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BABYSTORY: ““J’ai accouché sur le parking du Decathlon””

Du désir d’enfant à la maternité, mettre un petit être au monde peut parfois s’apparenter à des montagnes russes. Manon nous raconte la naissance inoubliable de sa fille, Alba.

D’un naturel plutôt détendu, Manon, 33 ans, était persuadée qu’elle atteindrait la maternité avant que sa fille ne pointe le bout de son nez. Mais, Alba en a décidé autrement. Elle est née dans la voiture de ses parents en présence de sa sœur et son frère aînés.

“Avec Seb, mon compagnon, nous étions déjà parents de Jade, 6 ans, et Côme, bientôt 4 ans, quand nous avons décidé d’agrandir la famille. 6 mois plus tard, j’apprenais que j’étais enceinte. C’était le 22 décembre 2023. Nous étions en vacances à Gran Canaria. Je me suis réveillée au milieu de la nuit et j’ai fait un test de grossesse. Positif. J’ai réveillé Seb pour lui annoncer qu’il allait devenir papa pour la 3e fois et nous n’avons plus réussi à nous rendormir. J’ai eu quelques nausées et j’étais très fatiguée durant le premier trimestre mais, en dehors de cela, ma grossesse s’est très bien passée. Je n’avais pas d’appréhension par rapport à mon accouchement même si mes 2 premières expériences avaient été très différentes.”

Un premier accouchement compliqué

“Pour Jade, ma fille aînée, j’ai été déclenchée. Le travail a été rapide mais l’accouchement laborieux. Les médecins ont dû utiliser des forceps pour aider Jade à sortir car son cœur décèlerait et elle était en détresse respiratoire. Ils lui ont cassé la clavicule. Jade a dû être placée en réanimation. J’ai fait une hémorragie et j’ai eu droit à une révision utérine. Cet accouchement et les premières semaines de vie de Jade ont été assez compliqués. Mais, 2 ans plus tard, je tombais enceinte de Côme. Je lui ai donné naissance 3 jours avant mon terme. J’ai eu mes premières contractions, nous nous sommes rendus à la maternité et, 9h plus tard, après avoir poussé 3 ou 4 fois, Côme était dans mes bras. Il n’y a eu aucune complication. Côme était un bébé très zen. J’ai découvert à quel point un accouchement pouvait être magique. Je rêvais de revivre la même chose pour Alba. Je n’avais aucune idée de ce qui allait nous arriver.”

Vœu exaucé

“Nous étions le 15 août. J’étais à 38 semaines de grossesse. On rentrait d’un dîner chez ma maman. C’était une nuit d’étoiles filantes. On les a observées depuis le jardin et mon compagnon, qui est né un 16 décembre, a fait le vœu que sa fille naisse elle aussi un 16. Nous sommes allés nous coucher. Mon ventre tirait un peu, comme tous les soirs depuis quelques semaines déjà. Je n’imaginais pas une seconde que j’accoucherais cette nuit-là. Et puis, vers 2h du matin, une contraction extrêmement douloureuse m’a réveillée. Je me suis levée. J’ai marché, j’ai été aux toilettes, je respirais fort, je m’appuyais contre le lit. L’agitation a réveillé mon compagnon. Les contractions ont immédiatement été très intenses, très rapprochées. Je me suis fait couler un bain mais j’en suis sortie quelques minutes plus tard, terrassée par la douleur. Nous avons pris la décision de partir pour l’hôpital. Pendant que je peinais à terminer ma valise de maternité, Seb a réveillé les enfants en leur disant que leur petite sœur allait arriver cette nuit. Il fallait qu’on aille les déposer chez ma maman.  Initialement, il était prévu qu’elle vienne garder les enfants chez nous mais, ce soir-là, l’une de mes nièces dormait justement chez elle et elle était dans l’incapacité de bouger. Le lendemain matin, mes enfants devaient aller en stage. Il a fallu qu’on prépare leurs sacs, leurs pique-niques.”

Je me tordais de douleur mais j’essayais de ne pas crier pour ne pas effrayer mes enfants assis sur la banquette arrière.

Frère et sœur pour témoins

“Aux alentours de 3h du matin, on embarquait tous les 4 dans la voiture. Je me revois, bloquée dans l’allée, quasi incapable de marcher jusqu’au siège passager. Pourtant, pas une seule seconde, j’ai pensé que je n’arriverais pas à temps à l’hôpital. Mon compagnon avait tout de même pensé à installer une serviette de bain sous mes fesses au cas où je rompais la poche des eaux. Je me tordais de douleur mais j’essayais de ne pas crier pour ne pas effrayer mes enfants assis sur la banquette arrière. Je poussais des sons graves. Entre 2 contractions, j’essayais de les rassurer en leur disant que tout ce qui se passait était tout à fait normal, qu’ils ne devaient pas avoir peur.”

Mon instinct m’a poussée à ôter mon training, mes chaussures et ma culotte alors que je ne ressentais pas encore l’envie de pousser.

La tête est là

“On roulait depuis 5 minutes à peine quand j’ai perdu les eaux. La douleur s’intensifiait et je voyais que mon compagnon commençait à s’inquiéter, qu’il roulait un peu plus vite qu’habituellement. Nous étions sur la N25 quand j’ai demandé à Seb de s’arrêter parce que je ressentais le besoin de retirer mon training, mes chaussures et ma culotte. C’était instinctif. Je n’avais pas encore envie de pousser. A ce moment-là, le père de mes enfants a insisté pour qu’on appelle une ambulance. Mais, j’ai refusé. Pour moi, la priorité était de déposer nos 2 aînés chez ma mère. Nous avons repris la route. Quelques minutes plus tard, j’ai vu et senti la tête de ma fille sortir. Seb s’est remis sur la bande d’arrêt d’urgence et a immédiatement appelé le 112. Il a expliqué la situation et les urgentistes lui ont demandé de s’asseoir près de moi pour m’aider à accoucher. Il n’a pas eu le temps de faire le tour de la voiture. Alba était née quand il a ouvert ma portière. Lorsqu’il était au téléphone, j’ai soudainement ressenti ce besoin d’expulser. J’ai poussé une fois et elle était là. Je l’ai immédiatement posée sur ma poitrine. On a pris les plaids qu’on avait donné aux grands à l’arrière pour la couvrir et la réchauffer. On l’a emballée dans un linge sec qui se trouvait dans notre valise de maternité. Je suis infirmière et mon compagnon est vétérinaire. Je pense que nos professions nous ont aidé à avoir les bons réflexes. Par exemple, j’ai immédiatement vérifié qu’elle n’avait pas le cordon autour du cou. Elle était colorée, elle a pleuré. Tout cela me rassurait. On a vérifié ses voies respiratoires et on a clampé le cordon avec nos doigts. C’était un moment très intense, synonyme de libération. Je n’avais plus mal. J’étais concentrée sur la naissance d’Alba jusque-là. Une fois qu’elle était dans mes bras, j’ai pris le temps de regarder Jade et Côme, qui avait des yeux ronds comme des billes. Ils semblaient impressionnés mais, heureusement, ils n’ont pas vu grand-chose car il faisait noir. Comme nous n’étions pas en sécurité sur la bande d’arrêt d’urgence, le 112 nous a demandé d’aller nous garer sur le parking du Decathlon de Wavre qui se trouvait juste à côté.”

L’arrivée des urgences

“Les pompiers sont arrivés rapidement et m’ont fait monter dans l’ambulance. Sur le moment-même, je n’ai pas réalisé à quel point il était dangereux de me faire marcher. Le cordon n’était pas encore coupé. Si j’avais expulsé le placenta à ce moment-là, les conséquences auraient pu être dramatiques. Le SMUR a suivi rapidement et nous avons été examinés par un médecin et un infirmier. Il se trouve que je les connaissais. Nous avions travaillé ensemble par le passé. L’ambiance était donc légère, très gaie. Seb a profité de ce moment pour aller déposer les enfants chez ma maman qui commençait à s’inquiéter de ne pas nous voir arriver. Jade lui a confié être très heureuse d’avoir pu assister à la naissance de sa petite sœur. Ils se sont rendormis rapidement.”

Température trop basse

“Mon compagnon m’a ensuite rejoint sur le parking du Decathlon et nous avons pris la route vers l’hôpital. Les paramètres d’Alba étaient bons. Hormis sa température qui était très basse. Elle avait 35,5°c. Les médecins ont transformé l’ambulance en sauna pour la réchauffer et l’ont enveloppée dans des couvertures de survie. Ils ont coupé le cordon. J’ai expulsé le placenta dans l’ambulance en présence du médecin qui l’a mis dans un sac pour la maternité qui a ensuite pu vérifier qu’il était bien complet. On a attendu le lendemain matin pour annoncer la nouvelle à nos proches. Nous étions encore un peu sous le choc. Les enfants sont allés à leur stage, comme prévu, avant de nous rejoindre à l’hôpital.”

Une dame nous a dit, qu’en 20 ans de carrière, elle n’avait jamais vu ça.

Lieu de naissance: Decathlon

“Quelques jours plus tard, mon compagnon a été déclarer Alba à la commune. Son lieu de naissance est donc le Decathlon de Wavre. Les employés communaux n’en revenaient pas. La procédure n’était pas habituelle pour eux. Une dame nous a dit, qu’en 20 ans de carrière, elle n’avait jamais vu ça. Nous avons aussi averti le gérant du magasin qui nous a gentiment offert un bon d’achat pour célébrer la naissance d’Alba.”

L’après

“Une semaine après la naissance d’Alba, nous avons reparlé posément de ce qui s’était passé avec nos 2 aînés. Côme nous a confié qu’il avait eu très peur, qu’il avait mis ses mains sur ses oreilles parce que je faisais du bruit. Jade a été effrayée quand l’ambulance est arrivée car, pour elle, c’était associé au danger. On les a beaucoup rassurés. Ils ne nous en parlent pas mais ils n’ont pas l’air traumatisés pour autant par cet événement. Je sais pas s’ils réalisent à quel point c’est exceptionnel, rare de pouvoir assister à la naissance de sa petite sœur. Quand ma fille est perturbée par quelque chose, généralement, cela se répercute sur ses nuits et, pour l’instant, elle dort très bien. Mon fils est un petit peu plus compliqué pour le moment mais je pense que c’est davantage dû au fait qu’il perde sa place de petit dernier pour endosser son rôle de grand frère.”

Garder son sang froid

“Après coup, Seb m’a avoué qu’il avait eu peur mais il est parvenu à garder son calme, à ne jamais me transmettre son angoisse. Il a su garder son sang-froid. Son seul regret, c’est peut-être finalement d’avoir manqué le moment de la naissance puisqu’il faisait le tour de la voiture à cet instant précis pour me venir en aide. Quand on a raconté à nos proches que j’avais accouché dans la voiture, je pense que les gens se sont imaginé que j’avais écarté les jambes sur la banquette arrière et qu’il avait sorti le bébé. Peut-être qu’il aurait aimé que ça se passe comme ça mais Alba est arrivée très vite.”

“De mon côté, je garde un bon souvenir de cet accouchement car tout s’est bien passé. J’ai vécu quelque chose de dingue. Je me repasse souvent la scène dans ma tête. C’était très douloureux mais en même temps très court. La première contraction est arrivée vers 2h du matin et Alba est née à 3h11. Je n’ai pas paniqué. Je suis quelqu’un d’assez relax et je pense que mon métier m’a appris à gérer les situations de stress. Plusieurs de mes amies m’ont dit que j’étais une héroïne, qu’à ma place, elles se seraient évanouies. Mais, ce n’est pas ce que je ressens. J’ai juste suivi mon instinct et je pense que toutes les mères auraient fait pareil. Nous sommes faites pour donner la vie et nos bébés pour venir au monde.”

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