Entre gym et école, tout ce que les talibans ont interdit aux Afghanes depuis leur retour
Ils ont beau avoir juré qu’ils prendraient soin des femmes lorsqu’ils ont repris le pouvoir en Afghanistan à l’été 2021, sans surprise, les talibans ont à nouveau exclu ces dernières de la vie publique du pays.
Dernière exclusion en date: les salles de gym et les bains publics, où les Afghanes n’auront désormais plus le droit de se rendre. La raison? “Les salles de sport sont fermées aux femmes parce que leurs entraîneurs étaient des hommes et que certaines (des salles) étaient mixtes”, a déclaré à l’AFP ce dimanche 13 novembre Mohammad Akif Sadeq Mohajir, porte-parole du ministère taliban de la Prévention du vice et de la Promotion de la vertu. Et d’ajouter qu’à l’heure actuelle, “chaque maison comporte une salle de bains” et que l’interdiction des visites aux bains publics ne poserait aucun problème aux femmes pour se laver.
Une déclaration à prendre avec une (sacrée) pincée de sel, dans un pays où la pauvreté fait rage et où il est fort peu probable que les habitantes des communautés rurales aient chacune une baignoire ou une douche à domicile. Les talibans seraient-ils donc de mauvaise foi? Difficile de ne pas leur jeter la pierre (sans mauvais jeu de mot) en mettant en parallèle tout ce qu’ils ont interdit aux Afghanes en un peu plus d’un an de retour au pouvoir et leur promesse de faire preuve de “tolérance” envers les femmes, et de les laisser travailler ainsi que de laisser les filles suivre leur scolarité. Dans les faits?
Voici tout ce qui est interdit aux Afghanes depuis le retour des talibans au pouvoir
- Se rendre à la salle de gym
- Utiliser les bains publics
- Fréquenter les parcs et les jardins publics de Kaboul
- Participer à la vie politique du pays
- Poursuivre leur scolarité au-delà de l’école primaire
- Voyager sans chaperon masculin
- Choisir ce qu’elles veulent étudier à l’université (interdiction de suivre des études de journalisme, médecine vétérinaire, ingénierie et économie, entre autres)
- Occuper des postes de fonctionnaires ou d’enseignantes
- Sortir dans l’espace public sans voile intégral
- Se déplacer sur une distance de plus de 72km sans chaperon masculin
Objectif officieux de ces mesures qui font écho à toutes les interdictions mises en place lors de leur premier passage au pouvoir? Réduire les femmes à la domesticité et à une dépendance complète de leurs proches masculins, une position de servilité qui les empêche de pouvoir envisager la moindre indépendance, faute d’argent propre ou même de la possibilité de se déplacer seules. Une situation que dénonce ONU Femmes.
Des décennies de progrès en matière d’égalité des sexes et de droits des femmes ont été anéanties en quelques mois. Nous devons continuer à agir ensemble, unis dans notre insistance sur les garanties de respect de l’ensemble des droits des femmes” rappelle ainsi Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes.
Pour sa part, Amnesty International décrie la manière dont les talibans “détruisent la vie des femmes et des filles”, soulignant que “depuis qu’ils ont pris le contrôle du pays en août 2021, les talibans ont violé les droits des femmes et des filles à l’éducation, au travail et à la liberté de mouvement ; décimé le système de protection et de soutien pour les personnes fuyant la violence domestique ; arrêté des femmes et des filles pour des infractions mineures à des règles discriminatoires ; et contribué à une forte augmentation des mariages d’enfants, des mariages précoces et des mariages forcés en Afghanistan”. Et Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, de rappeler que “les talibans privent délibérément des millions de femmes et de filles de leurs droits fondamentaux, et les soumettent à des discriminations systématiques. Si la communauté internationale s’abstient d’agir, elle abandonnera les femmes et les filles d’Afghanistan, et fragilisera les droits partout ailleurs”.
Et à notre échelle, qu’est-ce qu’on peut faire? La rédaction a compilé une série de mesures concrètes pour soutenir les Afghans depuis la Belgique.
Lire aussi:
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici