BABYSTORY: ““J’ai fait un enfant toute seule à 40 ans””
Nombreuses sont celles qui grandissent avec un idéal de famille classique. Mais que faire lorsque l’horloge biologique s’affole, sans aucun potentiel père à l’horizon? Face à son ardent désir de maternité, Caroline, 40 ans, a fait un bébé toute seule.
«J’ai toujours voulu être maman et créer ma famille. J’imaginais créer un petit bout comme continuité d’un couple. Cependant, ma vie sentimentale n’a jamais été facile et je n’ai jamais vraiment été épanouie de ce point de vue-là. Les années passant, mon envie de maternité était toujours là, mais mon envie de trouver un partenaire l’était également et primait. Au final, je recherchais aussi un futur papa: sans m’en rendre compte, je mettais une grande pression sur toutes les relations que j’entretenais. À 35 ans, j’ai creusé la question de la congélation de mes ovocytes, mais un examen a démontré que j’avais encore une bonne capacité de tomber enceinte. Je me suis alors dit que je me poserai à nouveau la question à mes 38 ans.
Un jour, pendant la Covid-19, j’ai eu une ‘révélation’, en faisant le point sur ma vie. J’ai réalisé qu’une seule chose me manquait: un enfant.
Dans les quelques jours qui ont suivi, j’ai eu une discussion notamment avec mon grand-frère. Il m’a beaucoup rassurée en me disant qu’au-delà d’être un tonton, il serait un ‘super tonton’ pour mon enfant. Je me suis alors dit que j’étais suffisamment entourée pour vivre cette grande aventure. J’ai appelé une centre de PMA et j’ai eu un rendez-vous plus vite que prévu. S’en est suivi un accord nécessaire d’un ‘comité’ pour savoir si mon projet tenait la route, des examens médicaux pour savoir quelle procédure était à privilégier. En ce qui me concerne, on a commencé par des inséminations artificielles. Cependant, avant cette grande aventure, j’avais envie de m’offrir un voyage en solitaire et me suis donc envolée pour un mois au Costa Rica. Le début de la procédure a encore dû être repoussé car à mon retour, je me suis cassée la cheville…
De coups durs en déceptions
Nous voilà donc au mois de novembre pour la première tentative d’insémination artificielle. Je suis le traitement préconisé, je me rends aux rendez-vous pour les prises de sang et échographies tous les 2 jours. Je reçois un appel m’indiquant que l’insémination est prévue pour le lendemain, mais qu’il y a 2 ovocytes fécondables. On me déconseille donc de faire l’insémination si je ne souhaite pas avoir de jumeaux. Coup dur pour cette première tentative, mais je décide finalement de ne pas le faire car je ne me sens pas capable d’avoir des jumeaux en mode solo. Rebelote en décembre! On procède donc à l’insémination avec un seul ovocyte cette fois. Et là, bonheur ! Le test est positif. Je me projette. Lors de la seconde échographie, j’apprends que le cœur s’est arrêté. On planifie donc un curetage mi-février. Dur. Heureusement, ma famille était au courant et m’a permis de surmonter cette déception. J’ai dû ensuite attendre à nouveau 2 mois pour retenter et l’essai fut encore infructueux. J’ai alors repris rendez-vous avec la gynécologue qui me suit pour envisager la FIV. On se lance alors dans cette procédure. Administrativement, il me faut l’accord de ma mutuelle pour pouvoir obtenir le traitement. Décision qui, dans ces cas-là, ne vient jamais assez vite, car chaque jour compte dans ce genre de procédure. À un jour près, on peut perdre un mois et une tentative de réussite.
La meilleure décision de ma vie
J’ai heureusement une bonne étoile et j’ai reçu l’accord assez rapidement. J’ai donc commencé les piqûres: 4 ovocytes ont été ponctionnés et seulement 3 ont été mis en fécondation. J’ai ensuite eu rendez-vous pour le transfert. Seul un embryon s’est développé. Mais il s’est suffit à lui-même. Mon petit Gabriel était alors en route.
Pour l’accouchement, j’avais demandé à un ami assez disponible s’il pouvait être ‘de garde’ — avoir son téléphone sur lui, allumé jour et nuit — pour m’amener à la maternité quand le travail commencerait.
En parallèle, j’avais demandé à ma sœur d’être à mes côtés pour l’accouchement. En attendant que le travail commence, j’ai passé la journée avec elle, à regarder Friends. La première nuit après le retour à la maison, ma maman est venue habiter chez moi. Ça a été précieux! Pendant le congé de maternité, mes amis étaient très disponibles et venaient chez moi en m’amenant chaque fois un repas pour me soulager ou avec des courses. Depuis qu’il est là, je suis très heureuse. Je sais désormais que c’était la meilleure décision de ma vie. Je regrette presque de ne pas l’avoir fait avant! Mais ça reste compliqué car c’est du H24. J’ai beau être entourée, ma famille ne vit pas à Bruxelles et j’ai du mal à demander de l’aide. Je n’ai pas envie ‘d’imposer’ mon choix aux autres. C’est quelque chose qui s’apprend petit à petit. J’ai heureusement beaucoup de chance d’avoir un bébé facile: c’est comme s’il savait qu’il devait me préserver parce que j’étais seule à l’élever. Le plus difficile, c’est de ne pas avoir de soupape. Quand c’est difficile, j’appelle ma maman ou ma sœur. Ça m’aide beaucoup! Je raconte les galères, mais aussi les petites joies. Parfois j’aimerais avoir un relai. Ne pas être tout le temps celle qui doit se réveiller, le changer, le bercer, l’aider à s’endormir, jouer avec lui…. Avoir un peu de temps pour faire les tâches ménagères.
Je trouve qu’il n’y a malheureusement pas assez de parents dans ma situation. La réalité des parents solo qui ont leur enfant une semaine sur deux par exemple n’est pas la même qu’un parent solo par choix. Les mères célibataires ont très peu d’endroits pour échanger… J’aimerais qu’il y ait davantage un esprit de communauté. Qu’on puisse garder les enfants de l’une ou l’autre, de manière alternée. Mais dans tous les cas, je ne regrette pas mon choix. J’ai toujours été une personne remplie de doutes, mais depuis que je suis maman, je n’ai jamais été aussi confiante! Se pose aussi la question d’un second enfant: là où j’ai fait ma PMA, on a la possibilité de réserver des paillettes (terme utilisé pour qualifier les pailles de spermes ndlr) du même donneur s’il en reste encore. J’ai un peu hésité car cela coûte cher, mais je me suis dit que si j’avais deux enfants, j’aurais envie de leur offrir le même patrimoine génétique. J’ai préféré payer quelques centaines d’euros et ne pas avoir de regrets. Je les ai donc réservées, quitte à ne pas m’en servir. Je n’exclus rien, on verra! J’ai toujours l’envie de rencontrer un homme, qui ait envie de faire sa vie avec moi, en acceptant Gabriel. Je ne ferme pas la porte à faire un bébé avec quelqu’un: mais le fait de rencontrer quelqu’un n’est plus conditionné par le fait de vouloir un bébé. »
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