““Tintin au Congo”” a été republié avec une préface sur son contexte colonial
La bande dessinée « Tintin au Congo » d’Hergé vient d’être republiée, mais l’histoire est désormais accompagnée d’une préface qui remet l’ouvrage dans le contexte historique de l’époque.
Initialement paru en feuilleton en 1930-1931 puis en un volume en 1931, le livre « Tintin au Congo » vient de paraître à nouveau dans les librairies dans une version inédite, coloriée et dotée d’une nouvelle couverture où Tintin fait face à un lion, éditée par les éditions Casterman et Moulinsart. Mais la nouveauté la plus importante est une préface ajoutée à l’ouvrage pour le situer dans son contexte colonial. Une préface réclamée depuis plusieurs années par le Conseil représentatif des associations noires et aujourd’hui saluée par l’association.
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C’est depuis 2007 qu’on se bat pour l’avoir, donc c’est une satisfaction. Le bon sens l’a emporté.
Assure le fondateur du collectif Patrick Lozès. Il poursuit : “Cet album renvoie à une époque, heureusement révolue, où il était acceptable de considérer les Noirs comme des êtres inférieurs. » Il conclut :
Dans l’album, les Africains sont les seuls à s’exprimer comme des imbéciles. Même un chien parle mieux qu’eux. On ne pouvait plus laisser les jeunes lecteurs face à ça, sans contexte, sans explication.
Une préface qui n’est pas suffisante pour certains historiens
Mais selon Pascal Blanchard, historien spécialiste de l’imaginaire et de la propagande colonialiste, ces changements ne sont pas forcément suffisants et parfois même pas cohérents : « C’est très intéressant et intelligent de leur part de faire ce travail. Car il faut publier Tintin tel qu’il était à l’époque, mais je trouve étonnant que la couverture ne mentionne pas cet avant-propos. Et que le petit garçon congolais disparaisse : cette couverture, ils l’ont déracialisée ! » Au sujet de la préface en elle-même, il commente : « Cette préface est très contestable. Elle nous dit qu’Hergé serait une simple éponge de son époque. C’est léger, c’est faux. Hergé a fait un choix politique d’ignorer les sources qui décrivent la violence de la colonisation. » Un premier ajout à la BD originale qui malgré les observations, reste une avancée notoire et nécessaire.
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