Élodie, 35 ans, fondatrice de Love & Tralala, est organisatrice de mariages et créatrice de contenus. Elle a perdu sa maman des suites d’un cancer alors qu’elle était enceinte de 4 mois.
“Il y a six ans, ma maman a eu un cancer du sein. Elle s’est fait opérer, a subi des rayons et de la chimiothérapie. Elle avait 52 ans. Cinq ans plus tard, elle faisait une récidive. En novembre dernier, son état s’est dégradé et, un mois plus tard, on nous annonçait que le cancer était revenu au niveau du foie et des os.
À l’époque, je n’étais pas encore enceinte mais je rêvais depuis longtemps de l’être. Pendant des années, j’ai cru être stérile. Puis, j’ai rencontré mon amoureux, qui était un ami de longue date. Quand nous nous sommes mis en couple, nous avons mis en route notre projet bébé assez rapidement.
Élodie
J’ai 35 ans, il en a 40. Nous ne voulions pas perdre de temps. Contre toute attente, je suis tombée enceinte assez vite. Malheureusement, j’ai perdu mon bébé après quelques semaines. Neuf mois plus tard, je retombais enceinte. Mais deuxième fausse couche. C’était très éprouvant. Pour moi, bien sûr, mais aussi pour ma maman. Elle rêvait de devenir grand-mère et, moi aussi, j’avais très envie de la voir jouer ce rôle. En attendant de pouvoir goûter à ce bonheur, ma maman reprenait la chimiothérapie. Sauf que, cette fois, le traitement l’a davantage affaiblie. Les médecins lui ont donc proposé une médication plus ciblée. Sa situation était alarmante, mais le corps médical s’est toujours montré encourageant.
On ne nous a jamais dit que son pronostic vital était engagé. On ne nous a jamais dit qu’il ne lui restait plus que six mois à vivre.
Les docteurs avaient des pistes, ils voulaient qu’on se batte. Sauf que son corps a très mal réagi à cette médication ciblée également. Car, en plus du cancer, ma maman souffrait depuis de nombreuses années d’un lupus systémique. Une maladie auto-immune, qui affaiblissait son système immunitaire. À cause de ce lupus, la soigner s’avérait plus compliqué que prévu.
De l’espoir en cette période sombre
Puis, en avril dernier, je suis retombée enceinte. Je n’ai pas voulu lui annoncer immédiatement par peur de la fragiliser encore davantage si je faisais une nouvelle fausse couche. J’ai attendu d’avoir une première échographie, d’entendre battre le cœur de mon bébé pour lui en parler. Quand je lui ai dit que j’attendais famille, elle était très émue. Je lui donnais une raison de plus de se battre, de s’accrocher. Elle avait envie de rencontrer ce bébé, elle se projetait, elle l’aimait déjà beaucoup.
De mon côté, j’étais plutôt sereine, confiante quant à la suite. Cette grossesse amenait de la joie, de l’espoir durant cette période morose. J’étais heureuse. Je passais énormément de temps avec ma maman, on s’appelait tous les jours. Quelques semaines plus tard, je lui apprenais que j’attendais une petite fille. Personnellement, je n’avais pas de préférence pour le sexe, mais ma maman espérait que ce soit une fille. Son souhait était exaucé.
Dernière journée
Je ne m’attendais pas à ce qu’elle parte si vite. Son départ a été fulgurant. Elle a fait une septicémie. J’étais enceinte de 4 mois. Je me raccroche à cette dernière journée mère-fille que nous avons passée ensemble au spa. Elle était très affaiblie, on hésitait à partir, mais elle a insisté pour qu’on y aille. Peut-être qu’elle savait que ce serait le dernier week-end qu’on aurait l’occasion de passer ensemble? Je crois, en tout cas, qu’elle se rendait compte que son état devenait critique. Pour la première fois, ce jour-là, elle m’a parlé de sa mort. Elle m’a confié ses dernières volontés. On s’est fait masser, on est allées au resto. Son état s’est subitement dégradé dans la nuit. Le lendemain, elle était partie.
Après le décès de ma maman, j’ai demandé une échographie de contrôle. J’avais besoin d’être rassurée.”
Les premiers jours qui ont suivi le décès de ma maman, j’ai beaucoup parlé à ma fille. Je lui ai expliqué que ma tristesse n’était pas liée à elle, qu’elle ne devait pas l’absorber, mais simplement ressentir à quel point je l’aimais. J’ai aussi demandé une échographie de contrôle. Je ne sentais pas encore mon bébé bouger et j’avais besoin d’être rassurée. Ma fille m’a donné son premier vrai coup au lendemain du décès de ma maman. C’était assez symbolique, sa façon à elle de me dire que tout allait bien. J’ai expliqué à ma gynécologue que je dormais peu, que je pleurais énormément, que je n’avais plus de plaisir à rien, que j’étais très accablée. Elle m’a rassurée en me disant qu’à ce stade de ma grossesse, mon bébé était hyper protégé, que ma fille ressentait probablement ma tristesse, mais que, si dans les moments où j’étais apaisée, j’arrivais aussi à lui transmettre de l’amour, il n’y aurait pas de soucis. Elle m’a dit de ne pas m’inquiéter, de ne pas culpabiliser, de ne pas stresser.
Je crois que je ne ferai jamais le deuil de ma maman. Elle me manquera toujours.
Elle était l’un des grands piliers de ma vie. Il m’arrive d’être très en colère, comme il m’arrive d’affronter son décès avec sérénité. Je me dis qu’elle est partie dignement, qu’au moins, elle ne souffre plus, qu’elle n’a pas eu le temps d’avoir peur. Il m’arrive de vouloir me rouler en boule, de trouver la vie injuste, d’être dans le déni total. Je m’autorise à être triste quand la douleur est insoutenable, mais surtout pas à me morfondre. Parce que ce n’est pas ce qu’elle aurait voulu et parce que son départ m’a appris que la vie était courte. On ne sait pas de quoi sera fait demain. C’est important de vivre pleinement les émotions que l’on ressent, elles sont là pour qu’on en retire des enseignements. J’essaie de continuer à être heureuse, à préparer avec beaucoup d’excitation l’arrivée de ma fille, même si j’ai du mal à me faire à l’idée qu’elle ne connaîtra jamais sa grand-mère.”
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