TÉMOIGNAGES: ““Il m’est arrivé de mettre mon fils au lit plus tôt pour pouvoir boire plus vite””
Qu’ont en commun Adele, Bradley Cooper et Tom Holland ? Ces célébrités ont parlé ouvertement de leur consommation d’alcool. Un problème dont elles ignoraient l’existence. Jusqu’à un moment précis. Sarah, Sandra et Gwen ont elles aussi eu un déclic et vivent aujourd’hui une vie en toute sobriété.
Sarah buvait de plus en plus d’alcool, sans se cacher. Grâce à son fils en bas âge, le déclic pour arrêter s’est produit.
« Pendant mon adolescence et la vingtaine, j’étais rarement ivre. J’appréciais boire un petit verre de temps en temps, mais je n’ai jamais bu de manière excessive. Les choses ont changé après que j’ai subi un pontage gastrique, il y a trois ans. Avant l’opération, mon spécialiste avait indiqué que les personnes ayant subi un pontage gastrique risquaient de développer un problème d’alcool, en raison des effets plus rapides et plus intenses de l’alcool. On m’a conseillé d’arrêter de boire pendant au moins six mois, ce que j’ai respecté à la lettre. Lorsque la nouvelle année est arrivée, j’ai bu pour la première fois et cela s’est bien passé. Trop bien en fait, car le verre en question s’est rapidement transformé en deux verres ou plus. Dès que j’ai commencé à boire, j’ai eu le goût de plus. Je n’y voyais pas d’inconvénient, mais peu à peu, les signes annonciateurs d’un problème d’alcool se sont multipliés. Pendant l’été, lorsque j’étais assise sur une terrasse avec mon amoureux, je commandais mon troisième verre alors que sa première pinte n’était pas encore terminée. Chaque week-end, je buvais facilement une bouteille de vin à moi toute seule. Les trous de mémoire ne m’étaient pas inconnus non plus : il m’arrivait d’être tellement ivre que le lendemain, je ne me souvenais plus de ce que j’avais dit ou fait. Certains jours, j’ai même couché mon fils plus tôt pour pouvoir boire plus vite. Ce n’est pas bien, mais j’aimais la sensation que l’alcool me procurait : relâcher les freins pendant un certain temps, relâcher toute la pression. Et cela a fini par créer une dépendance. Ce n’est que lorsque les mots: ‘Maman, ne bois plus de vin’ sont sortis de la bouche de mon fils, alors âgé de cinq ans, que j’ai compris que je devais changer de cap. En tant que parent, vous devez donner le bon exemple. Vous ne voulez pas que votre enfant grandisse avec l’idée que l’alcool est la chose la plus normale au monde. J’ai alors du admettre que je ne me sentais plus moi-même. Je vivais dans un état second. Ce moment a été pour moi la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Plus présente et plus heureuse
Je ne suis pas contre l’alcool et je n’exclus pas de boire encore un verre un jour, mais je sais désormais que ce n’est pas aussi innocent qu’il n’y paraît. Il y a quelque temps, je suis allée voir une pièce de théâtre qui questionne le fait qu’il n’y ait pas d’avertissements sanitaires sur les bouteilles d’alcool, comme c’est le cas pour les cigarettes. Encore trop de gens ne voient pas d’inconvénient à boire un verre ou plus, et il est important d’être conscient des dangers potentiels.
Je suis sobre depuis 450 jours et je constate une différence depuis que j’ai banni l’alcool de ma vie. Lorsque je buvais, mes week-ends se résumaient à des gueules de bois. Aujourd’hui, je profite de mes congés sans maux de tête, sans fatigue et sans nausées.
De plus, je suis plus présente, ce qui me permet de mieux me concentrer au travail. On me dit régulièrement que je suis radieuse. Ma peau, qui était plutôt terne, est plus éclatante qu’avant. Enfin, la relation avec mon fils est bien meilleure qu’avant. Je suis une maman beaucoup plus présente et heureuse. Il ne s’agit que de changements positifs, qui ont pu être ressentis et constatés au bout de trois mois environ. Si ce n’est pas une bonne motivation, je ne sais pas ce que c’est ! Des raisons suffisantes pour tenter votre chance, surtout si vous remarquez que votre consommation d’alcool devient incontrôlable et que vous voulez changer cela vous-même. On me dit de temps en temps : ‘Je n’y arriverai pas’, mais c’est de la foutaise. C’est ce que je pensais aussi, mais le sevrage s’est déroulé mieux que prévu. Au début, j’étais très irritable et la qualité de mon sommeil laissait aussi à désirer, mais c’est une phase par laquelle il faut passer. Ensuite, ce n’est que des récompenses! »
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Toujours sensible aux effets de l’alcool, Sandra a décidé d’arrêter définitivement il y a 7 ans.
« J’ai grandi dans un environnement où la consommation d’alcool est la chose la plus normale au monde. Pour beaucoup, la consommation d’une boisson alcoolisée est associée à la convivialité et aux activités sociales, et c’est le cas dans ma famille, qui distille même ses propres alcools. L’alcool coulait à flots lors des fêtes de famille et je soupçonne que c’est aussi là que j’ai bu mon tout premier verre pendant mon adolescence. Le plus drôle, c’est que je n’ai jamais vraiment aimé l’alcool. Je buvais surtout pour m’intégrer, parce que je ne voulais pas être différente des autres. À l’adolescence, j’étais assez peu sure de moi. Je n’osais pas remettre en question l’alcool, alors quand je sortais, je buvais avec les autres. Déjà à l’époque, j’avais remarqué que je réagissais différemment lorsque je buvais un verre. Après une soirée, par exemple, mes copines s’endormaient littéralement en deux minutes, alors que j’avais beaucoup de mal à atteindre le pays des rêves. Je réagissais beaucoup plus fort et plus vite que les gens autour de moi, alors que je ne buvais même pas autant. Je devais faire preuve de prudence quand je buvais, car sinon, je le payais parfois pendant des jours et c’était un prix trop élevé à payer. Non seulement l’alcool a eu un impact sur la qualité de mon sommeil, mais en plus, je me sentais plus nerveuse, j’avais des maux de tête et même des palpitations cardiaques, à tel point que j’avais parfois l’impression que mon cœur allait bondir hors de ma poitrine. Même si je n’y voyais que des désavantages, j’ai continué à boire pour plaire aux gens et éviter d’être mise à l’écart.
Aucune valeur ajoutée
J’ai continué à boire jusqu’à ce que les choses changent il y a sept ans. À cette époque, j’ai découvert que j’étais hypersensible et que je me débattais avec toutes sortes de symptômes, tels que l’anxiété et l’hyperventilation chronique. Une hospitalisation s’en est suivie, au cours de laquelle on m’a fait tourner en bourrique, mais on n’a pas cherché à savoir ce qui pouvait déclencher mes peurs. J’ai donc pris les choses en main et j’ai commencé à analyser ce que je mangeais et buvais.
En tant que personne très sensible, je réagis automatiquement à certains stimuli et j’ai découvert que l’alcool pouvait également être un stimulus. Comme je sentais dans chaque fibre de mon corps que quelque chose devait changer, j’ai décidé d’arrêter complètement de boire de la caféine et de l’alcool.
Je n’ai jamais eu de problème avec ce choix, même si certaines situations sociales rendaient les choses plus compliquées. Je venais de me marier et chaque fois que je refusais un verre, on me demandait régulièrement si j’étais enceinte, alors que mon mari et moi ne voulons pas d’enfant. Il y a tellement de raisons autres que la grossesse pour lesquelles une personne peut décider d’arrêter de boire de l’alcool, mais si vous ne buvez pas, vous êtes toujours l’exception et non la règle. Par conséquent, j’ai très souvent eu l’impression de devoir me justifier. Parfois, les gens en rient ou insistent quand même. Mais je remarque une différence maintenant que je n’ai pas bu depuis des années. Heureusement, je suis aujourd’hui beaucoup mieux dans mes baskets et mon entourage ne comprend que trop bien mon choix. Je ne suis en aucun cas une moraliste, mais j’ai trouvé la paix dans cette décision et je ne vois tout simplement pas la valeur ajoutée de l’alcool. Donnez-moi simplement une alternative sans alcool ou de l’eau. Pour moi, c’est toujours ce qu’il y a de mieux. »
Gwen n’a pas bu depuis le 20 février 2022. Elle buvait pour oublier ses problèmes, mais elle ne s’en est pas rendu compte pendant longtemps.
« Je suis une femme indépendante: j’ai de nombreux amis, je gagne bien ma vie… Pour le monde extérieur, j’ai probablement l’air d’avoir tout ce qu’il faut. Le fait de devoir admettre que j’ai un problème d’alcool – parce que je sais maintenant que j’en suis dépendante – a été une énorme étape pour moi. Ma consommation d’alcool n’a jamais semblé problématique, du moins jusqu’à ce que je sois renversée par une voiture à vélo à 25 ans. Cet accident a bouleversé ma vie. J’ai dû arrêter de travailler en raison d’une lésion cérébrale et de dommages physiques, ce qui m’a obligée à repartir à zéro. J’ai déménagé, j’ai commencé à voyager, mais j’ai eu du mal à accepter mes limites et à retrouver un but dans ma vie. J’ai découvert que l’alcool – en plus des analgésiques prescrits – m’apportait un certain soulagement. Depuis mon enfance, je suis quelqu’un qui réfléchit trop à chaque situation. Le vin me permettait de me vider la tête et d’échapper pendant un moment à la réalité et à tout ce qui était négatif pour moi : des traumatismes non traités à une image de moi-même négative, en passant par des sentiments d’échec et d’insécurité. Si je passais une journée difficile, j’avais une excuse supplémentaire pour boire un verre, car j’estimais que je le méritais vraiment. Au fil des années, je suis devenue une buveuse émotionnelle, même si l’alcool n’a jamais complètement éliminé mon mal-être intérieur. J’avais l’habitude de manger beaucoup, de me gaver presque, mais lorsque j’ai perdu 45 kilos il y a six ans, je les ai remplacés par de l’alcool. Le fait de ne pas pouvoir gérer mes émotions m’a donné le désir persistant de les supprimer.
20 mois d’abstinence
Ma consommation d’alcool n’a fait qu’augmenter, au point de causer des problèmes dans mon couple. C’est en partie pour cette raison que j’ai rompu, mais même à ce moment-là, je n’ai pas ressenti le besoin d’arrêter. Je ne voyais pas le problème de boire un petit verre de vin, même si je remarquais que je devenais plus nerveuse et irritable aux moments où il n’était pas possible de boire. C’était devenu un moyen de m’amuser et de me détendre. L’alcool a pris une place de plus en plus importante et ne pas boire est devenu compliqué. Finalement, j’ai atteint un point où je ne pouvais pas ou pensais ne pas pouvoir me passer de l’alcool. L’alcool contrôlait ma vie, limitait mes activités et mettait en péril mes amitiés et mes relations avec ma famille. Ma consommation faisait aussi ressortir un côté très méchant et presque méconnaissable de moi-même. Je me disputais, je m’isolais et je ne tenais pas compte des autres. Quand j’étais sobre, je fonctionnais bien, mais lorsque j’étais sous influence, j’étais impossible à gérer. Je vivais dans un monde de ‘tout ou rien’ dont je ne pouvais pas m’échapper. Je me sentais seule et désespérée, ce qui me poussait à boire encore plus. J’ai vécu plusieurs crises et j’ai été hospitalisée, j’ai même fini par me faire interner dans une clinique de désintoxication pendant quelques mois. Je pensais être guérie, mais lorsque je suis retourné chez moi à la fin du mois de décembre 2021, c’est le contraire qui s’est produit presque immédiatement. C’est à ce moment-là que j’ai enfin compris que boire un verre n’était pas une option pour moi et que je devais arrêter complètement.
Depuis lors, je n’ai pas touché une goutte d’alcool depuis 20 mois. Ma vie a pris beaucoup plus de sens à tous points de vue. Même si ce n’est pas toujours facile, ma vie d’abstinence est bien plus chouette que mes meilleures journées d’alcoolique. Je suis beaucoup plus gentille avec moi-même. Lorsque je buvais, je portais des masques. Je faisais bonne figure ou je jouais à la tante un peu dingue, mais je ne montrais jamais que j’avais des difficultés. L’alcool me fatiguait, me rendait dysfonctionnelle et je préférais passer mes journées au lit. Aujourd’hui, je sais aussi que je ne dois pas chercher la solution dans une bouteille de vin. Tout ce que je trouve à l’extérieur est bien plus beau et meilleur que ce que j’avais toujours espéré trouver dans cette bouteille. »
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