Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…

À COEUR OUVERT: « Je suis né dans le mauvais corps »

Ot, 28 ans, est né dans le mauvais corps. Iel a subi une opération de chirurgie esthétique pour se rapprocher un peu plus de sa propre personnalité.

« Il y a 28 ans, je suis biologiquement née femme, mais je sais depuis l’enfance que mon corps ne reflète pas ce que je ressens à l’intérieur. Enfant et adolescente, il m’était impossible d’exprimer ce sentiment. Je n’ai pas grandi dans un environnement familial des plus sûrs et, de plus, je n’arrivais pas à mettre des mots sur ce que je ­ressentais parce que je n’avais tout simplement pas les connaissances nécessaires pour le faire à l’époque. J’ai donc gardé tout ça pour moi.

Lire aussi : TÉMOIGNAGE: malgré sa muco, Louise a pu réaliser ses rêves et devenir mère

Tomboy

Dès mon plus jeune âge, j’ai compris que je n’étais pas une fille comme les autres. À 6 ans, je voulais jouer au football, mais j’ai dû me battre pour être autorisée à ­pratiquer ce sport. Lorsque les garçons jouaient torse nu, je ­voulais faire de même, mais on me disait toujours que ce n’était pas possible parce que j’étais une fille, mais pour moi, ce n’était pas le cas. On me disait aussi ­régulièrement, sous forme de reproche, que je ressemblais à un garçon. Et le fait que j’aime les filles n’a pas non plus été très apprécié par mes proches. Pendant des années, j’ai été ­victime de harcèlement. On crevait les pneus de mon vélo, on me disait que je n’avais pas d’amis et même que je ne méritais pas de vivre. Bref, j’étais très malheureuse. À 15 ans, il y a eu une ­période où je préférais ne plus sortir du tout. Je restais enfermée chez moi avec l’impression de ne pas pouvoir être moi-même, ni dans mon corps, ni dans mon identité sexuelle. Me sentant de plus en plus mal et incapable de me sortir du gouffre, j’ai été hospitalisée. Ce fut un soulagement, car pour la première fois, j’ai pu dire ­honnêtement ce que je ressentais vraiment. Mais le puzzle ne s’est assemblé qu’il y a 5 ans, lorsque j’ai réalisé que j’étais non-binaire.

C’est avec mes seins que j’avais le plus de mal. Quand je me voyais dans le miroir, je me sentais mal à l’aise.

Opération de sauvetage

Ma poitrine était la partie de mon corps qui me posait le plus de problèmes. Chaque fois que je me voyais dans un miroir, je me sentais très mal à l’aise. C’était difficile de mettre des mots sur ces sentiments. Cela a été une ­véritable quête. J’ai changé de prénom et je me suis ­finalement inscrit auprès de l’équipe multidisciplinaire d’un hôpital. C’est là, après une longue période d’attente, que j’ai reçu le feu vert pour une intervention chirurgicale. L’été dernier, on m’a enlevé les seins. Depuis que j’ai une nouvelle poitrine, un monde s’est ouvert à moi et mon corps me ressemble enfin.

Le corps et l’esprit

Les gens évoluent tout au long de leur vie et, à mon avis, cela n’est jamais ‘fini’ à 100 %, mais pour la première fois, j’ai l’impression d’avoir fait un pas de plus vers mon vrai moi. En fait, je suis convaincu que je n’ai ­jamais été aussi proche de moi-même qu’aujourd’hui et c’est un ­sentiment de bonheur. Je suis heureux de savoir que je n’aurai plus jamais à porter de soutien-gorge et que je me sentirai enfin bien dans les vêtements que je peux porter aujourd’hui. Ce genre de choses me fait ­encore plus réaliser que c’était le seul bon choix pour moi. Il m’est ­difficile de répondre à la question de savoir ­pourquoi il est si important de pouvoir être soi-même. Être qui l’on est n’est pas seulement important pour la santé physique, mais bien plus encore pour le bien-être mental. Lorsque vous n’êtes pas en mesure de montrer qui vous êtes ­vraiment, vous vous sentez automatiquement ­malheureux. Je suis convaincu que la recherche du ­bonheur commence dans un corps où l’on se sent bien et où l’on se sent soi-même. J’espère donc que tout le monde aura cette chance. »

Texte : Marijke Clabots et Amandine de Harlez

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires