Sur TikTok, les Iraniennes du monde entier poursuivent le combat
Depuis la mort de la jeune Mahsa Amini, l’Iran connaît une vague de manifestations contre la police des mœurs et pour la liberté des femmes. Une véritable révolution sociétale qui prend également place sur les réseaux sociaux.
À 22 ans, Masha Amini, est arrêtée dans les rues de Téhéran par la police des mœurs, car sa tenue n’est pas conforme à la loi imposée dans la République islamique selon les officiers. Peu après avoir été emmenée au commissariat sous le motif de « vêtements inappropriés », Mahsa Amini est à l’hôpital dans le coma suite à une commotion cérébrale selon l’équipe médicale. Une version que les autorités du pays ne partagent pas, selon eux la jeune femme a eu un « incident cardiaque », et nie toute violence perpétuée à son égard. De son côté, son frère affirme avoir vu sa sœur couverte de bleus à l’hôpital. Trois jours plus tard, Mahsa Amini décède. Un événement tragique qui a bouleversé le pays et provoqué la colère du peuple iranien, qui demande la fin de la police des mœurs. Cette instruction, créée en 2005, a pour mission de veiller à ce que le port du voile obligatoire dans le pays, soit bien respecté et également à contrôler les tenues des femmes iraniennes, selon une loi de 1983, qui rend obligatoire le port du hijab aux femmes et aux filles âgées de plus de 7 ans. Selon le site du Comité de soutien aux droits de l’Homme en Iran, une femme iranienne « vue en public sans foulard est passible d’une arrestation, d’une peine de prison, de la flagellation ou d’une amende ». Pas de manteaux trop courts, pas de trou dans les jeans, pas de bas trop moulant ou de couleur trop vive, pas de manches trop courtes, de chevilles exposées et pas de vernis, voilà un aperçu des interdictions que contrôle la police des mœurs.
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Une révolution féministe
Si les Iraniennes avaient déjà exprimé plusieurs fois leur désaccord face à l’oppression du régime, elles sont désormais prêtes à tout pour y mettre fin, après la mort de Masha Amini. Femmes, hommes et enfants se rassemblent chaque jour dans les rues depuis le 16 septembre dernier. Des manifestations fortement réprimées et qui ont déjà fait des dizaines de morts et de blessés et des centaines d’arrestations. Lundi 26 septembre, l’ONG Iran Human Rights recensait 76 décès. Mais si la révolte envahit les rues de Téhéran, elle se fait également en ligne, sur les réseaux sociaux. Bien que les autorités Iraniennes tentent de limiter l’accès à Internet et au réseau mobile, elles sont des centaines d’Iraniennes à poster des vidéos poignantes sur TikTok afin de manifester leur résistance. Comme dans les rues, de nombreuses filles se coupent les cheveux et brûlent leur hijab face caméra afin de protester contre les règles étiquetées par le régime.
« Pour toutes mes sœurs, pour Mahsa », peut-on lire en légende. Dans un autre post, deux jeunes filles se filment en train de manifester, la bouche ornée de l’inscription « HELP » au feutre rouge, se coupant mutuellement les cheveux pendant qu’un homme se rase la tête en signe de protestation et de soutien aux femmes iraniennes en arrière-plan.
Des vidéos montrent également quel port du hijab est considéré comme correct et lequel peut vous valoir d’être arrêtée comme l’a été Masha Amini.
D’autres relaient des images des manifestations en suppliant le monde de les montrer au cas où leur accès à Internet serait totalement coupé. Des posts bouleversants qui comptabilisent des millions de vues et qui contribuent à sensibiliser le monde entier sur ce qu’il est en train de se passer en Iran.
Des jeunes femmes ont également lancer une tendance qui vise à montrer les tenues qu’elles portent, un principe qu’elles ont nommé « Get ready with me to get killed in Iran », littéralement « préparez vous avec moi pour être tuée en Iran » qui dénonce les agissements de la police des moeurs. On les voit en pleurs, enfiler un pantalon noir, une longue tunique de couleur sombre, des baskets et un voile noir. Reprise par des milliers de femmes, le mouvement prend de l’ampleur et éveille les consciences sur la gravité de la situation.
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