Tatyana, Alise et Nikita: la famille devenue symbole de la barbarie de la guerre en Ukraine
L’image de leurs corps ensanglantés, fauchés en pleine fuite, a choqué le monde. Victimes de l’invasion russe de l’Ukraine, Tatyana et ses deux enfants, Alise et Nikita, sont devenus les symboles de la cruauté de Poutine et de la barbarie du conflit qu’il a démarré de l’autre côté de la frontière.
D’eux, il serait tentant de ne se souvenir que des images traumatisantes qui ont été diffusées en boucle dans les médias. Les corps ensanglantés de Tatyana et ses deux enfants, leurs silhouettes recouvertes d’un drap, le bruit des deux chiens de la famille qui pleurent dans leurs cages de transport tandis que gisent à côté d’eux leurs maîtres, morts. La barbarie d’une guerre qui remplit d’effroi celles et ceux qui assistent, impuissants, à la résurgence de manoeuvres qu’on croyait avoir abandonnées au siècle dernier.
Fauchés alors qu’ils tentaient de fuir la ville assiégée d’Irpin, en Ukraine, Tatyana Perebeynos et ses deux enfants, Alise et Nikita, sont tout à la fois devenus les symboles de la cruauté de Poutine, des mensonges proférés autour de prétendus “couloirs humanitaires” pour évacuer les Ukrainiens qui veulent échapper aux tirs et du coût humain d’une guerre qui aurait pu et dû ne jamais avoir lieu. Des martyres, dont les derniers instants ont fait le tour du monde, et qui méritent pourtant qu’on se rappelle d’eux autrement.
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Fort heureusement, de l’étourdissant tourbillon médiatique qui tempête depuis l’invasion russe de l’Ukraine à la fin février, est sorti un portrait de ceux que Tatyana, Alise et Nikita étaient de leur vivant. Une manière de rendre hommage à leur mémoire et de s’assurer de se souvenir de leurs visages plutôt que de leurs linceuls.
Comptable chez SE Ranking, une start-up active dans le domaine de l’IT, Tatyana Perebeynos était en Géorgie avec des collègues quelques jours seulement avant que la Russie ne déclare la guerre à l’Ukraine, et choisissait alors encore de rire de ce que le futur lui réservait plutôt que d’imaginer l’éventualité d’une guerrilla sanglante dans les rues de son pays. Dans un hommage rendu par ces derniers à Tatyana, ils ont loué les qualités d’une collègue qui sera “fortement regrettée” au sein de l’entreprise.
Tatyana était connue pour son tempérament chaleureux et accueillant ainsi que pour son sens de l’humour légendaire. Elle était intelligente, futée, déterminée: une vraie grande soeur pour le reste de l’équipe”.
“Elle faisait toujours preuve de patience, même quand on lui posait les questions les plus idiotes au sujet de la comptabilité” se sont encore souvenus ses collègues, qui lui ont rendu hommage sur la page Facebook de SE Ranking. Si Tatyana n’avait pas pu fuir avant que la situation ne devienne critique à Irpin, c’est parce qu’elle avait choisi de rester aux côtés de sa mère, malade, pour prendre soin d’elle.
Dans un hommage rendu par le “Telegraph“, des proches de Tatyana ont souligné à quel point, jusqu’au bout, elle avait été forte pour ses proches.
Même dans les moments les plus difficiles, même quand un missile a détruit leur appartement et qu’ils ont dû dormir dans la cave, elle n’a perdu ni son courage ni son sens de l’humour, aidant sa famille à tenir le coup moralement”.
Une mère courage qui a emmené ses enfants dans cette rue de la banlieue de Kiyv parce qu’on leur avait assuré qu’elle faisait partie des “corridors humanitaires” et qu’ils pourraient la traverser sans risques pour se mettre à l’abri des bombes. L’homicide de Tatyana, Alise et Nikita, qui n’étaient pas armés et tentaient de se mettre en sûreté, a été qualifié de “crime envers l’humanité” par les anciens collègues de la native du Donetsk. Qui ont tenu à apporter leur soutien à son mari et au père des deux enfants, qui devra enterrer toute sa famille d’un coup, mais aussi à marteler l’importance “de ne pas laisser Tatyana, Alise et Nikita devenir de simples statistiques”.
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