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À COEUR OUVERT: ““J’ai réussi à accepter mon corps grâce à un cours de sculpture””

La rédaction

Ilana refuse désormais les diktats physiques, car pour elle, chaque corps est beau et mérite d’être vu. Elle nous raconte comment elle est parvenue à cette philosophie de vie.

« J’ai grandi avec l’idée que dans cette société, il faut être mince. Et même lorsque c’est le cas, on n’est souvent pas assez bien. Lorsque j’étais adolescente, quelqu’un a critiqué mes hanches et mes choix vestimentaires. J’ai commencé à être mal dans ma peau. Je me trouvais trop grosse alors que, en regardant maintenant les photos de moi de cette époque, j’étais en réalité extrêmement maigre. J’avais l’impression de ne pas ­correspondre aux canons de beauté, et cela avait un impact négatif sur mon image de moi. Au point de me pousser progressivement à arrêter de faire beaucoup de choses. Je n’allais plus à la plage et à la piscine. J’étais constamment préoccupée par mon apparence et l’impression de ne pas être assez bien n’était jamais loin. Je ne portais que des vêtements amples et je ne voulais pas qu’on me prenne en photos. Et lorsqu’il s’agissait de sortir avec quelqu’un, je me ­demandais pourquoi quelqu’un voudrait de moi. Je ne réalisais pas à quel point je me privais, jusqu’à ce que j’aille à un cours de sculpture, il y a trois ans.

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Pour la première fois, j’y voyais un corps nu de femme qui n’était pas le mien. J’étais étonnée de découvrir à quel point cette femme me ressemblait physiquement. Non seulement elle avait les seins tombants, mais aussi un ventre, des vergetures et de la cellulite. Le plus surprenant était que je trouvais son corps beau, alors qu’il ressemblait au mien, celui que j’avais méprisé pendant si longtemps. J’avais ­toujours cru que mes copines ­exagéraient lorsqu’elles disaient que le leur était pareil, car je n’avais jamais vu de femmes comme moi dans les médias. J’étais convaincue que mon physique était une exception à la règle. Mais si je trouvais ce modèle nu si beau, pourquoi ne me voyais-je pas de cette façon? Cela a été une révélation. Si je pensais cela, il y avait probablement d’autres femmes dans le même cas. C’est ce qui m’a amenée à commencer à sculpter une série de silhouettes féminines, toutes différentes, sous la devise: “Chaque corps est beau et mérite d’être vu.”

Le plus surprenant était que je trouvais son corps beau, alors qu’il ressemblait au mien, celui que j’avais méprisé pendant si longtemps.

C’est bien d’être soi

Honnêtement? Je n’aurais jamais imaginé que ce serait un succès, mais les demandes pour mon travail ont afflué. Et j’ai pu faire carrière en sculptant le corps des femmes. Mon projet s’appelant “Fière de son corps”, je n’avais plus d’autre choix que d’être fière du mien. Il m’a donc fallu travailler sur mon image de moi. Et pour cela, j’ai commencé à accomplir beaucoup d’actes sortant de ma zone de confort. Je suis par exemple allée à une semaine tantra, j’ai pris des cours de strip-tease et réalisé une séance photo boudoir et nue. Mais le changement s’est aussi manifesté dans de petites choses, comme reporter des robes, ce que je n’avais pas fait depuis des années. Tout cela a eu un effet positif, et aujourd’hui, je choisis en fonction de ce dont j’ai envie et plus de ce que l’on attend de moi.

J’ose désormais faire des reels Instagram où mon ventre est au premier plan. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas plat et pend un peu que je dois le cacher. Et j’essaye de ne plus considérer le mot “gros” comme négatif. Il n’y a rien de mal à avoir un gros portefeuille ou une grosse voiture, alors pourquoi les femmes grosses seraient-elles mauvaises? Même celles dont la taille ne correspond pas aux ­prétendus critères de beauté sont magnifiques et radieuses. Il est grand temps d’arrêter de penser selon le principe: “Ce corps est beau ou pas.” Il est plutôt essentiel d’être recon­naissant pour tout ce qu’il fait pour vous. Ne vivez pas votre existence en vous basant sur des idéaux ­physiques irréalistes et inaccessibles. La vie est bien plus qu’une question d’apparence. »

Texte de Marijke Clabots, Barbara Wesoly et Ana Michelot

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