VENDÉE GLOBE : la navigatrice Clarisse Crémer privée de course en raison de sa maternité ?
Clarisse Crémer détient le record féminin du Vendée Globe et pourtant, elle risque de ne pas pouvoir concourir lors de la prochaine édition, car elle vient d’avoir un enfant. Une maternité qui lui aurait fait prendre du retard et l’empêcherait d’être sur la ligne de départ selon le règlement.
Devenir mère serait un frein pour la carrière des femmes navigatrices ? C’est ce qu’affirme la skipper Clarisse Crémer qui a accouché de son premier enfant en novembre 2022. Le 2 février dernier, elle a publié un post sur son compte Instagram afin d’expliquer pourquoi son sponsor sur la course, la Banque Populaire, avait mis fin à leur partenariat. Elle évoque « un risque trop fort » de ne pas être sélectionnée pour participer à la course. Pourtant, Clarisse Crémer détient le record féminin du Vendée Globe, mais sa maternité lui aurait fait prendre du retard selon le nouveau réglement mis en place en 2021. Elle déclare dans un post LinkedIn : « Les règles du Vendée Globe pour l’édition 2024 imposent à tous les skippers une concurrence basée sur le nombre de miles parcourus en course », avant l’épreuve.
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Or, Clarisse Crémer ayant eu un enfant, a dû prendre une pause et n’a pas participé à des compétitions pendant quelques mois, ce qui constitue désormais un « retard dans sa qualification ». Ce retard représente un risque pour la participation de la skipper à la course, risque « qu’ils ne souhaitent finalement pas courir » selon sa déclaration sur son sponsor. Dans un post Instagram, elle affirme : « Banque Populaire décide de me laisser à quai. » Elle poursuit : « Malgré ma volonté constante, je ne serai pas au départ du Vendée Globe 2024. […] Je suis sous le choc, d’autres projets lancés bien plus récemment continuent pourtant sans sourciller. Il restait 2 saisons complètes et 4 transatlantiques pour revenir au niveau, j’étais à fond pour finir ma rééducation au plus vite. Mais pour Banque Populaire ce serait « laisser le destin choisir à leur place », alors qu’ils « se doivent » d’être au départ du Vendée Globe.”
Ils sont prêts à assumer le risque d’un trimaran géant, et tous les aléas naturels, techniques et humains liés à la course au large, mais visiblement pas celui de la maternité.
Un règlement injuste envers les compétitrices
Clarisse Crémer prend également pour responsable l’organisation du Vendée Globe qui selon elle a instauré un règlement qui pénalise les femmes qui choisissent d’être mères. « L’organisation du Vendée Globe se contente par ailleurs d’être « désolée pour moi » mais « ne peut rien faire ». C’est pourtant elle qui écrit les règles. Rappelons qu’il y a 4 ans, j’aurais été sélectionnée automatiquement car finisseuse de l’édition précédente. Rappelons que 13 bateaux neufs (1/3 de la flotte) bénéficient d’une dérogation pour être sélectionnés d’office au prochain Vendée Globe au nom du soutien à l’innovation. » Elle conclut :
Les règles d’une compétition sont censées garantir l’équité et l’esprit sportif. Aujourd’hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant, quand bien même elle serait une sportive reconnue, déjà finisseuse de l’édition précédente. Au 21e siècle, à qui veut-on faire croire que de telles règles seraient équitables ? On a beau jeu de déplorer, ensuite, le faible nombre de femmes sur les lignes de départ.
Après avoir remercié toutes les personnes qui la soutiennent, la navigatrice de 33 ans a exprimé le souhait de naviguer à nouveau accompagnée d’un sponsor qui « partagera les convictions humaines ». Elle explique avoir décidé de partager publiquement cette histoire au nom de toutes les sportives qui traversent les mêmes difficultés et n’ont peut-être pas l’opportunité de prendre la parole. Elle interroge : « Que signifie l’égalité pour les femmes ? Se comporter en tout point comme les hommes et donc surtout ne pas être enceinte ? », avant d’espérer que son message pourra faire changer les choses et faire progresser notre société. De son côté, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a réagi dans un post publié sur Twitter. Elle dit avoir “échangé avec Alain Leboeuf (président du Vendée Globe), selon elle, le président de la compétition « reconnaît que le règlement de la course devra impérativement évoluer pour permettre aux navigatrices de vivre sereinement leur maternité ». La ministre précise : « Pour 2024, les chances de Clarisse ne sont pas éteintes. »
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