SIERRA LEONE : le président donne son accord pour dépénaliser l’avortement
Alors que les Etats-Unis reculent, la Sierra Leone avance en matière de droit à l’avortement. Le président Julius Maada Bio a donné son feu vert à un projet de loi qui vise à dépénaliser l’IVG.
Située en Afrique de l’Ouest, la Sierra Leone est un pays dans lequel le taux de grossesse chez les adolescentes et l’un des plus élevés du monde. Environ 30 % des filles âgées de 15 à 19 ans ont déjà accouché. Des chiffres qui vont de pair avec un taux de mortalité maternelle très haut, puisque les avortements à risque représentent presque 10 % des décès en Sierra Leone. Face à ce constat, le président Julius Maada Bio a décidé de modifier la loi qui interdit l’interruption volontaire de grossesse sauf en cas de risque pour la vie de la mère. Un texte encore actuel, qui date pourtant de l’époque coloniale puisqu’il est entré en vigueur en 1861. Il a donc annoncé lors de la Conférence africaine sur la santé et les droits sexuels que son gouvernement soutient à l’unanimité un projet baptisé « Maternité sans risque » qui vise à dépénaliser l’avortement, mais aussi à prioriser la santé des femmes.
Lire aussi : La Nouvelle-Zélande légalise enfin l’avortement
« À une époque où les droits des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive dans le monde sont soit renversés soit menacés, nous sommes fiers que la Sierra Leone puisse à nouveau mener une réforme progressiste. »
Julius Maada Bio
Si le projet de loi doit encore être approuvé par le Parlement Sierra-léonais, il marque une « avancée monumentale » comme l’ont déclaré les groupes de défense des droits des femmes du pays. Au-delà de garantir un accès libre et sécurisé à l’avortement, il permettra aux femmes de bénéficier de soins post-avortements et d’autres services de santé nécessaires.
À l’adolescence, j’ai failli saigner à mort après un avortement clandestin. Que cette génération soit la dernière à vivre ces horreurs.
Josephine Kamara
Militante féministe
Une amélioration de l’accès à la contraception
Le programme « Maternité sans risque » prévoit aussi un élargissement de l’accès à la contraception afin de prévenir les grossesses non-désirées chez les adolescentes. Enthousiastes face au progrès que représente ce projet de loi, les militantes restent sur leur garde : « Le gouvernement doit maintenant s’assurer que la loi est pleinement appliquée, y compris avec de nouvelles directives sur l’avortement, la formation des prestataires de soins de santé, l’achat de médicaments adaptés pour l’avortement et le financement », ont déclaré Rosa Bransky et Chernor Bah, co-directrices de l’association féministe Purposeful.
À lire aussi :
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici