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À COEUR OUVERT: ““Mes papiers d’euthanasie ont été approuvés et cela me soulage””

Personne n’est à l’abri d’avoir un cancer. Même quand on a un mode de vie sain, on ne peut être immunisé·e. Notre témoin a accepté de se confier sur cette maladie qui a bouleversé sa vie.

Jordy, 26 ans, est atteint d’un cancer du testicule métastatique.

«Pendant le ­premier ­confinement lors de la crise Covid, j’ai ­appris que j’étais atteint d’un cancer des testicules. Dans les mois qui ont précédé le diagnostic, je ressentais ­régulièrement des douleurs dans le dos, mais à l’époque, je travaillais comme technicien – un travail relativement exigeant physiquement – et j’ai pensé que c’était dû à cela. Mais lorsque j’ai ­commencé à vomir sans ­arrêt, je suis allé voir le ­médecin, qui m’a envoyé à l’hôpital pour un examen plus approfondi. Les médecins ont d’abord pensé que j’avais une coronaropathie. Si seulement cela avait été le cas, car le diagnostic qui m’a été ­présenté était d’un tout autre ordre... J’avais à peine 23 ans et je n’arrivais pas à croire que j’avais un cancer. J’étais complètement perdu, à tel point que je n’ai pas réalisé.

Je ne m’en suis rendu compte que lorsque j’ai reçu ma ­première dose de ­chimiothérapie. Il ne s’agissait pas d’accepter, mais de se ­soumettre pour avoir une chance de survivre à la maladie. Au moment du diagnostic, il y avait déjà des métastases au niveau des poumons, des ganglions lymphatiques et de la tête. Après de nombreux traitements – ­comprenant plusieurs opérations chirurgicales, de la chimiothérapie, de la radiothérapie et 2 greffes de cellules souches pour me sauver la vie – j’ai été stable pendant un certain temps, mais malheureusement cela n’a pas duré. Actuellement, il n’y a plus de traitement disponible, ­seulement des ­médicaments pour atténuer ma douleur. La question de savoir combien de temps il me reste à vivre me traverse parfois l’esprit, mais ­personne ne peut le prédire.

Carpe diem

Mes amis achètent des ­maisons, se marient et ­fondent des familles. J’ai une petite amie fantastique, donc me marier fait toujours partie de mes options, mais je ne sais pas si je veux des ­enfants. Je ne sais même pas si je peux en avoir, car je n’ai pas encore passé de test de fertilité. Mais est-ce que je veux des enfants si je ne peux pas les voir grandir? J’ai peur de ­l’avenir. Comme je ne suis plus en traitement, la mort est un sujet inévitable. Mes papiers d’euthanasie ont été approuvés entre-temps. Le fait qu’il existe un moyen ­digne de s’en sortir apporte une certaine tranquillité ­d’esprit. Il est important pour moi que mes parents ou moi-même puissions prendre les choses en main et que nous puissions choisir la fin. C’est bien qu’au moins je puisse contrôler cela. Il n’y a pas longtemps, j’ai eu une hémorragie cérébrale due à l’éclatement d’une tumeur. Je n’en ai pas souffert, mais je n’aurai pas cette chance 2 fois. Je ne souhaite ma ­situation à personne.

Mes papiers d’euthanasie ont été approuvés. Le fait qu’il existe une solution digne apporte une certaine tranquillité d’esprit.

La ­maladie m’a pris beaucoup de choses: mon avenir ainsi qu’une grande partie de mon indépendance. Ces dernières années, j’ai l’impression d’avoir fait un voyage solitaire, parfois très lourd, mais ­malgré toutes les difficultés, je suis heureux d’être encore là. Je ne suis pas toujours positif, bien sûr, mais je prends chaque jour comme il vient. ­Malgré cette épée de ­Damoclès, j’estime que la vie vaut toujours la peine d’être vécue. Je profite de chaque jour et j’espère que les autres malades font de même. Malheureusement, nous ne ­pouvons pas changer la situation dans laquelle nous nous trouvons, mais nous devons en tirer le meilleur. C’est ce que je ferai jusqu’à mon dernier souffle. »

Texte de Marijke Clabots, Emilie Van de Poel et Ana Michelot.

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