TEN TEN: l’application fait un carton auprès des ados, mais inquiète jusqu’en Belgique
Depuis plusieurs semaines, les adolescents ne jurent presque plus que par Ten Ten, une application française qui transforme nos smartphones en talkie-walkie. Mais l’app inquiète par son côté intrusif et le manque de protection des données. En Belgique, Ten Ten a déjà poussé une école à agir.
Une nouvelle application a fait son apparition sur les plateformes de téléchargements mobiles, en avril dernier. Son nom? Ten Ten. Cette app gratuite permet de transformer son téléphone en talkie-walkie et fait un carton auprès des plus jeunes, avec déjà plus d’un million de téléchargements en quelques semaines.
Mais Ten Ten inquiète aussi, notamment par son côté intrusif. En effet, à l’instar des talkies-walkies, les messages envoyés via l’application française sont lus automatiquement par le téléphone du destinataire. Et ce, sans que ce dernier ait à ouvrir l’application. D’ailleurs, ses créateurs sont plutôt explicites à ce propos. “Chante, crie ou chuchote... tes amis t’entendront en temps réel, même quand le tel est verrouillé”, peut-on lire dans la description de l’app sur le Google Play et l’Apple Store.
En France, des cours ont déjà été interrompus par des messages envoyés via Ten Ten, indique le journal L’Indépendant, qui rapporte notamment le témoignage d’une enseignante en réponse à une question à propos de l’application partagée sur Reddit. “J’ai un élève qui a eu l’appli qui s’est mise en route mardi matin. Il est devenu rouge et a plongé dans son sac pour essayer maladroitement d’éteindre son téléphone”, écrit-elle. “Il y a eu des incidents dans mon établissement avec utilisation en cours et en heure d’étude”, écrit un autre. “Plusieurs incidents dans des classes chez nous. La direction a prévenu les élèves que l’émetteur et le receveur seraient sanctionnés, car le téléphone est censé être éteint pour tous”, écrit un troisième.
En Belgique aussi
En Belgique, aussi, on craint que ce genre d’incidents devienne monnaie courante. La directrice du Collège da Vinci, à Perwez, dans le Brabant wallon, a récemment envoyé un courrier aux parents afin de les informer que des “dérives” avaient récemment été “observées en classe suite à l’utilisation par des élèves” de Ten Ten. “En dehors de l’impact qu’elle pourrait avoir sur leur concentration, leur sommeil ou leur intimité, cette app n’est évidemment pas compatible avec le sérieux que le travail en classe exige”, écrit-elle dans cet e-mail relayé par le journal L’Avenir.
La directrice de l’établissement rappelle qu’elle ne peut interdire aux élèves d’avoir un smartphone, mais qu’en revanche, “l’usage de Ten Ten est évidemment interdit au sein du collège, à quelque moment que ce soit”. Précisant que l’application doit être éteinte durant les heures scolaires et que “tout débordement ou dérive sera sanctionné”.
Et la protection des données, dans tout ça?
Outre son côté intrusif, c’est aussi le respect de la vie privée qui inquiète. En effet, l’application collecte certaines données de ses utilisateurs, comme les contacts, les photos et vidéos, ou encore les numéros de téléphone. Dans ses conditions d’utilisation, on peut lire que les données personnelles des utilisateurs peuvent être exploitées “lorsque cela est raisonnablement nécessaire pour atteindre nos intérêts commerciaux légitimes”. Les créateurs de l’app ne précisent toutefois pas quelle est la nature de ces “intérêts commerciaux légitimes”.
Cela inquiète le ministère français de l’Intérieur, qui met en garde: “L’application récupère automatiquement l’adresse IP, la localisation et d’autres informations sensibles. Autant d’informations qui peuvent fuiter, et pourront par la suite être recoupées”. Il invite, en outre, les adultes et utilisateurs à rester vigilants à la façon qu’ont les adolescents d’utiliser Ten Ten: “[Ils] partagent leurs pseudonymes dans les commentaires des vidéos TikTok (...). Discuter avec des inconnus en ligne est un risque, surtout sans connaître leur identité.”
Auprès de nos confrères du Parisien, le fondateur de Ten Ten, Jule Comar, assure que lui et son équipe sont entre train de travailler “à clarifier les contours de l’utilisation des données”, ajoutant qu’ils ne collectent “pas les données comme la Chine car [ils] n’en [ont] pas envie ou pas le besoin”. Il indique également: “Nous ne stockons pas les conversations car nous n’avons pas besoin de les enregistrer, et c’est impossible techniquement de les écouter de notre côté.”
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