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©  WAKIL KOHSAR/AFP via Getty Images

Les Talibans ordonnent la fermeture des salons de beauté en Afghanistan, derniers lieux de sociabilisation des femmes

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Ce mardi 4 juillet, le gouvernement taliban au pouvoir en Afghanistan a annoncé que tous les salons de beauté du pays devraient fermer leurs portes dans un mois. Une mesure qui fait suite à de nombreuses autres règles réprimant la liberté des femmes.

Depuis leur retour à la tête du pays en août 2021, les Talibans n’ont cessé de faire passer de nouvelles lois restreignant l’accès des femmes aux espaces publics. Actuellement, les Afghanes n’ont plus le droit de paraître dans les parcs et jardins publics de Kaboul, ni dans les salles de sport et les bains publics. Les femmes n’ont plus accès aux écoles secondaires, aux universités, ni à la plupart des emplois publics du pays. Elles ne peuvent pas sortir sans porter le voile intégral et ne peuvent plus voyager seules en dehors de leur ville. La vente de contraceptifs a été interdite dans plusieurs villes du pays, et même les mannequins des vitrines doivent désormais avoir le visage couvert. Mais ce 4 juillet, c’est une nouvelle interdiction qui a été annoncée.

Lire aussi : AFGHANISTAN : les visages des mannequins dans les vitrines doivent désormais être couverts

Un mois pour permettre aux établissements d’écouler leurs stocks avant la fermeture

Le porte-parole du ministère de la Prévention du vice et de la Promotion de la vertu, Mohammad Sadeq Akif Muhajir, a confirmé ce mardi à l’AFP la fermeture de tous les salons de beauté d’Afghanistan. La raison de cette décision ? Elle n’est pas encore connue. Le porte-parole a indiqué : « « Une fois qu’ils auront été fermés, nous en donnerons la raison aux médias. » Selon une copie écrite du décret consultée par l’AFP, cette nouvelle restriction « s’appuie sur une instruction verbale émanant du chef suprême » de l’Afghanistan, Hibatullah Akhundzada. Les salons de beauté ont à compter de ce 4 juillet, un mois pour écouler leur stock « sans connaître de pertes » et fermer leurs enseignes. Des commerces bien souvent gérés par des femmes, qui étaient les derniers lieux de liberté et d’échange pour les femmes du pays. Une gérante d’un salon de Kaboul qui a demandé de rester anonyme déclare :

Je pense que ce serait mieux si les femmes n’existaient pas du tout dans cette société. Je le dis maintenant : j’aimerais ne pas exister. J’aimerais que nous ne soyons pas nées en Afghanistan ou que nous ne venions pas d’Afghanistan. 

De son côté, une employée d’un salon de beauté explique le rôle social que ces établissements jouent pour les Afghanes : “Les femmes avaient l’habitude de discuter, de raconter des potins. On ne se battait pas ici, il n’y avait pas de bruit. Quand on voit des visages heureux et énergiques, ça nous requinque aussi. Le salon a un rôle très important: cet endroit nous permet de nous sentir bien. » Dans un rapport présenté il y a quelques jours aux Nations Unies, Richard Bennett, spécialiste de la question de l’Afghanistan, s’est indigné de la condition des femmes sur le territoire. Il a affirmé : « La discrimination grave, systématique et institutionnalisée à l’encontre des femmes et des filles est au cœur de l’idéologie et du pouvoir des talibans. » 

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