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TÉMOIGNAGE: ““Partir à l’étranger m’a permis de guérir de mes traumatismes””

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Depuis le 15 mars 2023, Lisa vit en Australie. Ce voyage qui a commencé comme une fuite s’est transformé en processus de guérison qui, pour elle, fait à nouveau briller le soleil, au sens propre comme au sens figuré.

« Au cours des 31 années que j’ai passé sur cette planète, j’ai vécu plusieurs déboires. Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours promenée avec une ombre d’insécurité à mes côtés. C’est le cas depuis l’école primaire et ça a commencé quand j’ai dû doubler une classe. Même quand j’ai doublé, la plupart de mes camarades de classe étaient plus forts que moi. Tout ça a impacté ma confiance en moi et mon estime de soi. J’ai toujours eu l’impression d’être différente et, surtout, pas à la hauteur.

Les choses ont empiré lorsque, quelques années plus tard, on m’a décelée un TDA (trouble déficitaire de l’attention, ndlr). Au lieu de me voir les aspects positifs, je me concentrais exclusivement sur les aspects négatifs et sur ce que je pouvais faire moins bien. Cela m’a amenée à devenir une personne qui veut contenter tout le monde en quête constante d’approbation de tout et de tout le monde.

Le même schéma s’est déroulé dans ma dernière relation, qui s’est terminée de manière inattendue il y a 2 étés. Du jour au lendemain, j’ai été jetée comme un déchet par ma petite amie de l’époque, avec qui j’étais en couple depuis 5 ans. Le jour où nous sommes allées chez Ikea pour choisir ensemble un nouveau lit est aussi celui où je me suis retrouvée seule – 2 heures plus tard – dans la maison où nous vivions ensemble. Mon ex-copine a franchi la porte et ne s’est jamais retournée. J’ai eu le cœur brisé.

Cette rupture fut si intense. J’ai encore reçu une autre gifle lorsqu’il s’est avéré qu’elle m’avait trompée et que notre groupe d’amis commun s’est effondré. Ce fut la goutte d’eau de trop. Moins d’un an auparavant, après 31 ans de mariage, mes parents s’étaient séparés. Ma mère était émotionnellement dévastée, au point qu’elle comptait sur moi et que notre relation a pris une forme différente, tandis que je me débattais avec la réalité d’une famille disloquée. Lorsque mes parents se sont remis ensemble au bout de 8 mois, ils ont décidé de prendre un tout nouveau départ dans un environnement inconnu, faisant soudainement disparaître mon foyer familier.

Mes parents sont plus heureux que jamais, mais tous ces changements ont été des événements traumatisants sur lesquels je n’avais pas le moindre contrôle et qui se sont succédé beaucoup trop rapidement. J’avais de plus en plus l’impression de me noyer. Il y avaient tous les ingrédients pour créer une véritable tempête.

Un aller simple

Dans le tsunami de mon chagrin, j’ai essayé de garder la tête hors de l’eau. Mais on ne peut pas continuer à réparer un barrage endommagé. En à peine 2 mois, j’ai perdu 10 kilos et pleurer était à peu près la seule chose que je faisais toute la journée. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Je me sentais plus seule que jamais et j’étais tellement au fond du trou que j’en arrivais même à vouloir ne pas me réveiller.

Et comme cette pensée a persisté trop longtemps, j’ai cherché de l’aide.

Quand le psychologue m’a demandé, lors de la première séance, ce qui me rendait heureuse, ça m’a frappée. J’étais tellement loin de moi-même que je ne pouvais pas répondre à cette question. Je n’en avais aucune idée.

J’ai ressenti un vide et j’ai dû agir de façon radicale pour me retrouver. C’est pourquoi je me suis envolée pour l’Australie le 15 mars 2023. J’ai envisagé cette aventure comme un simple vol, mais le jour où je suis partie à l’autre bout du monde, mon voyage de guérison a commencé.

Comme j’allais être seule pour la première fois de ma vie, j’appréhendais les sentiments qui allaient rejaillir. Mais plus je passe du temps ici, plus tous les mauvais événements du passé trouvent leur place. Je suis sur la bonne voie, même si je lutte encore parfois. Ce n’est pas illogique, car les traumatismes peuvent être subis rapidement, mais y faire face est une autre affaire. Cela fait maintenant presqu’un an que je suis en Australie et tout ce que je peux dire, c’est que c’est le voyage de guérison dont j’ai besoin pour enfin me débarrasser des traumatismes qui me hantent.

Terre d’espérance

Je remarque que je ne suis pas la seule à essayer de guérir de cette manière et à cet endroit, car je rencontre sur mon chemin de nombreuses personnes qui, comme moi, sont parties en voyage à cause de ce qui s’est passé dans leur vie. Et il s’avère que cela fonctionne aussi. Voilà pourquoi je recommanderais un tel voyage de guérison à toute personne aux prises avec un traumatisme. Il est bon de s’éloigner de temps en temps de son environnement familier et de regarder les choses avec du recul, afin de les mettre en perspective. Je suis convaincue que c’est le chemin vers un bonheur intense.

J’étais moi-même fatiguée de survivre au lieu de vivre. Je n’avais aucune envie de continuer à vivre de la même manière pendant encore 10 ans. Je me suis lancée parce que j’avais envie d’accélérer le processus. Il est tellement important de surmonter ses traumatismes, de faire briller à nouveau le soleil dans sa tête. On ne peut pas vivre avec les bagages que l’on porte sur soi. On s’attire des ennuis et on agit probablement très souvent à partir de son traumatisme. Personne ne sait combien de temps durera mon parcours de guérison. Je me sens beaucoup mieux, mais je me donnerai tout le temps dont j’ai besoin, car c’est aussi cela l’amour de soi. »

Texte: Marijke Clabots & Emilie Van de Poel

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