savoir comment s’adresser aux gens. Nous comptons encore trop souvent sur l’apparence de quelqu’un pour lui parler. Mais c’est en fait à la personne de déterminer quels pronoms elle / il / iel aime utiliser. De cette façon, quelqu’un d’autre ne peut pas faire cette erreur. C’est aussi un bon moyen de briser vous-même le tabou autour de l’identité de genre. Il y a bien plus que «elle» et «il». Afin de briser cette binarité, il est important d’indiquer qu’il y a en effet beaucoup de gens qui n’aiment pas qu’on les appelle «il» ou «elle» ».
Mon conseil? Par respect, adressez-vous toujours à la personne en question par son nom.
Quelqu’un m’a fait remarquer que c’est aussi une forme de respect que de mentionner cela dans notre biographie, est-ce exact?
«Absolument, parce que de cette manière, vous contribuez également à une société plus inclusive dont tout le monde peut faire partie, et pas seulement les personnes qui pensent appartenir à la majorité de la société.
Nous mettons alors à nouveau tout le monde dans des cases. N’est-ce pas justement ce que nous voulons éviter?
«Il est en effet possible d’avoir une discussion philosophique très large à ce sujet. D’une part, si vous ne nommez pas les gens, ils restent invisibles. Le nom correct est important pour créer de la visibilité. D’autre part, en appliquant un langage inclusif, il devient quelque peu évident que vous prenez en compte la diversité en termes de genre et de sexualité. C’est pourquoi il est important que non seulement les individus, mais aussi les organisations et les entreprises utilisent ce langage pour être en mesure de garantir cette inclusion ».
Pensez-vous que chacun devrait déclarer son identité de genre ou sommes-nous libres de décider par nous-mêmes?
‘Définitivement pas! En fin de compte, il s’agit toujours d’autodétermination. Il ne s’agit pas seulement de l’utilisation des pronoms, mais aussi de la façon dont vous gérez vous-même votre identité de genre. Certaines personnes n’aiment pas du tout partager qui elles sont, parce qu’alors vous abandonnez également une partie de vous-même. Chacun·e est donc libre de décider par elle/lui-même!
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Et si nous ne le savons pas encore?
«Les gens qui ne sont pas encore sûrs de leur identité de genre et qui sont encore en recherche choisissent parfois d’utiliser certains pronoms. Bien entendu, ils/elles ne doivent rien mentionner dans leur biographie, sauf s’elles/ils ont déjà une préférence ou souhaitent être adressé·e·s d’une certaine manière pour assurer le bon déroulement de la communication. Mon conseil? Adressez-vous toujours à la personne en question par son nom, par respect. ”
Supposons que quelqu’un s’adresse à moi avec le mauvais pronom. Comment puis-je répondre au mieux à cela?
«De façon brève mais douce. Si je vous approche en disant ‘elle’, mais que vous préférez autre chose, il vous suffit de me le signaler, afin que la conversation puisse être menée de la bonne manière par la suite.
Le nom correct est important pour créer de la visibilité et travailler à l’inclusion dans la société.
Parfois, il y a une réaction assez forte lorsque le mauvais pronom est utilisé. N’est-il pas humain que nous ne sachions pas comment nous adresser à quelqu’un dans tous les cas?
«Pour être clair: il est permis de faire des erreurs. C’est surtout la conscience de vos erreurs qui est importante”.
La dénomination il/elle est très ancrée dans notre société. Sur la plupart des enquêtes, vous ne pouvez indiquer que homme ou femme dans les formulaires, les manuels contiennent principalement des exemples hétérosexuels ... Y a-t-il une amélioration à venir?
«Ça aurait dû être fait hier ... Heureusement, il y a déjà beaucoup de questions sur la table qui sont maintenant en cours de discussion avec divers acteurs: faut-il complètement abolir l’enregistrement du genre? Devrait-il y avoir un x? Malheureusement, il reste encore beaucoup de questions auxquelles il faut répondre en premier. C’est une question très complexe. Nous en sommes encore loin, mais nous sommes sur la bonne voie. Notre utilisation de la langue est de plus en plus inclusive et vous remarquerez également que les grandes organisations font vraiment de leur mieux pour mettre en œuvre des changements positifs . Nous le devons en grande partie aux différents centres d’expertise où se trouvent non seulement des personnes qui ont des questions sur leur identité de genre, mais aussi des personnes qui n’en ont pas.
Inke n’est pas binaire et appelle quiconque le peut à lister les pronoms.
Inke vit ouvertement comme une personne non binaire depuis cinq ans et a figuré sur notre couverture l’année dernière. Ses pronoms sont “iel/ellui”. Inke explique pourquoi il est si important d’inclure autant que possible vos pronoms sur les réseaux sociaux.
‘J’ai Instagram depuis deux ans maintenant et d’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai mentionné mes pronoms dans ma bio presque immédiatement parce que les pronoms n’étaient pas normalisés à l’époque, et ne le sont toujours pas. Les gens associent encore trop souvent mon corps à mon identité de genre. En écrivant mes pronoms dans ma bio, j’essaie d’éviter cela et de donner la chance aux autres de s’adresser à moi tout de suite correctement. Cela m’aide à me sentir plus en sécurité et plus à l’aise sur les réseaux sociaux. De plus, quand j’en verrai d’autres le mentionner dans leur biographie, je serai plus susceptible de suivre cette personne, simplement parce que je sais qu’elle / lui / iel est conscient·e de l’importance de le mentionner.
En fait, j’inclue toujours mes pronoms lorsque je rencontre quelqu’un de nouveau. Je dis quelque chose comme “Bonjour, je suis Inke et mes pronoms sont iel/ellui”. De cette façon, j’espère éviter les erreurs de genre. Bien sûr, je ne veux pas obliger tout le monde à faire ça et à ajuster sa biographie. Vous ne devriez le faire que si vous êtes à l’aise avec cela, car ce n’est pas toujours aussi évident. J’appelle celleux qui sont dans une situation sûre quant à la définition de leurs pronoms de profiter de ces privilèges et d’inclure les pronoms à leur quotidien. Ce n’est qu’alors que nous pourrons éventuellement les normaliser. Souvent, seul le groupe marginalisé est censé résoudre le problème, alors que nous ne sommes pas du tout la cause du problème. Nous devons aller vers un changement de mentalité et nous assurer que tous les pronoms sont normalisés et que personne n’est mal nommé. Et si ça arrive par accident, ce n’est pas un désastre. Plus important encore, les gens qui font l’effort d’en prendre conscience pourront respecter notre identité de genre la prochaine fois”.
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