Témoignage: ““J’ai testé le blind date pour trouver l’amour””
Selon les études, il semblerait que l’on trouve le plus facilement l’amour dans son propre réseau. Pour vérifier la théorie, Caren, 27 ans et journaliste, a accepté de laisser ses proches mener la danse. Verdict après trois rendez-vous à l’aveugle.
Rendez-vous 1: le choix de mon amie Sabrina
C’est avec le cœur qui bat très fort et mes lèvres rouges que je marche vers mon premier date, celui que mon amie Sabrina a choisi pour moi. Elle m’a prévenue: “Dépêche-toi avec ce mec, à ta place, je ne laisserais pas partir! Et s’il est pris, ce n’est pas ma faute…” Elle ne m’a donc pas du tout mis la pression.
La soirée commence par un drame. À la gare, j’apprends que mon train est tout bonnement supprimé. Une nanoseconde, je me mets à penser que c’est un signe! Je vais tout bonnement annuler, rentrer chez moi et me glisser sous la couette, devant la télé! Mais je décide de prendre mon courage à deux mains. Résultat: je vais être en retard et je ne peux même pas prévenir mon date, car je n’ai ni son nom ni son numéro. Mini-crise cardiaque. Quand j’arrive enfin, j’ai perdu courage. Dehors, il fait déjà assez sombre et le quartier ne donne pas envie de s’éterniser. J’entrevois deux hommes à la sortie de la gare. L’un d’eux semble partager sa vie avec un grenier bourré de livres d’algèbre et une collection de bas de contention. L’autre a un meilleur look. Je tâte le terrain, évalue vite son style vestimentaire et son visage… et j’approuve. Après deux minutes à examiner les alentours, je m’avance vers lui de manière désinvolte et lui demande s’il attend une certaine Caren. C’est le cas, je me sens soulagée. Willem – voilà le prénom de ce jeune homme de 28 ans – a été si galant de m’attendre et de ne pas envoyer mon peu de foi en ce projet six pieds sous terre. Ce que je fais par contre, moi, avec ses plans. Monsieur veut m’emmener à un rendez-vous original autour du minigolf, mais étant donné que j’ai le muscle intercostal déchiré, me pencher risque d’être compliqué. Heureusement, il y a un tas de cafés sympas dans les environs et l’un d’eux porte le nom d’un personnage de conte de fées, il n’en fallait pas plus pour me satisfaire!
Bourreau des cœurs?
Mon date me tient la porte (12 points!). Notre discussion se déroule sans couacs, mais je remarque qu’il est nerveux. Les réactions de mon corps me font aussi ressentir que je ne suis pas vraiment à l’aise. Heureusement, l’alcool est là pour nous détendre un peu! En discutant, j’apprends que Willem travaille comme spécialiste en assistance technique dans une entreprise informatique et qu’il doit souvent se rendre à Londres pour le boulot. Ça tombe bien, car le week-end d’après, je serai à Paris pour des raisons professionnelles: je profite donc de ses conseils pour ne pas se sentir trop seul dans une ville étrangère. On ne peut pas dire que nous flirtions, mais on finit quand même par discuter de nos précédentes relations. En écoutant ses histoires, je me rends compte que nos problèmes affectifs sont similaires. Nous sommes tous les deux des généreux, nous voulons toujours trop bien faire. Nous choyons l’autre jusqu’à ce que nous n’ayons plus aucune force pour nettoyer le sang de notre petit cœur brisé. À l’intérieur de moi, je commence à me dire que nous pourrions vraiment “matcher”. Willem a vraiment tout d’un super gars avec qui je pourrais franchir le pas. Il est raisonnable, mignon et doux et je ne peux pas m’empêcher de regarder le magnifique tatouage sur son bras. On regarde les mêmes programmes télé, ce qui ne laisse présager aucune dispute pour la télécommande, un avantage non négligeable.
Le verdict
À la fin du rendez-vous, j’ose un gros câlin pour lui souhaiter une bonne nuit et je le remercie également d’avoir bien voulu participer à cette expérience. Il prenait quand même le risque d’être décrit comme un incroyable gland dans un magazine national. Deux semaines plus tard, nous nous contactons à nouveau. Malheureusement, je suis aussi rétro que la statuette de Marie qui trône sur le buffet de ma grand-mère, donc l’initiative d’un deuxième date doit venir de lui. Et il a pris les choses en main… Verdict sur ce date? La première impression était bonne. Je coche directement trois facteurs importants à mes yeux: chouette look, accent frenchie à tomber. Quant à la soirée, je suis assez fière qu’il n’y ait pas eu de blancs embarrassants durant ces deux heures de rendez-vous, que rien n’ait été forcé ou chiqué, qu’on ait pu parler et rire, et que mon date, en bon gentleman, m’ait ramenée à l’arrêt de tram en fin de soirée. Est-ce que je considère pour autant qu’il y ait un vrai potentiel de relation? Nous avons tous les deux une tendance à adopter une position de soumission dans une relation, peut-être formerions-nous une combinaison toxique? Ou alors je trouverais génial qu’il prenne soin de moi? Je donne donc à ce rendez-vous une note de… 7,5/10.
Rendez-vous n°2: le choix des collègues
Ah mes collègues, elles sont vraiment adorables et je mentirais si je disais qu’elles n’ont pas travaillé aussi dur que moi sur ce projet! Chaque jour, elles viennent me trouver en me demandant, le regard chargé d’espoir, si j’ai fait des rencontres. Puisque je sais à quel point elles ont envie que je tombe sur un mec bien, je n’ai aucun problème à leur donner toute ma confiance pour organiser ce date. Elles recrutent plusieurs candidats pour moi. La compétition entre les différents candidats est super excitante, mais très vite, nous avons un gagnant! De tous les côtés, on m’assure que je vais rencontrer l’élu (“il est tout à fait ton type!”). Via ma collègue Hélène, graphiste, qui le connaît, j’organise un rendez-vous dans un bar de musique blues. So far, so good, pensez-vous. Mais c’était sans compter cette mauvaise nouvelle qui tombe quelques jours plus tard: Monsieur est devenu “indisponible sentimentalement”. Comprenez: “Apparemment, il aurait rencontré quelqu’un…”. J’imagine déjà mon article tomber complètement à l’eau, mais visiblement, il veut quand même participer; anonymement, du coup. Et puisque tout le monde semble tellement excité par ce jeune homme, je décide de lui laisser une chance, même si ça ne mènera sans doute nulle part.
Intervieweuse interviewée
Le soir du rendez-vous, j’arrive un peu en retard (comme d’habitude). En passant la porte, j’aperçois un homme relax, en train de fumer une cigarette et en un regard, je comprends qu’il s’agit de lui (autre bon indice: il n’y a personne dans les environs). Je suis agréablement surprise et je trébuche – évidemment – alors que nous nous avançons vers notre table. Devenir complètement empotée en présence d’un beau mec: réaction tout à fait puérile que je suis bien la seule à avoir à mon âge! Flynn a 31 ans et vient de Namur. Par chance, il est aussi journaliste, ce qui nous fait un gros point commun et nous donne assez de matière pour converser! Plutôt comique: il doit un peu se contenir pour ne pas m’interviewer, une déformation professionnelle assez agréable! Certains traits de son visage me font penser à Cyril Lignac, et je suis une fervente fan des émissions culinaires. J’espère juste que Flynn mâche plus gracieusement que lui!
Trop détendue?
Dès les premiers instants du rendez-vous et jusqu’à la fin, je me sens super à l’aise. Peut-être même un peu trop, car à un moment, je lâche un: “Oh, c’est plus féminin qu’une serviette hygiénique.” Heureusement, il apprécie ma sincérité, même lorsque mon expression faciale ne peut pas dissimuler mon aversion pour une certaine célébrité, qu’il vient juste d’interviewer. Lorsque les lumières du bar s’estompent légèrement, je trépigne et commence à gigoter sur ma chaise, mais je retrouve assez vite mon calme. Flynn et moi avons le même sens de l’humour et n’avons aucune gêne à en user! Du coup, je passe probablement le date le plus hilarant de toute ma vie! En plus de ça, nous sommes sur la même longueur d’ondes en ce qui concerne le dégoût de certains mots (“kids”, “fashionistas”, bah!); une vraie connexion, quoi! Quel choix merveilleux de la part de mes collègues, qui donne raison au cliché selon lequel nos collègues sont ceux qui nous connaissent le mieux. Logique, quand on sait qu’on passe la majorité de notre temps avec eux. Flynn et moi avons encore pas mal de choses à nous dire, alors quand je rentre chez moi, on échange un message pour se dire qu’on se reverra très rapidement autour d’un verre. Étant donné qu’il est pris, le pire scénario qui ait pu arriver soit qu’il me plaise. Et c’est justement ce qui s’est produit. Bizarre, moi qui étais devenue si difficile à satisfaire… Je lui souhaite néanmoins beaucoup de succès avec sa chérie.
Le verdict
Je ne le jetterais pas hors de mon lit! Ah si seulement tous les premiers rendez-vous pouvaient être aussi spontanés! Est-ce vraiment une exception ou ai-je simplement eu de la malchance durant ces douze dernières années? Mais je peux malgré tout difficilement savoir si nous serions vraiment compatibles, ce date était significativement plus court que l’autre. Mais je suis tout à fait catégorique sur le fait que nous avons vraiment passé du bon temps ensemble! Je donne à ce rendez-vous une note de… 9/10.
Rendez-vous n°3: le choix des parents
Lorsque mon boss me suggère de demander à mes parents de me trouver un homme, j’ai comme l’impression de participer à la nouvelle saison de “Qui veut épouser ma fille?”, sauf qu’eux n’ont pas franchement envie d’y participer. Mon père traite ma demande comme il gère le ménage: la tâche retombe – comme par enchantement – sur les épaules de maman. Son monde ne déborde pas d’hommes de ma catégorie d’âge, mais le plus difficile reste que deux des candidats qu’elle a dénichés ont annulé en last minute, ils avaient décidé de se mettre en couple avec une autre en attendant de me rencontrer (je commence à déceler un fil rouge… Super, pour ma confiance en moi). Plus tard, j’apprendrai qu’un des deux abonnés absents était en réalité un pseudo-ex. Merci maman pour la situation embarrassante que tu comptais créer!
Appel à un ami
Mère Callaert décide d’appeler une amie à la rescousse, qui la conduit vers un certain Guillaume, 28 ans. Il est indépendant et travaille dans le bâtiment. Dès les présentations, je me rends compte qu’il est nerveux. C’est pas vrai, encore un homme stressé! Et c’est à ce moment-là que j’ai décidé qu’à l’avenir, je m’habillerais exclusivement de couleurs apaisantes quand je me rendrais à un premier date. L’unique chose que je puisse faire est de le mettre à l’aise vocalement, du coup j’enclenche rapidement le mode zen. La tactique semble fonctionner, puisque Guillaume se met à déballer son cœur sur la table. Sans aucune retenue, il me fait part de son passé et, ma parole!, ce gars a déjà bien vécu! Je ne m’étendrai pas ici, mais il est clair qu’il a des fêlures, et je le dis de la manière la plus tendre possible, puisque je connais ça, moi aussi. Cela me rend triste et en colère d’entendre qu’on a profité de lui, et les histoires qu’il me confie à propos de ses grands-parents décédés touchent une de mes cordes sensibles.
Guillaume de Binche
Malgré une vraie sympathie, je ne ressens aucune attraction pour lui. Et cela réside aussi dans le fait qu’il soit un carnavalier convaincu, un loisir qui lui prend absurdement beaucoup de son temps. Personnellement, je fais un rejet de tout ce qui touche de près ou de loin au folklore: avec tout le respect que j’ai pour les traditions, c’est le genre de choses qui m’échappent. La discussion se passe bien, mais j’ai l’impression, après un temps, de devoir trouver des sujets de conversation avec ce Gilles! Monsieur pourrait être aussi sexy que Brad Pitt et me donner plusieurs orgasmes à la seconde, que ça n’y changerait rien: quand on n’a pas le kick, ça ne marche pas. On aura beau y mettre du sien, si les fondations ne sont pas assez solides, ça dégringolera. Si je devais le recroiser – nous avons des amis en commun – je le saluerais certainement, mais je n’ai pas envie d’un second rendez-vous. Pas la peine de le mentionner, je ne voulais pas le blesser, sa confiance envers les femmes me semble déjà bancale. Je lui souhaite sincèrement de vivre un happy end, et le plus rapidement possible, mais ce ne sera pas à mes côtés. Si maman sait tout mieux que quiconque? Pas sûr, non!
Le verdict
Voilà un jeune homme nerveux qui ne savait pas bien à quoi s’attendre. Tout à fait compréhensible, évidemment: j’aurais aussi l’air mal en point si je me retrouvais face à moi-même. Mais, même si je ne me suis pas ennuyée et si j’ai écouté ses histoires avec intérêt, je ne pouvais pas me défaire de l’idée qu’on n’avait pas vraiment grand chose à se dire. Guillaume et moi venons de deux mondes très différents et ne partageons pas de centres d’intérêt. Ce qui ne constitue donc pas une excellente base sur laquelle bâtir une relation. Je donne à ce “date” une note de… 5/10.
Conclusion
Vous devez savoir que, face à un candidat potentiellement fait pour moi, je suis régulièrement déçue dans un délai de 150 secondes. Il est donc tout à fait étonnant que mon cercle proche ait réussi à organiser deux dates à haut potentiel. Aurais-je détourné le regard si j’avais croisé un de ces hommes dans la rue? Probablement. Aurais-je initié spontanément une discussion avec eux? Certainement pas. Aurais-je partagé un date avec eux si l’on ne m’y avait pas forcé pour cet article? Non, car mon talent pour reconnaître les chouettes mecs est nul. Est-ce que j’aurais loupé ces agréables rendez-vous? Oui. L’expérience est donc absolument probante et je pense que je vais me mettre à suivre plus solennellement les conseils de mes amis et de mes collègues. Pour mes parents par contre, c’est une autre histoire. Disons qu’après 27 ans, on n’est plus obligé de se fier à leur avis!
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