Témoignage: ““J’ai survécu à un grave accident de la route””
“À 16 ans, j’ai décroché un job de vacances au supermarché du coin. Les vacances de Pâques venaient tout juste de commencer, c’était mon premier jour de travail. Après avoir terminé, je suis rentrée chez moi à vélo. Il pleuvait ce jour-là: il y avait de l’eau sur mes lunettes, ma vue n’était pas bonne. Alors que j’étais presque arrivée à la maison, j’ai décidé de faire encore un petit tour. Mais en traversant un quartier où il y avait beaucoup de circulation, j’ai été percutée par un camion. J’ai été projetée plusieurs mètres plus loin dans le canal et je suis tombée dans un coma profond…
Quatre semaines dans le coma
Après l’accident, j’ai été admise aux urgences de l’hôpital le plus proche. Au cours de la première nuit, mon état s’est rapidement détérioré. Après un examen par IRM, les médecins ont découvert que j’avais une hémorragie entre le crâne et les méninges. Il fallait m’opérer pour soulager la pression. Pendant quatre semaines, j’ai été maintenue dans un coma artificiel profond pour permettre à mon cerveau de récupérer. Ensuite, j’ai été transférée au CHU, où j’ai passé six mois. Après cela, j’ai enfin pu rentrer chez moi mais j’ai dû aller tous les jours à l’hôpital pour faire de la rééducation.
Tout réapprendre
Parler, manger, me laver, m’habiller, marcher… J’ai dû tout réapprendre. Je me suis mise à étudier le latin et les langues modernes. À cause de mon accident, je n’ai pas pu passer les examens de juin, mais comme j’avais toujours eu de bons résultats, j’ai réussi ma cinquième. Par contre, j’ai été obligée de faire ma sixième en deux ans: d’une part à cause de la revalidation, très lourde, mais aussi parce que j’ai des problèmes de mémoire depuis l’accident.
Adieu mon rêve
Auparavant, je voulais devenir psychologue pour enfants: j’ai dû renoncer à ce rêve à cause de mes problèmes de mémoire. Une fois mon diplôme de secondaire en poche, je me suis inscrite à une formation de gardienne d’enfants, mais j’ai dû arrêter parce que je n’arrive plus à bien me concentrer. Je ne pouvais plus envisager d’études supérieures. J’ai donc suivi pendant deux ans une formation en entreprise. Je travaille actuellement à l’école secondaire où j’étudiais lorsque j’ai eu mon accident. Je suis très reconnaissante, parce que je vais pouvoir mener une vie relativement normale. Quand j’ai du temps libre, je donne un coup de main à une école maternelle dans le quartier.
Parfois je me demande ce que ma vie aurait été si cet accident n’était jamais arrivé, si j’avais été plus attentive en traversant ce quartier et si le camion avait conduit moins vite…
Trois fois la même question
Je ne peux pratiquement plus rien faire de ce que je faisais avant, ou alors, plus de la même façon. J’ai été paralysée pendant un certain temps et depuis, je ne marche plus bien. Je force sur certains muscles et sur mes articulations, ce qui me donne de l’inflammation. Avant l’accident, la danse était un de mes hobbys préférés. J’ai fait de la danse pendant plus de dix ans, mais maintenant, j’oublie les pas au bout d’une demi-heure… Quand je parle à quelqu’un, je pose souvent la même question trois fois. Les gens qui ne me connaissent pas trouvent ça bizarre car rien dans mon apparence ne laisse supposer que j’ai un problème cérébral.
Les conducteurs de demain
Ma mère et moi donnons des conférences en dernière année du secondaire: nous essayons de sensibiliser les jeunes. Ma mère parle de mon coma et de l’incertitude dans laquelle ma famille a été plongée après mon accident tandis que moi, je parle de ma vie. En les confrontant à ces faits, nous espérons qu’ils se rendent compte des implications que peut avoir leur comportement sur la route. C’est important parce que les adolescents d’aujourd’hui sont les conducteurs de demain…
Cela aurait pu être bien pire
Aujourd’hui, presque tout le monde connaît quelqu’un qui a été grièvement blessé ou qui est mort dans un accident de la route. J’ai de la chance d’avoir survécu à ce terrible accident. Les dommages physiques auraient pu être bien pires, mais cela a complètement bousillé ma vie. Pendant des années, mon avenir a été incertain. J’ai été profondément bouleversée et aujourd’hui encore, je prends des antidépresseurs. Je n’ai jamais eu de relations de longue durée. Depuis un an, j’ai heureusement un adorable petit ami, qui a la compréhension et la patience nécessaires avec moi. Mais les conséquences de mon accident se font encore sentir…”
Il ne se passe pas un jour sans que je n’y repense, même si ça s’est produit il y a 16 ans.
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