Témoignage: ““Je regrette mes tatouages””
Un tatouage, c’est pour la vie! Mais, même si Femke Verstraeten, 35 ans et mannequin, avait beau le savoir à l’avance, elle regrette aujourd’hui ceux qu’elle a fait pour rendre service à des copains.
“Un jour quand j’étais petite, je me baladais à Bruges et j’ai aperçu un punk. Il avait des tatouages et une crête de coq. J’étais fascinée. Cet homme s’exprimait rien qu’avec son corps et ses cheveux. Il était lui-même, en toute insouciance. Ce jour-là, je me suis dit que je voulais être comme lui. J’avais 18 ans lorsque je me suis fait mon premier tatouage: un tribal sur mon dos. Je l’ai fait en cachette, car dans ma famille, personne n’aimait les tatouages. Dans les années qui ont suivi, j’ai découvert qu’il existait de nombreuses autres options, bien plus jolies et j’ai finalement trouvé mon propre style.
On a qu’une vie
Au début, j’ai promis de ne pas aller trop loin, mais au fond, je savais que je n’arriverais pas à tenir ma promesse.
Mes parents étaient consternés: pour eux, je n’allais jamais trouver un travail et j’allais devenir une marginale… Je comprends leur point de vue: tous les parents souhaitent que leurs enfants réussissent dans la vie. Mais je me suis obstinée, en me disant qu’on avait qu’une vie et que je voulais vivre la mienne comme je l’entendais. Ironie du sort: ma maman s’y est mise aussi! Elle a fait son premier tatouage à l’âge de 60 ans. Aujourd’hui, elle aime mes tattoos et elle voit bien que j’ai trouvé ma voie dans ce monde.
Tomboy
Je n’ai jamais su ce que je voulais faire. Je devais continuer à étudier, car mes parents trouvaient ça important d’avoir un diplôme, mais je détestais les études. J’ai essayé d’étudier le secrétariat, mais plutôt que d’aller à l’école, j’allais voir des concerts à Amsterdam. C’est ainsi que j’ai commencé à traîner pas mal avec des groupes de rock. Je vivais au jour le jour, c’était l’aventure. Puis un jour, j’ai été repérée par une agence de mannequin. Un de mes amis photographes m’avait pris en photo et le résultat était plutôt pas mal. C’était étonnant pour moi qui étais un vrai garçon manqué, qui n’avais jamais mis de maquillage et qui portais d’épaisses lunettes.
De l’ambition
C’est à partir de là que les choses ont commencé à changer. J’ai commencé à faire des shootings, à me rendre à des conventions du tatouage… On me demandait de présenter les miens.
Aujourd’hui, je parcours le monde grâce à mes tatouages. Sans eux, je serais sans doute devenue vendeuse dans une boutique de vêtements.
Je n’avais aucune ambition à l’époque. Aujourd’hui, j’en déborde: je veux apprendre à cracher du feu, à être DJ, à parler plusieurs langues pour pouvoir me présenter à l’étranger… Mes tatouages m’ont donné un but dans la vie. Ils ont été mon salut.
Mon journal intime
Pendant longtemps, je n’ai fait des tatouages que sur des parties de mon corps que je pouvais cacher: mon dos, mon ventre, mes jambes… Chaque tatouage a une signification pour moi, chacun se rapporte à une partie de ma vie.
Je considère mon corps comme une sorte de journal intime. Je me tatoue pour moi-même, je préfère éviter que les gens me regardent.
Au début, j’avais vraiment du mal quand je voyais des gens réagir à la vue de mes tatouages. Lorsque j’allais à Walibi, j’avais parfois l’impression d’être l’attraction! Maintenant, je suis immunisée contre cela. Mais je ne suis pas impulsive. Je réfléchis avant de me faire tatouer: je cherche vraiment le bon design, le bon tatoueur. Parfois, je vais même à l’étranger juste pour un tatoueur que j’aime. Mes tatouages m’ont déjà coûté le prix d’une très belle voiture (rires).
Un parapluie
Pourtant, je regrette certains de mes tatouages. Pendant une période, j’ai fait pas mal de tatouages sans vraiment réfléchir, parce que c’était gratuit, parce que je voulais rendre service à un copain ou encore parce que j’adorais le travail d’un tatoueur. Sauf qu’il s’est parfois avéré que le dessin donnait vachement moins bien sur ma peau que sur le papier… C’est le cas du tatouage sur ma jambe, qui représente une carte avec une croix pour signaler un trésor. Un autre tatoueur m’a aussi tatoué un tout petit parapluie, beaucoup trop profondément sous la peau. Résultat? On peut le sentir au toucher, un peu comme du braille… c’est horrible!
Mauvais choix
Ce tatouage a beau ne faire que 4 centimètres sur 4, je ne vois que ça quand je regarde ma cheville. Et finalement, il y a aussi ma ‘barbe’… Je me suis fait tatouer un œil sur le bas de mon menton. Le tatoueur m’avait demandé si je voulais une ombre… Je m’étais dis ‘pourquoi pas?!’. Grossière erreur… On dirait que j’ai une barbe quand je suis de profil. Je sais maintenant que je dois toujours m’en tenir à mon plan de base et ne faire que des tatouages qui ont des significations pour moi.”
Un avocat tatoué
J’arrive doucement à ma limite: mes mains et mon dos sont remplis… il n’y a que mon visage qui ne l’est pas et je n’y toucherai pas. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes se font directement tatouer le visage ou les mains, car c’est à la mode. Et malheureusement, de nombreux tatoueurs participent à ce désastre, juste pour gagner de l’argent. Que faire si vous voulez devenir agent de police ou avocat? Ces carrières sont quasiment inenvisageables si vos tatouages sont apparents. Je connais des avocats qui ont des tatouages partout sur le corps, mais qui se sont assurés que leurs tatouages s’arrêtent sous le col de leur chemise et aux deux tiers de leur bras, afin de toujours pouvoir les dissimuler.
Un conseil? Attendez de savoir ce que vous voulez vraiment faire de votre vie avant d’aller trop loin. N’hypothéquez pas votre avenir.
Trop d’artistes
J’ai déjà vu beaucoup de personnes effacer leurs tatouages au laser, mais ça laisse de vraies cicatrices. C’est pourquoi j’ai attendu longtemps avant d’y avoir recours. J’ai opté pour une technique au laser un peu plus onéreuse, avec un vrai spécialiste en la matière. Ça fait mal et ça coûte cher, mais le résultat est bien plus joli. Il y a encore tellement de styles de tatouage que j’ai envie d’essayer. Mais la grande toile qu’est mon corps n’est pas extensible! En ce moment, je pense à effacer un gros morceau de tatouage sur ma jambe, pour pouvoir en refaire de nouveaux. Mais je dois encore y réfléchir, car le laser fait vraiment mal. C’est comme si on vous frappait avec 30 petits fouets, autant de fois par seconde.”
Texte: Kaatje De Coninck et Justine Rossius. Photo: Tim De Backer
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